En donnant une profondeur à l'histoire de la vie sur la terre, en montrant comment se sont succédés les êtres vivants, comment leurs formes et leurs fonctions ont changé, le discours évolutionniste a replacé l'homme au sein de cette grande dynamique. Même si on peut raisonnablement supposer que l'émergence d'une forme d'intelligence résulte presque sûrement de processus évolutifs, son apparence physique est purement fortuite et ne résulte que d'une suite de hasards : hasards dans la production de la nécessaire diversité du vivant, hasards des aléas environnementaux qui vont conditionner les processus de sélection. Si dans le discours évolutionniste, les seconds ont été pris en compte avec beaucoup de soin, en revanche les premiers ont été en grande part ignorés.
De fait, la théorie de Darwin a eu un impact considérable sur de nombreux plans, en particulier scientifique, éducatif, philosophique, religieux, voire politique. Elle et ses conséquences n'ont pas toujours été intégrées facilement. Sur le plan scientifique il a fallu du temps pour en considérer les diverses facettes, par exemple les fondements génétiques et, jusqu'à aujourd'hui, pour les mécanismes producteurs du hasard nécessaire à la diversification. Par ailleurs, la théorie de l'évolution a été un temps utilisée pour construire des analogies et des théories sociales douteuses.
Être vivant parmi les autres, il n'en demeure pas moins qu'être pensant et se pensant, l'homme, qu'il soit scientifique ou non, doit assumer la responsabilité de mieux comprendre le monde biologique dont il est un des éléments et de trouver les moyens de vivre en bonne intelligence avec ses semblables et les autres être vivants de la planète, une responsabilité qu'on pourrait qualifier de « symbiotique».