"À une époque où l'ARN messager (ARNm) revient en force sur le devant de la scène avec les vaccins à ARNm (protection contre la Covid-19, essais cliniques prometteurs dans le traitement de certains cancers), à une époque où le prix Nobel de Médecine ou Physiologie 2023 vient d’être décerné à des pionniers de l’ARNm, les Drs Philippe Lenormand, Roser Buscà et Cercina Onesto, chercheurs dans l'équipe du Dr Gilles Pagès à l’Institut de Recherche sur le Cancer et le Vieillissement de Nice (IRCAN), hébergés au sein du Centre Antoine Lacassagne, ont découvert que l'ARNm est au centre d’un nouveau mécanisme fondamental permettant une production augmentée et de meilleure qualité de toute une famille de protéines humaines. Ce mécanisme est d’autant plus important pour les protéines impliquées dans des pathologies, notamment le cancer. En effet, les scientifiques ont initialement identifié ce mécanisme pour les protéines de signalisation ERK1/2, kinase effectrice de la voie de signalisation Ras-Raf-ERK, qui jouent un rôle crucial dans le développement tumoral entre autres. Ils se sont ensuite rendu compte que 10 % des protéines humaines étaient concernées par leur découverte. Ils ont montré pour la première fois, que les protéines de cette famille présentent toutes un motif très particulier à une extrémité de leur séquence, motif qu'ils ont appelé NTAR (pour N-Terminal Alanine-Rich). Ce motif NTAR favorise le fonctionnement optimal de la machinerie cellulaire fabriquant une protéine à partir de son ARNm, (processus appelé traduction), en favorisant le choix du codon AUG d’initiation cette traduction. Il permet ainsi d’augmenter la production de protéines de qualité donc pleinement fonctionnelles. Ce mécanisme vient éclairer un aspect complexe des toutes premières étapes de l’initiation du mécanisme de traduction protéique, étapes qui n'avaient plus été explorées depuis la fin des années 80. Ces travaux, qualifiés de percée scientifique par la prestigieuse revue scientifique Nucleic Acids Research, y ont été publiés en Aout 2023. Ils aideront à la compréhension de pathologies impliquant des protéines NTAR et pourraient s'avérer utiles dans le domaine des thérapies par ARNm comme les vaccins."