Le CNRS renforce ses liens scientifiques avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande

Du 3 au 7 novembre 2024, Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, s’est rendu en Australie et en Nouvelle-Zélande pour consolider des collaborations scientifiques de longue date et inaugurer deux nouveaux laboratoires internationaux de recherche. 

Le déplacement d’Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, en Australie (Canberra et Melbourne) et, pour la première fois, en Nouvelle-Zélande (Wellington) du 3 au 7 novembre 2024, est une nouvelle étape dans le renforcement des collaborations scientifiques entre le CNRS et ces deux pays. En rencontrant chercheurs, représentants gouvernementaux - tels que Judith Collins, Ministre de la Recherche, des Sciences et de l'Innovation de Nouvelle-Zélande et universitaires, le CNRS a consolidé son rôle de leader dans les coopérations internationales, tout en explorant de nouvelles opportunités dans des domaines stratégiques.

Australie : un écosystème de recherche dynamique et attractif

Les relations scientifiques entre la France et l’Australie, initiées il y a plus de 30 ans, n’ont cessé de croître, indique Thierry Corrège, directeur du Bureau du CNRS à Melbourne, un partenariat stratégique alors que l’Australie a su s’imposer dans la compétition scientifique internationale. « Les universités australiennes, bien qu’autonomes et peu subventionnées par l’État, investissent massivement dans la recherche en attirant les meilleurs talents du monde entier », explique Thierry Corrège. L’Australie se distingue dans de nombreux secteurs tels que la santé, le changement climatique, la transition énergétique et les technologies quantiques.

Un exemple marquant est le Medical Precinct de l’Université de Melbourne, un pôle unique au monde où chercheurs, cliniciens et patients travaillent côte à côte. « Très peu d’endroit de ce type existe : on y retrouve des chercheurs du plus haut niveau mondial travaillant directement avec des hôpitaux », souligne Thierry Corrège. C’est dans ce lieu que le CNRS inaugurait son nouveau laboratoire de recherche international (IRL) PHANTOM. « PHANTOM est une première dans notre partenariat avec le CNRS. Ce laboratoire offre une opportunité unique de rassembler nos expertises grâce à la colocalisation physique des équipes sur notre campus », souligne Duncan Maskell, vice-chancelier de l’Université de Melbourne. Le laboratoire vise à accélérer les découvertes en oncologie en s’appuyant sur des technologies de pointe pour étudier la plasticité des cellules tumorales. « Cet IRL permettra également de renforcer les liens avec des partenaires industriels pour maximiser l’impact clinique des recherches », ajoute le vice-chancelier.

Avec plus de 60 % de ses publications réalisées en collaboration internationale, l’Université de Melbourne illustre bien l’excellence et l’ouverture de la recherche australienne. « Nos équipes cherchent activement à collaborer et à apprendre des meilleurs scientifiques à travers le monde », déclare Duncan Maskell. Le CNRS est l’un des partenaires européens principaux de l’université, avec des projets qui touchent à des disciplines aussi variées que la physique, la biodiversité, la santé et les sciences sociales.

Enfin le programme conjoint de thèses CNRS-Melbourne Network – renouvelé à l’occasion de la mission - incarne d’ailleurs cette coopération. Depuis son lancement en 2019, il a soutenu 40 doctorants dans des équipes interdisciplinaires. « Ce programme est l’un des outils les plus réussis pour former une nouvelle génération de chercheurs globaux, capables de travailler efficacement au-delà des frontières », affirme Duncan Maskell. Chaque doctorant bénéficie d’une double supervision et d’une expérience immersive dans deux environnements de recherche complémentaires. « Les liens qu’ils construisent avec le CNRS et Melbourne marqueront les étapes futures de leur carrière », conclut-il.

En plus de l’IRL PHANTOM, le déplacement d’Antoine Petit en Australie était également l’occasion d’inaugurer un deuxième IRL, renforçant l’ancrage du CNRS en Australie. À Canberra, l’IRL FAMSI, dédié aux mathématiques fondamentales, associe le CNRS et l’Australian National University (ANU). Ce laboratoire s’appuie sur des collaborations de longue date et explore des thématiques comme l’algèbre, la géométrie ou encore la linguistique mathématique. « L’ouverture de FAMSI témoigne d’une reconnaissance mutuelle de nos forces en mathématiques et d’une volonté commune d’avancer sur des sujets fondamentaux qui structurent la discipline », explique Thierry Corrège.

Nouvelle-Zélande : un partenaire stratégique et ambitieux 

Le déplacement d’Antoine Petit marque une première pour le CNRS en Nouvelle-Zélande, qui, depuis son association au pilier II du programme cadre pour la recherche et l’innovation de l’Union européenne, Horizon Europe en 2023, se positionne comme un acteur dynamique dans la recherche européenne. Ce partenariat a déjà donné des résultats concrets : 15 projets lauréats sur 58 déposés, soit un taux de succès de 26 %, supérieur à la moyenne européenne.

Parmi ces projets, 6 impliquent directement la France, soulignant la place centrale des collaborations franco-néo-zélandaises dans ce cadre. En parallèle, la Nouvelle-Zélande continue de participer activement au pilier I d’Horizon Europeavec 13 projets Marie Curie depuis le début du programme. Ce double engagement dans les piliers de l’excellence scientifique et des collaborations thématiques renforce son positionnement en tant que partenaire clé.

Parmi les priorités stratégiques identifiées, la recherche en Antarctique, la photonique et l’adaptation des agroécosystèmes au changement climatique occupent une place centrale. L’International research project1  (IRP) AGRI4ADAPT, porté par des partenaires français et néo-zélandais, explore des solutions pour rendre les systèmes agricoles plus résilients face aux défis climatiques. « L’objectif est de transformer cet IRP en un IRL, un dispositif qui permettrait de structurer davantage la coopération entre nos deux pays pour répondre efficacement à des enjeux globaux », ajoute Anne Rouault, attachée scientifique à l’ambassade de France en Nouvelle-Zélande

En dépit de ces succès, des défis persistent. Les chercheurs néo-zélandais doivent encore renforcer leurs capacités de coordination de projets, notamment pour les appels Horizon Europe. « Un des objectifs premiers des chercheurs néo-zélandais est d’identifier les partenaires européens pertinents avec lesquels monter des projets. Le CNRS est le premier partenaire scientifique français de la Nouvelle-Zélande en volume de copublications, il suscite donc un intérêt naturel de la part des chercheurs néo-zélandais », explique Anne Rouault, pour autant elle souligne que les outils CNRS de structuration à l’international sont encore peu connus et sous-utilisés en Nouvelle-Zélande. « Un temps de structuration des coopérations s’avère être est un levier puissant. A cet égard, les deux IRP actuels du CNRS en Nouvelle-Zélande, et leur possible évolution en IRL, sont une illustration de ce qui peut être construit dans la durée », ajoute-elle. Parmi les pistes de coopérations scientifiques à approfondir entre la France et la Nouvelle Zélande : l’océan, les géosciences, l’IA ou encore le quantique. 

Les dispositifs du CNRS, tels que les IRL, IRP ou encore les actions émergentes2  (IEA), jouent un rôle clé dans le développement de ces partenariats. Pour Duncan Maskell, « le large éventail d’outils collaboratifs mis en place entre le CNRS et Melbourne offre une voie naturelle pour que des recherches transdisciplinaires émergent et s’épanouissent, aidant ainsi à relever les grands défis mondiaux. »

  • 1Ces projets de recherche collaborative, entre un ou plusieurs laboratoires du CNRS et des laboratoires d’un ou deux pays étrangers, consolident des collaborations déjà établies.
  • 2 des missions de courte durée, l’organisation de réunions de travail, l’initiation de premiers travaux de recherche en commun autour d’un projet scientifique partagé.