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Les deux hémisphères, gauche et droit, du cerveau humain présentent de fortes asymétries aussi bien anatomiques que fonctionnelles. Des chercheurs de l’Institut des maladies neurodégénératives ont caractérisé les asymétries d’aire et d’épaisseur du manteau cortical grâce à une méthode originale d’analyse en surface d’images IRM. Ils mettent ainsi en évidence des régions où ces asymétries sont concordantes et corrélées entre elles. Cette étude est publiée dans la revue Neuropsychologia.
Le cancer de la surrénale est un des cancers les plus agressifs et pour lequel il n’existe pas de traitement efficace. L’équipe de Pierre Val, au laboratoire Génétique, reproduction et développement, identifie une nouvelle altération impliquée dans la progression de ce cancer qui touche la protéine EZH2. Le ciblage de ce facteur par des molécules pharmacologiques permet de bloquer la multiplication des cellules cancéreuses et d’induire leur mort. Cette étude est publiée dans la revue Human Molecular Genetics.
Les ARN messagers des eucaryotes se terminent par une succession de plusieurs dizaines d’adénosines, communément appelée queue poly(A). Un raccourcissement de cette queue poly(A) est classiquement associé à une inhibition de la traduction de l’ARNm et à sa déstabilisation. En utilisant la plante modèle Arabidopsis thaliana, des chercheurs de l’Institut de biologie moléculaire des plantes révèlent un mécanisme de réparation des queues poly(A) par l’ajout d’uridines. Ces travaux, publiés dans la revue Cell Reports, ouvrent une nouvelle voie de recherche dans la compréhension des processus régulant la traduction, la dégradation ou le stockage d’ARNm.
Les génomes des bactéries sont généralement composés d’un chromosome unique et d’un ou plusieurs éléments extra-chromosomiques tels que les plasmides. L’initiation de la réplication du chromosome bactérien doit être rigoureusement contrôlée afin que la duplication du chromosome ait lieu une fois par cycle cellulaire. La bactérie pathogène responsable des épidémies de choléra, Vibrio cholerae, a la singularité de posséder deux chromosomes. Les équipes de Didier Mazel et de Romain Koszul à l’Institut Pasteur, en collaboration avec Ole Skovgaard à l’Université de Roskilde (Danemark), dévoilent un contrôle original et économique au plan énergétique, le Replication Checkpoint, permettant de coordonner la réplication des deux chromosomes avec le cycle cellulaire de V. cholerae. Ces travaux sont publiés dans la revue Science Advances.
L’entrée en division des cellules est contrôlée par un jeu de protéines kinases et de protéines phosphatases. L’activation de la protéine kinase Greatwall est requise pour l’entrée en division, et son inactivation pour la sortie de la mitose. L’équipe d’Anna Castro et Thierry Lorca, au Centre de recherche en biologie cellulaire de Montpellier, dévoile le mécanisme en deux étapes, inconnu jusqu’à présent, qui conduit à l’inactivation complète de Greatwall. Cette étude est publiée dans la revue Journal of Cell Science.
Contrôler l’encapsulation et le relargage de molécules dans une structure hôte constitue un enjeu majeur dans des domaines allant de la dépollution à la vectorisation de médicaments. Ce contrôle peut s’effectuer à l’aide d’un stimulus externe comme une irradiation, ou de l’addition d’autres molécules. Dans ce contexte, les chercheurs ont exploré une nouvelle voie visant à moduler les propriétés d’encapsulation d’une cage auto-assemblée riche en électrons via un contrôle électrochimique. Ces résultats font l’objet d’une publication dans la revue Angew. Chem.
Les nouveaux matériaux dits intelligents sont des matériaux multifonctionnels capables de se transformer sous l’effet d’excitations et de s’adapter à leur environnement. Leur préparation reste un défi, désormais relevé par des chimistes et des physiciens qui viennent de synthétiser un gel supramoléculaire photoluminescent, en mesure de s’auto-réparer et capable de libérer son solvant par simple contraction. Ces travaux sont parus dans la revue Angew. Chem. Int. Ed.
Les plaquettes sanguines sont des cellules indispensables à la coagulation du sang. L’augmentation croissante des besoins en plaquettes encourage les chercheurs à envisager des sources complémentaires au don du sang. Une équipe associant physico-chimistes, biologistes et la start-up PlatOD a développé un dispositif microfluidique qui produit en quelques heures une grande quantité de plaquettes sanguines. Leur secret ? Une forêt de micropiliers qui fragmentent de très grosses cellules appelées mégacaryocytes en plaquettes. Son fonctionnement, beaucoup plus efficace que tous les dispositifs à l’étude aujourd’hui, est décrit dans la revue Scientific Reports.
Observer les océans à travers les yeux des oiseaux marins pour mieux gérer et protéger leurs écosystèmes à la fois menacés et méconnus : c’est cette approche novatrice, soutenue par la Fondation de France, que propose une collaboration internationale. Les scientifiques ont équipé les fous de Bassan nichant dans la réserve nationale naturelle des Sept-Îles (Côtes d’Armor) de systèmes de géolocalisation et de mini-caméras afin d’étudier leurs déplacements ainsi que leur comportement et leurs interactions avec les activités humaines en mer. Dans un article publié dans la revue Marine Policy, les auteurs présentent comment leurs méthodes pourraient être généralisées à l’ensemble des écosystèmes marins et contribuer à une meilleure efficacité des politiques de gestion et de conservation du milieu marin.
La vaste plaine herbeuse qui s'étend du nord de la Colombie au sud du Venezuela abrite un paysage étonnant constitué d'une succession de monticules de terre. Ces formations d'une grande régularité, que les habitants de la région nomment surales, étaient jusqu'ici attribuées à l'action de l'érosion. Une étude approfondie de ces écosystèmes, menée par une équipe internationale parmi laquelle figurent des chercheurs du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive, montre pour la première fois qu'il n'en est rien. Leurs travaux publiés dans PLoS One révèlent que ces monticules résultent, dans les sites étudiés, de l'intense activité d'une espèce de ver de terre.
Les erreurs de programmation sont omniprésentes avec parfois de graves conséquences. Les méthodes de vérification des programmes sont coûteuses en temps et en expertise, c’est pourquoi seules les industries peuvent généralement les appliquer. Le projet ERC Mopsa d’Antoine Miné vise à simplifier cette démarche en élargissant les méthodes d’analyse statique par interprétation abstraite et en les intégrant dans une plate-forme open-source pour que tout développeur puisse vérifier son programme.
Faire bouger des objets et outils quotidiens comme notre bureau, notre téléphone ou notre tablette pour qu’ils s’adaptent à nos besoins : deux projets en interaction homme-machine envisagent cette possibilité afin que ces outils nous servent, et non plus que nous nous adaptions à eux.
Bien qu’elle intrigue toujours les chercheurs, l’instabilité de Rayleigh-Taylor peut s’observer dans une simple cuisine. Lorsqu’un fluide est déposé au-dessus d’un autre fluide moins dense, ils s’interpénètrent sous la forme de doigts jusqu’à échanger leur place. Une équipe du laboratoire Navier et du Schlumberger Riboud Product Center (SRPC) s’est penchée sur de telles interactions, mais entre un solide et un fluide, et a découvert une nouvelle instabilité. Ces travaux ont été publiés dans Physical Review Letters.
Comprendre les écoulements dans le noyau des planètes telluriques : c’est l’objectif de Michael Le Bars, chercheur à l’Institut de recherche sur les phénomènes hors équilibre et lauréat de la médaille de bronze du CNRS en 2012. Son projet FLUDYCO figure parmi les 302 projets lauréats de l’appel ERC Consolidator Grants 2015 du Conseil européen de la recherche, qui récompense chaque année des chercheurs d'excellence ayant entre sept à douze ans d'expérience après leur thèse.
Lauréat de la médaille de bronze 2016, Simon Riche s'intéresse en particulier à la théorie géométrique des représentations : pour résoudre ces problèmes de théorie, il est souvent utile de les « traduire » en des problèmes de géométrie, puis d'utiliser les méthodes de la géométrie pour résoudre ces nouveaux problèmes. Simon Riche apporte des éléments de compréhension importants sur une conjecture énoncée par Lusztig en 1980 et concernant les caractères des représentations simples des groupes algébriques réductifs. Les caractères sont une donnée « combinatoire » qui caractérise entièrement la représentation. Dans un cadre général comme celui considéré par Simon Riche et ses collaborateurs, c'est ce qu'on peut espérer décrire de plus « explicite » concernant les représentations en question. Dans une série de travaux parus en 2016 et effectués en collaboration avec Geordie Williamson et Pramod Achar, il propose, et démontre dans des cas importants de nouvelles formules pour ces caractères.
Le Cern lance son "Portail des données ouvertes" (Open Data Portal), où des données issues de véritables collisions produites par le LHC seront mises à la disposition de tous. Les premières données en libre accès proviennent de l'expérience CMS avec des logiciels libres (open source) permettant leur lecture et leur analyse. La collaboration CMS s'engage à publier ses données trois ans après leur collecte. En parallèle, le portail offre un accès à des ensembles de données complémentaires des collaborations Alice, Atlas et LHCb spécialement préparés à des fins pédagogiques.
Le Grand collisionneur d'hadrons (LHC) du Cern a été remis en service après sa pause hivernale. Accélérateurs et expériences ont fait l'objet de réglages au moyen de faisceaux de faible intensité et de collisions de protons pilotes. Pour la 2e année consécutive le LHC fonctionnera à une énergie de collision de 13 TeV. Cette montée en énergie ouvre une fenêtre sur un paysage inexploré. La quantité de données enregistrées en 2016 permettra d'étudier plus en détail cette frontière inconnue et, éventuellement, de trouver les indices d'une nouvelle physique au-delà du Modèle standard.
Noema a vécu la mise en service de la 8e antenne début avril et dès le 19 avril 2016 les toutes premières franges ont été détectées sur l’ensemble des lignes de base. Le projet Noema de l’Institut de radioastronomie millimétrique continue son développement en respectant un calendrier ambitieux pour la construction, la mise en service et l’intégration des antennes à venir. Les mesures holographiques ont confirmé l’excellent préréglage des panneaux réflecteurs par ajustement au laser, avec une précision de 40 µm rms. Ce résultat permet d'intégrer immédiatement l'antenne à l'interféromètre avec une sensibilité optimale.
Dans la soirée du 25 avril 2016, une fusée Soyouz lancée depuis Kourou a placé le satellite Microscope en orbite circulaire héliosynchrone à une altitude de 700 km. L’objectif de cette mission est de tester la validité du principe d’équivalence ou de l’universalité de la chute libre. Cette universalité, qui s’interprète dans la conception newtonienne comme l’équivalence entre la masse inertielle et la masse grave d’un corps, a été vérifiée expérimentalement de façon de plus en plus précise depuis les travaux pionniers de Galilée puis Newton. Elle constitue un des piliers de la théorie de la gravitation d’Einstein, la relativité générale, mais peut-être violée dans un certain nombre de théories plus larges qui tentent d’unifier la gravitation avec les autres interactions connues de la nature. Un des enjeux de la mission Microscope est donc de tester si ces théories sont avérées.
Après avoir établi un critère thermodynamique objectif permettant de distinguer deux grandes saisons en l’Europe de l’Ouest, une saison d’été et une saison d’hiver, deux chercheurs issus du laboratoire Climat, environnement, couplages et incertitudes et du Centre national de recherches météorologiques ont analysé les caractéristiques du cycle de ces deux saisons en utilisant à la fois des observations remontant au début du XXe siècle et un ensemble de simulations climatiques. Ils ont ainsi pu montrer que l’été commence aujourd’hui environ 10 jours plus tôt que dans les années 1960 et ont pu attribuer cette tendance, qui est comparable à celles de marqueurs phénologiques, aux émissions de gaz à effet de serre et d’aérosols liées aux activités humaines. Ils prévoient que le début d’été sera encore plus précoce d’environ 7 jours à la fin du XXIe siècle si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent à leur rythme actuel. La disparition plus précoce de la neige en Europe de l’Est en fin d'hiver explique en partie cette arrivée plus précoce de l'été sur l’Europe de l’Ouest.
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