Le CNRS à Vivatech 2024 : du laboratoire à l'usine

Innovation

Plus grand salon européen dédié aux start-up et à l’innovation, Vivatech aura lieu du 22 au 25 mai au parc des expositions de la porte de Versailles à Paris. Le CNRS y sera présent pour la cinquième année consécutive mettant au centre de l’attention des scientifiques issus de laboratoires qui innovent.  

Pour cette cinquième participation à VivaTech, le CNRS a décidé de mettre à l’honneur dix start-up à fort potentiel développant des technologies de rupture dans des domaines de recherche qui répondent plus que jamais à des défis sociétaux et technologiques d’aujourd’hui et de demain. « Participer à Vivatech est une formidable occasion pour le CNRS de rappeler son rôle clé en matière d’innovation, et d’illustrer concrètement que la recherche fondamentale est à la base d’innovations de rupture dans des domaines très variés, utiles à la société » déclare Jean-Luc Moullet, directeur général délégué à l’innovation du CNRS. Des experts et partenaires de l’organisme et des représentants de start-up issues de laboratoires sous tutelle du CNRS participeront à cette nouvelle édition pour échanger avec le public et présenter des nouvelles technologies autour des quatre thématiques de cette édition 2024 : la santé, le développement durable, le spatial et la révolution numérique.

Découvrir les acteurs du new space sur le stand du CNRS

Le domaine du spatial sera mis à l’honneur sur le stand du CNRS. On y retrouvera par exemple Aldoria qui utilise un réseau breveté de télescopes pour surveiller le voisinage de satellites en orbite. Cette solution permet d’éviter les collisions et d’augmenter la durée de vie des biens dans l’espace. Mais aussi Ion-X, fondée en 2021, qui développe une technologie de moteurs ioniques originaux. Leur moteur HALO-100X est ainsi adapté pour les manœuvres en orbite de satellites pesant entre 10 et 150 kilos.

ION-X repose sur les résultats de Jacques Gierak, ingénieur de recherche CNRS au C2N1  et expert mondialement reconnu en faisceaux d’ions focalisés. « À partir de travaux très exploratoires de Jacques Gierak soutenus par le CNES, une technologie prometteuse a émergé, explique Jean-Marc Schmittbiel, chargé d’affaires chez CNRS Innovation. Nous en avons tiré trois brevets et un dossier technique secret, puis financé un démonstrateur avec l’aide d’Airbus Defense & Space. »

« Je suis cofondateur et conseiller scientifique d’ION-X, mais mon rôle n’est pas celui d’un opérateur industriel, souligne Jacques Gierak. Il faut agréger des compétences et des relations autour des inventeurs pour arriver à des innovations qui intéressent l’industrie. Le CNRS m’a apporté la stabilité en me permettant d’explorer des thématiques de propulsion spatiale, alors que cette activité n’existait pas dans mon laboratoire, se réjouit-il. Ils ont pris le risque de me soutenir et nous voilà à présent avec un propulseur dont les performances ont été multipliées par dix. »

La recherche académique à la base d’innovations en santé

Un constat partagé par une autre startup du stand CNRS : HEPHAISTOS-Pharma. Fondée en 2018, elle valorise une molécule, baptisée ONCO-Boost, pour le traitement de tous types de cancers, dont ceux qui ne répondent pas aux traitements actuels comme notamment les tumeurs froides. Ces dernières ne sont pas infiltrées par le système immunitaire, dont les cellules n’arrivent alors pas à les pénétrer pour les attaquer. La tumeur est alors incurable et risque de se développer et de générer des métastases. ONCO-Boost est également formulé de manière à être injecté par simple intraveineuse, permettant de traiter tumeurs et métastases quelle que soit leur localisation.

Les essais précliniques ont donné des résultats impressionnants sur des cancers difficiles, comme les ostéosarcomes, et les cancers du côlon. « La recherche académique est vraiment à la base de tout ce que nous avons développé », insiste Martine Caroff, co-fondatrice et directrice scientifique de HEPHAISTOS-Pharma. Cette retraitée du CNRS a en effet dirigé pendant plus de trente ans une équipe de recherche sur les endotoxines, ce qui lui a permis d’acquérir le savoir-faire pour développer la molécule à l’origine d’ONCO-Boost à partir de membranes bactériennes. Il a ensuite fallu modifier la molécule et la formuler pour une injection intraveineuse chez l’homme. « Lors de mes dernières années de carrière, le CNRS m’a laissé consacrer 20 % de mon temps de travail à l’innovation, se souvient Martine Caroff. J’ai ainsi pu candidater à de nombreux concours d’innovation pour mettre nos projets en avant et trouver des financements. Plus récemment, des concours nationaux et européens nous ont aidés pour les essais précliniques, qui sont toujours très coûteux. »

Illustrer l’innovation : du robot agricole à l’IA générative

 Sur le stand du CNRS, on retrouvera également des start-up comme Lactips, Mecaware et Naïo Technologies. Lactips développe un matériau thermoplastique à base de protéines, totalement biodégradable et soluble dans l’eau. Il pourrait par exemple servir à des emballages en papier ou à des étiquettes hydrosolubles. Lactips est basé sur des travaux issus du laboratoire IMP2 .

À partir de travaux cette fois-ci menés à l’ICBMS3 , Mecaware extrait des matériaux critiques de rebuts de production et de batteries en fin de vie. Leur système quadruplement breveté permet d’en extraire les métaux en circuit fermé à bas coût économique et écologique. Enfin, Naïo Technologies développe des robots agricoles et viticoles. Grâce à leur autonomie augmentée, ils n’ont pas besoin d’être surveillés pour désherber ou récolter. Ensemble, ces startup complètent les quatre grandes thématiques du CNRS pour Vivatech, qui sont la santé, la révolution numérique, le spatial et le développement durable.

La présence du CNRS au salon Vivatech 2024 ne se limitera pas à la présentation de ces start-up innovantes. Dix tables rondes auront également lieu sur le stand du CNRS, avec des thèmes autour de l’IA, qui est la thématique centrale de cette édition de Vivatech, mais aussi la défense ou encore des logiciels libres, faisant notamment intervenir des chercheurs du CNRS. Christophe Cerisara, chargé de recherche CNRS au LORIA4 , participera par exemple à « IA générative et innovation : un combo forcément gagnant ? ». Ce spécialiste du traitement de la parole et du langage naturel à l’aide de l’IA décortique les Grands modèles de langage (LLM), dont ChatGPT est l’exemple le plus connu, afin de comprendre comment ils parviennent à mémoriser des faits pour donner d’aussi bons résultats.

« Les LLM sont devenus des objets de recherche à part entière, affirme Christophe Cerisara. Si les entreprises sont plus agiles et rapides pour mettre des ingénieurs sur un sujet, c’est la recherche publique qui pourra ouvrir la boîte noire des LLM pour en poser les fondements théoriques. Les deux approches sont complémentaires et nécessaires. » Une conception de l’innovation qui résonnera parfaitement dans les allées du parc des expositions de la porte de Versailles de Paris.

 

Voir le programme de Vivatech 2024

  • 1Centre de nanosciences et de nanotechnologies (C2N, CNRS/Université Paris Saclay).
  • 2Ingénierie des matériaux polymères (CNRS/INSA Lyon/Univ. Claude Bernard/Univ. Jean Monnet).
  • 3Institut de chimie et biochimie moléculaires et supramoléculaires (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1).
  • 4Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications (CNRS/Univ. Lorraine).