Clémence ROYER publie en 1862, la première traduction française de l'Origine des espèces de Charles Darwin. Comment a-t-elle eu l'ouvrage entre les mains ? Le 19 novembre, à la Maison des Sciences de l'Homme de Tours, Geneviève FRAISSE, chercheure CNRS, présentera cette femme du 19ème siècle à la fois romancière, économiste, traductrice et membre de la société d'anthropologie de Paris.
Clémence Royer publie en 1862, la première traduction française de l'Origine des espèces de Charles Darwin. Comment a-t-elle eu l'ouvrage entre les mains ? Elle ne le dit pas. Gageons qu'elle suivait l'actualité scientifique de près. Ce n'est pas un mince exploit pour une femme du XIXè siècle.
Traductrice de Darwin, mais aussi économiste (elle gagne un concours avec un mémoire prônant l'impôt sur le revenu), romancière (son roman Les Jumeaux d'Hellas est mis à l'index par Rome), membre de la Société d'anthropologie de Paris, auteure de nombreux livres et articles scientifiques, littéraires, politiques, philosophiques, Clémence Royer mérite la définition donnée par le Larousse de "philosophe et femme de sciences".
Elle ne craint pas de développer les thèses de Darwin à sa manière. Ainsi pense-t-elle, dans la préface de sa première traduction, "dire tout haut ce que Darwin pensait tout bas", à savoir que la théorie de l'évolution est une critique de la religion révélée, et que cette théorie s'applique par déduction à l'espèce humaine, ainsi aux sociétés contemporaines. Alors elle ose traduire "sélection" par "élection", introduisant ainsi, avec d'autres, ce qu'on appellera le darwinisme social...