Nouvelles publications scientifiques, créations de laboratoires, annonces de prix... Avec "En direct des labos", retrouvez toutes les deux semaines des informations issues des instituts du CNRS et complémentaires des communiqués de presse.
Des chercheurs du laboratoire Information génomique et structurale, en collaboration avec le Laboratoire de biologie à grande échelle, ont caractérisé un nouveau virus géant d’amibe, Noumeavirus, dont le mode de réplication original remet en cause la dichotomie traditionnelle entre les virus « nucléaires » et les virus « cytoplasmiques ». Cette étude a été publiée le 21 avril 2017 dans la revue Nature Communications.
La vie dépend de la photosynthèse, utilisant l’énergie solaire pour convertir le CO2 en matière organique. Les capteurs solaires sont des membranes photosynthétiques formant des sacs aplatis et empilés en si grand nombre que leur surface globale est de l’ordre de 1 à 3 fois celle d’un stade de rugby pour 1 mètre carré de feuilles. Un mystère a élucider est la construction de ces membranes et leur empilement. Le rôle des protéines était connu mais celui des lipides ne l’était pas. Au sein d’une collaboration internationale, des chercheurs du Laboratoire de physiologie cellulaire végétale et de l’Institut Laue Langevin révèlent le rôle essentiel des sucres portés par les lipides dans la force cohésive entre membranes adjacentes. Cette étude a été publiée le 3 avril 2017 dans la revue Nature Communications.
Le métabolisme des cellules cancéreuses diffère fortement de celui des cellules saines. En particulier, les premières consomment avidement un acide aminé, la glutamine. Pour assouvir ce besoin, certaines tumeurs s’alimentent de manière agressive en internalisant et digérant des protéines extracellulaires. Une équipe du Centre universitaire des Saints-Pères montre, en collaboration avec des chercheurs de l’Université de Namur (Belgique), que la protéine intracellulaire SNAT7 est essentielle à ce régime « carnivore » caractéristique de certains cancers. Cette étude a été publiée le 17 avril 2017 dans la revue PNAS.
Des chercheurs de l’Institut Gustave Roussy lèvent le voile sur ce mystère. Ils démontrent comment un taux infime de Tat, une protéine produite par le virus HIV et circulant dans le sang de patients porteurs du virus mais parfaitement équilibrés du point de vue immunologique, provoque néanmoins un changement d’organisation globale des chromosomes dans le noyau de leurs lymphocytes B normaux. Dès lors, le risque est fortement accru que surviennent dans ces cellules des cassures de l’ADN. La réparation inappropriée de ces cassures peut aboutir à la formation d’une translocation chromosomique qui, en juxtaposant l’oncogène MYC à des gènes d’immunoglobulines, provoque le développement d’un lymphome particulier, le lymphome de Burkitt. Cette étude a été publiée le 31 mars 2017 par la revue Leukemia.
Le mécanisme d’homéostasie, qui influe sur de nombreux processus cellulaires tels que la morphogénèse ou la progression tumorale, entraîne l’élimination de certaines cellules des tissus. Les mécanismes qui le régulent restent pourtant mal connus. En étudiant la dynamique de monocouches épithéliales dans des environnements microfabriqués, des chercheurs de l’Institut Jacques Monod, du « Mechanobiology Institute » (Singapour), de l’Université d’Oxford (Grande-Bretagne) et de l’Institut Curie, prouvent que l’un des facteurs cruciaux de la mort cellulaire au sein des tissus et l’élimination résultante des cellules, provient de défauts d’alignement dans l’organisation des cellules épithéliales. Ces résultats ont été publiés le 13 avril 2017 dans la revue Nature.
Des chercheurs du Laboratoire de nanochimie de l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires, en collaboration avec le Conseil national de la recherche de Bologne (Italie), ont mis au point une approche permettant d’auto-assembler des polymères sous la forme de nanostructures fibrillaires, ouvrant ainsi la voie à la réalisation de dispositifs semi-conducteurs organiques comme des transistors de haute performance, sur tout type de substrat. Ces travaux sont parus dans la revue ACS Nano.
Les chercheurs de l’Institut de chimie des milieux et des matériaux de Poitiers, en collaboration avec le Centre d’imagerie du petit animal, ont développé un nouveau système de ciblage thérapeutique qui ne vise plus directement les cellules cancéreuses mais leur microenvironnement. Cette stratégie leur a permis de traiter des tumeurs humaines du pancréas et du sein triple-négatif implantées chez des souris avec une efficacité sans précédent ! Ces résultats, publiés dans la revue Chem. Sci., laissent espérer des traitements plus efficaces pour les tumeurs solides.
Des chercheurs de l’Institut de science des matériaux de Mulhouse ont montré qu’il était possible de greffer de façon covalente un nouveau type de molécules « Fluorinated Maléimides » sur du graphène sans défaut pré-existant tout en contrôlant parfaitement les sites de greffage. Cette étude, qui fait l’objet d’un article dans ACS Nano, ouvre des perspectives dans la fonctionnalisation contrôlée du graphène tout en conservant ses propriétés de conduction exceptionnelles.
C’est une avancée prometteuse pour le photovoltaïque organique, cette source d’énergie renouvelable en plein essor. Dans le cadre d’un travail collaboratif, des chercheurs du Laboratoire MOLTECH-Anjou et de l’Institut des sciences chimiques de Rennes sont parvenus à augmenter significativement la performance des cellules photovoltaïques organiques. Et ce, en changeant… la disposition de certaines molécules. Ces travaux sont parus dans la revue Chemistry –A European Journal.
Marqueurs spécifiques de la maladie d’Alzheimer, les plaques amyloïdes, dues à l’agrégation des fibres du même nom, sont associées à la mort des neurones. Mais les études ont montré que leur toxicité viendrait non pas des fibres amyloïdes mais de leurs formes intermédiaires, des oligomères. Des chercheurs de l’Institut de chimie et biologie des membranes et des nano-objets et de l’Institut des sciences moléculaires de Bordeaux révèlent la structure de ces « agents » tout aussi éphémères que toxiques. Un grand pas dans la connaissance de la maladie, qui ouvre de nouvelles perspectives... Ces travaux sont parus dans la revue Angew. Chem. Int. Ed.
Des chercheurs de l’Institut des matériaux Jean Rouxel et du Laboratoire de physique des solides ont réalisé le premier neurone artificiel monocomposant. Celui-ci utilise une propriété inédite d’une grande classe de matériaux, les isolants de Mott. Un pas de plus vers la conception du « cerveau artificiel ». Ces travaux sont publiés dans la revue Advanced Functional Materials.
Les naturalistes ont pressenti, dès le XIXe siècle, que les continents étaient découpés en de vastes écozones au sein desquelles les communautés animales partageaient les mêmes caractéristiques évolutives. Dans un article publié récemment dans Nature Ecology & Evolution, trois chercheurs du Laboratoire d’écologie alpine expliquent pour la première fois l'origine de ces grandes régions biogéographiques. A l'appui de modèles mathématiques, ces travaux démontrent que leur existence résulte à la fois du mouvement des plaques tectoniques, de l’élévation des montagnes et des changements de température associés à ces bouleversements. L'étude révèle ainsi l'origine principalement géologique des frontières qui séparent désormais les groupes de mammifères, d’oiseaux et d’amphibiens à travers les continents du globe.
La paléogénétique peut reconstituer la diversité génétique passée des espèces en voie de disparition. Dans un article publié récemment par PLOS ONE, des chercheurs du CNRS, en collaboration avec de nombreux archéozoologues de multiples pays, ont reconstruit la distribution passée des ânes sauvages asiatiques depuis la fin du Pléistocène, de la France à la Mongolie, liant ainsi les populations disparues et les populations modernes fragmentées et menacées. En permettant la reconstruction de la répartition géographique et temporelle des espèces et en affinant la taxonomie, la paléogénétique écologique peut ainsi procurer des clés essentielles pour choisir les mesures à prendre pour protéger les espèces en voie d’extinction et ainsi guider les stratégies de conservation.
Les chercheurs en traitement automatique de la langue profitent du contexte des élections, foisonnant en terme de prises de parole, pour expérimenter leurs outils d’analyse, aussi bien sur les discours officiels des candidats que sur leurs tweets.
Des chercheurs du Centre de nanosciences et de nanotechnologies, en collaboration avec STMicroelectronics et l’université Paris-Diderot ont conçu et fabriqué des nanodiodes lasers intégrées sur silicium, capables de transférer très efficacement une information électrique dans le domaine optique à l’intérieur d’une puce. Ces travaux ont été publiés dans Nature Photonics.
La chaire industrielle ANR Matériaux acoustiques innovants pour l'aéronautique (MACIA) a été inaugurée le 13 avril 2017 à l'Université du Maine, au Mans. Portée par Safran et le Laboratoire d'acoustique de l'Université du Maine (LAUM), elle vise à développer des traitement acoustiques innovants pour réduire le bruit des moteurs d'avion et d'hélicoptère.
Anna Cadoret et ses collaborateurs ont obtenu récemment pour la cohomologie étale à coefficients finis l’analogue du célèbre théorème de semisimplicité, démontré par Deligne en 1980, pour la cohomologie l-adique. Ce nouveau résultat apporte, dans le cadre de la cohomologie étale, un nouvel éclairage sur les conjectures de plénitude et semisimplicité qui sont parmi les plus fascinantes de la géométrie algébrique.
Des physiciens ont observé des fluctuations aléatoires de très fortes amplitudes et ultra-rapides de la lumière se propageant dans une fibre optique, en utilisant un dispositif appelé « microscope temporel ».
La question du déplacement de troupeaux dans un environnement désordonné se pose non seulement pour les animaux, mais aussi pour des matériaux auto-assemblés à partir d’unités synthétiques motiles. Des physiciens ont montré comment ces liquides actifs forment spontanément un réseau de rivières éparses afin de maintenir leurs écoulements au travers des réseaux d’obstacles.
Pour la première fois, des physiciens ont traversé continûment une transition de phase topologique et montré l’universalité de la vitesse des quasi-particules apparaissant lors de cette transition.
L’expérience LHCb observe des anomalies intrigantes dans la façon dont certaines particules se désintègrent. Cela pourrait être un signe de nouveaux processus qui ne sont pas prédits par le Modèle Standard de la physique des particules. Le signal observé est encore à la limite de la précision statistique mais renforce des indications similaires étudiées par ailleurs.
Le Conseil européen de la recherche a annoncé les résultats de l’appel "ERC Advanced Grant 2016". Le projet Cryogenic rare-event observatory with surface sensitivity (CROSS), porté par Andrea Giuliani, chercheur CNRS au Centre de sciences nucléaires et de sciences de la matière, a été retenu. Financé sur 5 ans avec un budget de 3 million d’euros, dont 700 000 destinés à l’achat d’un équipement d’ampleur, le projet propose d’étudier la plus commune des particules élémentaires connues, le neutrino.
Une expérience menée au Ganil a mis en évidence la forme sphérique du Krypton-96, remarquable en comparaison de la forme très allongée du Rubidium-97, qui compte seulement un proton de plus. Ce changement de forme radical et soudain donne aux physiciens de précieux indices sur l’organisation et la force de liaison entre les neutrons et protons qui constituent le noyau.
Dans un article publié aujourd’hui dans la revue Nature Physics, la collaboration ALICE rapporte que les collisions de protons présentent parfois des motifs similaires à ceux observés dans les collisions de noyaux lourds. Ce comportement a été remarqué lors de l’observation d’un nombre accru de hadrons dits "étranges" dans les collisions de protons où un grand nombre de particules sont créées.
La première base de données permettant d’établir la cartographie, à une grande résolution spatiale, de toutes les zones humides de notre planète et de leur évolution entre 1993 et 2007 vient d’être construite à partir d’un large ensemble de données satellitaires et d’algorithmes "big data". Appelée GIEMS-D3, cette base de données est le fruit d’une collaboration internationale menée principalement par des chercheurs du Laboratoire d'étude du rayonnement et de la matière en astrophysique et atmosphères et du Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales et de la start-up Estellus. Elle devrait contribuer à l’amélioration de notre compréhension de l’hydrologie continentale.
Une découverte récente de chercheurs de l’Institut méditerranéen d’océanographie risque de modifier la cartographie des recherches sur le cycle de l’azote dans l’océan. Les premiers résultats de la campagne océanographique OUTPACE montrent en effet que la région océanique où les flux de fixation d’azote atmosphérique sont les plus importants est le Pacifique Sud-Ouest. Cette vaste région située entre la Nouvelle-Calédonie et l’archipel des Tonga apparaît à l’échelle mondiale comme une source principale d’azote pour l’océan. L’azote étant essentiel à la croissance du plancton végétal, premier maillon de la chaîne alimentaire marine, ces résultats devraient inciter les spécialistes à porter une plus grande attention à cette région.
Une exoplanète en orbite autour d’une étoile de type naine rouge située à 40 années lumière de la Terre pourrait bien remporter à son tour le titre de “meilleure candidate pour la recherche de traces de vie au-delà du Système Solaire”. Une équipe internationale d’astronomes composée de scientifiques de l'Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble a découvert, au moyen de l’instrument HARPS de l’ESO à l’Observatoire de La Silla et d’autres télescopes, une “super-Terre” décrivant une orbite au sein de la zone habitable de l’étoile LHS 1140, de faible luminosité. Cette planète, arborant des dimensions et une masse supérieures à celles de la Terre, a probablement retenu une large part de son atmosphère. Ces éléments, ajoutés au fait qu’elle transite régulièrement devant son étoile, en font l’une des cibles les plus prometteuses pour les études atmosphériques à venir. Les résultats de ces observations sont parues au sein de l’édition du 20 avril 2017 de la revue Nature.
L'un des défis majeurs dans l’évaluation de l’aléa sismique des zones côtières en contexte de subduction est de mieux comprendre le comportement mécanique entre deux plaques en subduction pour définir l’extension des futurs séismes. Le degré de couplage intersismique est-il lié à la déformation et à la structure de la plaque supérieure, est-ce que la ligne de côte est un marqueur du comportement de la zone sismogénique en Amérique du Sud? Plusieurs chercheurs internationaux, dont certains des laboratoires Geoazur et ISTerre, se sont regroupés pour déterminer la localisation et l’extension des zones de ruptures sismiques des prochains grands séismes, un sujet d'importance en sciences de la Terre, avec un enjeu sociétal pour les nombreuses populations vivant le long des côtes.
Une équipe internationale comprenant des chercheurs de quatre laboratoires français vient d’identifier une nouvelle façon de réduire l’incertitude associée aux projections de la production marine primaire. Il s’avère ainsi que le changement climatique pourrait affaiblir le développement phytoplanctonique, notamment de plus de 10 % d’ici 2100 dans les océans tropicaux dans le cadre d’un scénario de laisser-faire.
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