Le "Moyen Âge flamboyant" voit confluer divers courants narratifs. Loin de la transcendance de la matière arthurienne, certains récits en prose ou en vers semblent par leur charme un peu mièvre, ne mettrent en scène qu'un "petit bonheur romanesque", ébauchant ainsi le "roman populaire" (M. Zink). D'autres fictions, tentées par la réflexion historique ou didactique, affichent leur intérêt pour le témoignage, le jugement et la divulgation de la connaissance. C'est également l'époque où s'imposent des fictions dynastiques écrites à la gloire d'une famille ou d'une cité, comme l'attestent les exemples illustres du roman de Mélusine en prose de Jean d'Arras, offert au duc de Berry mais écrites à la gloire des célèbres Lusignan, et celui que Coudrette rédige,en vers, pour les seigneurs de Parthenay et de Mathefelon. La souche de ces familles, poitevines en l'occurrence, ne peut être banalement historique et leur gloire suppose l'invention d'un être surnaturel, une femme dont l'extraordinaire beauté et le prodigieux dévouement ne peuvent cacher longtemps l'extraordinaire origine. L'écriture de la Merveille conduit ainsi à des interrogations positives et épistémologiques "profondes" : politiques (affirmations dynastiques), métaphysiques (question des prodiges, des miracles, de la cohérence du plan divin, rapports avec les thèses augustiniennes et aristotéliciennes des causes et des effets, etc), culturelles (fonction du merveilleux dans les modes de pensée qui l'utilisent, donc rapport au monstrueux, au féérique (burlesque, etc) et esthétiques (réécriture et détournement de motifs médiévaux, choix de modes d'expression scripturaux, passage du manuscrit aux éditions imprimées, contextes historiques, etc).