Nouvelles publications scientifiques, créations de laboratoires, annonces de prix... Avec "En direct des labos", retrouvez toutes les deux semaines des informations issues des instituts du CNRS et complémentaires des communiqués de presse.
Le bevacizumab est un anticorps thérapeutique prescrit dans de nombreux cancers. Des chercheurs du laboratoire Génétique, immunothérapie, chimie et cancer, en collaboration avec huit CHU et centres de lutte contre le cancer, montrent que ses concentrations sanguines influencent la survie de patients traités pour cancer colorectal et que leur variabilité est en partie expliquée par l’activité de la maladie. Une simple mesure des concentrations de bévacizumab en début de traitement pourrait donc permettre de personnaliser les doses administrées. Cette étude est publiée dans la revue Clinical Pharmacokinetics.
L’équipe de Nathalie Mandairon au Centre de recherche en neurosciences de Lyon, révèle que les odeurs activent des réseaux de neurones différents selon qu’elles sont plaisantes ou déplaisantes, fournissant ainsi au cerveau l’information qui sert à guider le comportement d’approche ou de retrait vis-à-vis de ces odeurs. Ce code hédonique est présent dans une région olfactive primaire du cerveau, en amont des aires corticales qui traitent l’information cognitive de haut niveau, suggérant que la valeur hédonique est, au moins en partie, prédéterminée par la structure de la molécule odorante, avant d’être modulée par l’expérience et la culture. Cette étude est publiée dans la revue Nature Neuroscience.
La dégénérescence maculaire liée à l'âge représente une population de plus d'un million de patients en France. Ces patients se plaignent majoritairement d'une difficulté à reconnaître correctement les mots qui composent un texte. Pour tenter d'améliorer les capacités de lecture de ces patients, des chercheurs du Laboratoire de psychologie cognitive ont développé Eido, une nouvelle police de caractère spécialement destinée aux patients malvoyants. Ces travaux sont publiés dans la revue PloS One.
Des chercheurs révèlent la présence d’un nouveau canal calcique localisé dans l’enveloppe nucléaire des cellules racinaires des légumineuses, et responsable de la génération des oscillations calciques nucléaires indispensables à l’établissement des symbioses rhizobiennes et mycorhiziennes. Cette étude, publiée dans la revue Science, ouvre la voie à de nouvelles stratégies de production des plantes réduisant l’impact des engrais sur l’environnement.
Une horloge moléculaire, active dans les cellules souches neurales au cours du développement de la drosophile, détermine quelles cellules filles pourraient donner naissance à des tumeurs cancéreuses en cas de dédifférenciation. C’est l’un des résultats des travaux de l’équipe de Cédric Maurange à l’Institut de biologie du développement de Marseille. Les chercheurs ont de plus identifié un réseau de gènes dont la perturbation pendant le développement confère des propriétés prolifératives illimitées. Ces travaux publiés dans la revue eLife, ouvrent la voie à une compréhension des mécanismes de l’agressivité des tumeurs cérébrales pédiatriques précoces.
Une collaboration internationale identifie des altérations du gène calpain-1 chez cinq patients atteints d'ataxie progressive et issus de quatre familles affectées par l’ataxie cérébelleuse. L'étude d'un modèle murin met en évidence le rôle de la protéine calpaine-1 dans l’ataxie et démontre son activité neuroprotectrice et son rôle clé dans le développement du cerveau et de la plasticité synaptique. Cette étude ouvre de nouvelles pistes thérapeutiques pour le traitement des maladies neurodégénératives. Les résultats sont publiés dans la revue Cell Reports.
Pour optimiser la croissance des végétaux dans l’optique de rendre l’agriculture plus durable, il est nécessaire de connaître au mieux le métabolisme des plantes cultivées. Bien que la Résonance magnétique nucléaire (RMN) ne soit pas la technique la plus sensible, les chercheurs l’utilisent car elle est non-destructive et apporte des informations uniques en terme de résolution atomique sur les métabolites comme les sucres, acides aminés et acides gras qui composent les extraits végétaux. Des équipes de chercheurs sont parvenues à réduire le seuil de détection des métabolites d’extraits végétaux et à obtenir des spectres bien mieux résolus en mettant au point de nouvelles techniques de quantification par RMN. Ces travaux sont parus dans la revue Chemical Communications.
Production et piégeage d'atomes et de molécules froides intéressent de près des domaines tels que la spectroscopie de très haute résolution, la mesure des constantes physiques universelles ou encore le développement de l'ordinateur quantique. Si la méthode de refroidissement « gaz tampon » marche bien pour la translation et la rotation moléculaire, cela semblait moins vrai pour les mouvements internes ou vibrationnels. Cependant, des chercheurs de l'Institut des sciences moléculaires et du laboratoire Modélisation et simulation multi-échelle ont confirmé via un modèle théorique, l'efficacité de la méthode pour les collisions entre un gaz d'atomes ultra froid et la molécule BaCI+. Toute une classe de molécules cationiques ultrafroides pourrait ainsi être obtenue selon ce modèle. Ces travaux ont été publiés dans Nature Communication.
Comment les cellules perçoivent-elles leur environnement ou encore comment les stimuli physico-chimiques orientent-ils les processus de différenciation ? Des questions importantes en biologie cellulaire et pour le développement de nouvelles stratégies en médecine régénératrice. Des chercheurs de l'Institut Albert Bonniot et du Laboratoire des matériaux et du génie physique sont parvenus à décrypter les étapes initiales des interactions entre une cellule et sa matrice extracellulaire. Ce sont ces interactions qui enclenchent un signal qui va guider la cellule pour qu'elle devienne une cellule osseuse. Les résultats, parus dans la revue The Journal of Cell Biology devraient permettre d'optimiser les biomatériaux pour l'ingénierie des tissus osseux.
Les systèmes initiateurs redox de réactions de polymérisation combinent généralement un agent réducteur métallique et une source d'amorçage radicalaire formée par réduction d'un composé organique. Les exemples où le monomère est lui-même un des composants de la paire redox sont rares et font appel à des complexes supramoléculaires de métaux alcalins instables et dangereux à manipuler. Des chercheurs de l'Institut de chimie radicalaire ont montré que des donneurs d'électrons organiques (DEO), source d'électrons alternative aux réducteurs métalliques, sont de très bons initiateurs de réactions de polymérisation. Ces résultats, parus dans la revue Angewandte Chemie International Edition, permettent d'envisager de nouvelles méthodologies de synthèse économiques et plus respectueuses de l'environnement.
Lorsque des anthropologues exhument un fossile de primates, ils peuvent d’ordinaire compter sur les dents de l’individu pour connaître son âge et les grandes étapes de sa vie. Seulement voilà, chez Homo sapiens – communément appelé Homme moderne –, les choses ne seraient pas si simples. Fernando Ramirez Rozzi du laboratoire Anthropologie moléculaire et imagerie de synthèse vient en effet de démontrer que si le cycle de vie reste stable au sein de notre espèce, il n’en est pas de même pour la croissance des dents. Une plasticité, unique chez les primates, qui pourrait d’ailleurs expliquer les grandes capacités adaptatives de notre espèce. Ces résultats, publiés dans la revue Scientific Reports, ont été obtenus grâce au suivi d’une population de Pygmées Baka vivant au Cameroun.
Si l’impact des polluants sur la faune sauvage des grandes agglomérations est désormais mieux documenté, c’est encore loin d’être le cas pour celle des villes moyennes et des zones peu urbanisées. Une étude menée chez le merle noir apporte de précieux éléments à ce sujet. En mesurant les concentrations de métaux lourds chez des merles noirs provenant de secteurs plus ou moins urbanisés, les scientifiques ont constaté que les oiseaux des villes d’importance moyenne étaient contaminés par ces polluants. Cette contamination est, en outre, associée à des taux de corticostérone (une hormone dont la concentration varie en fonction du stress) sensiblement plus élevés que chez les oiseaux des zones rurales. Leurs travaux publiés dans Science of the Total Environment suggèrent qu’une contamination modérée aux métaux lourds pourrait avoir des conséquences néfastes sur la physiologie de cette espèce.
Le 26 avril 1986, l’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosait et projetait dans l’environnement près de 12 milliards de milliards de becquerels. Afin de connaître les effets à long terme de cette pollution radioactive sur le milieu, des chercheurs de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) de Cadarache, en collaboration avec des chercheurs CNRS du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive et du Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement, ainsi que des chercheurs du Laboratoire international de radioécologie d’Ukraine, se sont intéressés à la décomposition de la litière de feuilles à proximité de la centrale. Ils ont alors pu mettre en évidence, de façon totalement inattendue, une augmentation du taux de décomposition des litières avec la radioactivité. Leurs résultats ont été publiés dans Science of the Total Environment.
L’une des trois catégories du prix Irène Joliot-Curie, Femme scientifique de l’année, récompense une femme ayant apporté une contribution remarquable dans le domaine de la recherche publique ou privée et dont les travaux sont reconnus, tant au plan national qu’international. Cette année, ce prix est décerné à Françoise Briquel-Chatonnet, directrice de recherche CNRS, directrice adjointe au laboratoire Orient et Méditerranée, responsable de l’équipe Mondes sémitiques. Cette historienne dirige la mission épigraphique franco-syrienne sur les inscriptions syriaques et est aussi co-responsable du catalogage des manuscrits syriaques du patriarcat syro-catholique à Charfet au Liban.
La mise au point d'un nouveau processus expérimental microfluidique a nécessité des modèles de simulation développés par l'Institut des systèmes intelligents et de robotique. En effet, si les paramètres de l’expérience et les résultats sont connus, les processus à l’œuvre dans les interactions entre biomolécules sont encore mal compris. La création de modèles optimisés était donc nécessaire pour approcher la compréhension de ces processus chimiques.
Combien de logiciels différents utilisez-vous par jour ? Pourquoi est-ce si compliqué de gérer du texte, des chiffres et des images dans un même document ? Les interfaces informatiques ne répondent plus aux besoins actuels. L’objectif de l’ERC Advanced Grant ONE de Michel Beaudouin-Lafon est de repenser fondamentalement les principes de base et le modèle conceptuel des systèmes interactifs pour permettre aux utilisateurs de s’approprier leur environnement numérique. En définissant des principes fondamentaux de l’interaction, ONE a pour but d’unifier une grande variété de styles d’interfaces et de créer des environnements interactifs plus ouverts et flexibles.
Aussi nocifs que fragiles, certains polluants atmosphériques restent difficiles à détecter et étudier. Afin de mesurer en temps réel ces molécules récalcitrantes, le Laboratoire réactions et génie des procédés s’est doté d’un spectromètre de masse unique au monde qui les ionise par laser. Des travaux publiés dans la revue Energy and Fuels prouvent l’efficacité de l’appareil pour analyser les goudrons émis durant la pyrolyse de la biomasse. Cet appareil est également utilisé pour d’autres applications comme l’étude de la formation des polluants lors de la combustion des carburants.
La kinésithérapie respiratoire est une discipline empirique, et on connaît très mal les effets réels que les pressions appliquées sur le thorax ont sur les sécrétions pulmonaires. Benjamin Mauroy et Mongkolsery Lin, au laboratoire Laboratoire Jean-Alexandre Dieudonné à Nice, travaillent en collaboration avec un biophysicien, un médecin, un anesthésiste et des kinésithérapeutes sur la modélisation mathématique des phénomènes biophysiques et le calcul scientifique, qui constituent des outils performants pour étudier ces systèmes complexes.
Des physiciens ont découvert un nouveau processus augmentant la réponse à un flash laser d’un matériau photo-commutable par l’intermédiaire d’effets coopératifs élastiques.
Les nouveaux matériaux dits « intelligents » sont des matériaux multifonctionnels capables de se transformer sous l’effet d’excitations et de s’adapter à leur environnement. Leur préparation reste un défi, relevé par des chimistes de l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires et des physiciens de l’Institut de physique et chimie des matériaux de Strasbourg. Ils viennent de synthétiser un gel supramoléculaire photoluminescent, en mesure de s’auto-réparer et capable de libérer son solvant par simple contraction. Ces travaux sont parus dans la revue Angew. Chem. Int. Ed.
La Société française de physique (SFP) a annoncé les résultats du prix Paul Langevin 2015 dont la thématique portait sur la "physique des hautes énergies, physique nucléaire, astroparticules, cosmologie, astrophysique". Le jury a estimé que cette année, non pas un mais deux candidats étaient à tout point de vue excellents et de plus complémentaires : Ubirajara Van Kolck de l'Institut de physique nucléaire et François Gélis de l'Institut de physique théorique.
Yves Sirois est directeur de recherche CNRS au Laboratoire Leprince-Ringuet et responsable pour la France de l’expérience CMS auprès du LHC. Il fait partie des récipiendaires 2016 de l’Ordre national du Québec, au grade de chevalier. Cette distinction récompense la carrière d’un chercheur passionné qui a joué un rôle prépondérant dans la découverte du boson de Higgs en 2012. Fondé en 1984, l’Ordre national du Québec est la plus prestigieuse reconnaissance décernée par l’État québécois.
La collaboration Cherenkov Telescope Array Observatory (CTA) vient de décider d'installer son siège à Bologne en Italie et son centre de gestion de données scientifiques à Zeuthen en Allemagne. Il s'agit d'un pas important vers la concrétisation de ce projet international qui vise à étudier les phénomènes violents de l'Univers. Les 120 télescopes du réseau CTA – installés au Chili et en Espagne – produiront environ 100 pétaoctets (soit un million de gigaoctets) de données. Le projet mobilise plus de 1 000 chercheurs et ingénieurs de 32 pays. En France, le CNRS et le CEA sont membres de la collaboration.
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