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La survie des ovocytes et leurs interactions avec les cellules somatiques au sein des follicules ovariens conditionnent la fertilité et l’activité endocrine de l’ovaire. L’étude d’un nouveau modèle murin d’insuffisance ovarienne prématurée apporte un nouvel éclairage sur ces deux aspects encore mal connus de la physiologie ovarienne. Publiée dans Cell Death and Differentiation, cette étude identifie le rôle clé du gène Omcg1 dans le maintien de l’intégrité du génome de l’ovocyte. Elle montre aussi qu’un remodelage du tissu ovarien après la perte ovocytaire permet, de façon étonnante, d’assurer une activité endocrine cyclique et ceci en absence de toute croissance folliculaire.
L’équipe de Christophe Grangeasse du laboratoire Bases moléculaires et structurales des systèmes infectieux, en collaboration avec trois autres équipes, anglaise, américaine et allemande, met en évidence la diversité des mécanismes de la division cellulaire chez les bactéries en révélant un processus complétement inédit de positionnement de la machinerie de division au centre de la cellule. Ces travaux publiés dans la revue Nature ouvrent la voie à de nouvelles approches dans la lutte contre les infections bactériennes.
Une équipe internationale démontre que le facteur de transcription Wilms' tumor suppressor 1 (WT1), caractérisé initialement comme un suppresseur de tumeur, est un facteur majeur de la néovascularisation et de la progression tumorale. WT1 active la transcription de gènes pro-angiogéniques dans les néo-vaisseaux intra tumoraux et est nécessaire pour la fonction immunosuppressive des cellules myéloïdes au sein du stroma tumoral. Cette étude publiée dans la revue Nature Communications fait de WT1 une cible thérapeutique pertinente pour de nouvelles stratégies anti-cancéreuses.
La protéine SLX4 est un suppresseur de tumeur qui était considéré comme une simple plate-forme de recrutement de nombreuses enzymes requises pour la réparation de l’ADN et la stabilité du génome. L’équipe de Pierre-Henri Gaillard au Centre de recherche en cancérologie de Marseille, en collaboration avec les équipes de Filippo Rosselli et Patricia Kannouche au laboratoire Stabilité génétique et oncogenèse, révèle une nouvelle fonction de SLX4 dans le contrôle de la sumoylation, une modification post-traductionnelle des protéines. Concrètement, le complexe SLX4 agit en modulant la réponse au "stress réplicatif" qui perturbe la duplication de l’ADN. Ces travaux sont publiés dans la revue Molecular Cell.
Le système immunitaire joue un rôle non seulement dans la défense vis-à-vis des pathogènes mais aussi dans l’élimination des cellules tumorales. Alice Carrier et ses collègues du Centre de recherche en cancérologie de Marseille révèlent une nouvelle fonction de la sérine protéase spécifique du thymus (TSSP) en démontrant qu’elle diminue l’incidence de cancers par le biais de son effet sur la maturation des globules blancs appelés cellules T CD4. Ces travaux publiés dans la revue Cell Reports mettent en lumière l’implication d’une enzyme régulatrice du système immunitaire dans la prévention du cancer et ouvrent de nouvelles perspectives de traitement par immunothérapie.
Les gouttelettes d’eau dans les nuages permettraient d'atténuer les effets de la pollution atmosphérique car leur surface agirait comme une source additionnelle de radicaux hydroxyles, des espèces hautement oxydantes qui jouent le rôle de "détergent" de l’atmosphère. C’est la principale conclusion de simulations numériques menées conjointement par des chimistes de l’Institut Jean Barriol et des chercheurs espagnols et américains. Ce travail suggère que les nuages pourraient contribuer à la capacité oxydative globale de la troposphère, une partie de l'atmosphère terrestre située entre la surface du globe et une altitude d'environ 8 à 18 kilomètres. Ces résultats sont parus dans la revue PNAS.
Le dioxyde de carbone (CO2), puissant gaz à effet de serre, est une molécule particulièrement stable. Ce déchet issu de l’utilisation des énergies fossiles peut cependant constituer une source de carbone afin de produire des composés d’intérêt pour l’industrie comme le monoxyde de carbone (CO), voire des carburants comme le méthanol. Cette transformation nécessite un catalyseur et une source d’énergie. Une équipe de chercheurs a utilisé un catalyseur à base de fer et une source d’énergie inépuisable (la lumière solaire visible) pour réaliser la réduction photochimique du CO2 en CO. Par l’adjonction d’un composé organique très peu coûteux, les chercheurs ont montré que cette réduction était sélective en CO. Ces travaux sont publiés dans le Journal of the American Chemical Society.
La zéolithe faujasite joue un rôle majeur en catalyse, notamment en craquage et hydrocraquage de pétroles lourds en carburants. Actuellement, les nanocristaux de faujasite sont obtenus à l’aide d’un agent structurant organique non respectueux de l'environnement, non recyclable et coûteux. Les chercheurs du Laboratoire catalyse et spectrochimie viennent de mettre au point une nouvelle approche pour la conception rationnelle de ces nanocristaux, en l’absence d’agent structurant organique. Ces résultats sont publiés dans la revue Nature Materials.
Les poissons osseux, dotés d’un squelette ossifié, sont aujourd’hui extrêmement diversifiés. Ce groupe comprend plus de 30 000 espèces : brochet, thon, anguille, hippocampe… Il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, il y a 300 millions d’années, les océans étaient dominés par un autre groupe : les poissons pourvus d’un squelette cartilagineux, comme les requins et les raies. Ceux-ci ne représentent désormais plus que 1 100 espèces. Pourquoi et quand ont-ils décliné au profit de leurs cousins osseux ? Une étude de grande envergure menée par une équipe internationale comprenant le laboratoire Biogéosciences vient d’apporter une réponse précise à cette question. Les détails sont publiés en ligne dans la revue Biological Reviews.
Jusqu’ici les chercheurs pensaient que la pollution de l’air par des activités humaines dans l’hémisphère Sud datait seulement de la période post-industrielle, soit il y a moins d’un siècle. Or une équipe du Laboratoire d’écologie fonctionnelle et environnement, dirigée par François de Vleeschouwer, vient de mettre en évidence qu’en Amérique du Sud, la pollution atmosphérique remonte au moins au temps des Incas, qui ont exploité le cuivre et l’argent dans le sous-sol des Andes jusqu’au début du 16e siècle. Les chercheurs sont parvenus à cette conclusion en étudiant la chimie des métaux dans une tourbière au Chili. Les détails sont publiés dans la revue PlosOne de fin octobre.
Le bar (Dicentrarchus labrax), issu de la pêche ou de la pisciculture, est l’un des poissons les plus consommés en France. Jusqu’ici les biologistes savaient que cette "espèce" était constituée de deux populations : le "bar" vivant dans l’Atlantique nord-est et le "loup" de Méditerranée. Un consortium international vient de démontrer que cette double dénomination reflète également une dualité génomique. Le bar et loup ne constituent pas une seule et même espèce mais pas non plus deux espèces entièrement différentes. Publié le 23 décembre dans la revue Nature Communications, ce résultat est crucial pour la recherche fondamentale sur les mécanismes de formation des espèces. Il est aussi très important pour les programmes de domestication et d’amélioration génétique du bar/loup.
La reproduction sexuée est l'apanage de l’ensemble des êtres vivants eucaryotes, à l'image d'Emiliania huxleyi, une algue unicellulaire présente dans la plupart des océans du globe. Par l'analyse génétique de 185 souches d'Emiliana provenant de différents écosystèmes marins planctoniques, une équipe internationale a montré que des formes sexuées de l'espèce étaient essentiellement présentes dans des milieux marins compétitifs et variables. En haute mer, où l’environnement est beaucoup plus stable et dilué, les populations semblent en revanche avoir perdu la sexualité de manière irréversible suite à des changements génomiques majeurs. Ces travaux ont été publiés le 2 décembre dans The ISME Journal.
Les changements globaux que connaît actuellement notre planète affectent tous les biomes. Ils induisent de nombreux impacts à tous les niveaux d’organisation, des organismes aux écosystèmes, notamment dans la composition des communautés végétales. Plus il y a d'espèces, plus la productivité des écosystèmes est stable dans le temps. Si cette hypothèse dite "d'assurance écologique" a été vérifiée expérimentalement pour des prairies, elle est plus difficile à tester pour des forêts avec des arbres aux longévités centenaires. Une équipe internationale a réalisé près de 150 000 simulations basées sur des paramètres réels de forêts européennes. Ces expériences ont confirmé l'effet positif de la diversité des communautés d’arbres sur la stabilité des écosystèmes forestiers. Ces travaux ont été publiés le 12 septembre 2014 sur le site d'Ecology Letters.
Une analyse linguistique suggère que des groupes de singes d'une même espèce, situés dans des régions géographiques distinctes, utilisent un même cri avec des "sens" différents. Cette analyse, publiée dans la revue Linguistics & Philosophy, montre que les cris de ces singes ont une structure et un sens plus complexes qu'il n'est habituellement supposé.
À quoi ressemble une variété algébrique complexe au voisinage d’un point singulier ? C’est la question centrale de la théorie des singularités, à la croisée de la géométrie algébrique et de la géométrie des variétés.
Des physiciens ont observé la forme et la dynamique des modes de vibration d’un gaz d’atomes froids confiné dans un piège harmonique. Pour cela, ils ont analysé une série d’images du gaz par une méthode statistique initialement développée pour la biophysique. Ce travail est publié dans la revue New Journal of Physics.
Des physiciens viennent de montrer que dans un feuillet de graphène polycristallin, la différence d’orientation entre les réseaux cristallins de deux domaines voisins détermine de manière cruciale la géométrie et les propriétés électriques de leurs frontières. Ce travail est publié dans la revue Nano Letters.
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