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Des anomalies de la protéine sénataxine sont impliquées dans deux syndromes neurologiques qui conduisent à une sclérose ou à une ataxie. La sénataxine est une hélicase qui est capable de dérouler des structures particulières de la chromatine : les hybrides ARN/ADN ou « R-loops ». Néanmoins, notre compréhension de la fonction de cette protéine et de son rôle dans les maladies reste limitée. L’équipe de Gaëlle Legube au Centre de biologie intégrative de Toulouse révèle que la sénataxine joue un rôle crucial dans la réponse aux cassures double-brin de l’ADN, en éliminant les R-loops générées et en évitant la formation de translocations chromosomiques et la mort cellulaire. Cette étude a été publiée le 7 février 2018 dans la revue Nature Communications.
La recombinaison homologue est à l’origine d’échanges entre chromosomes lors de la méiose, division cellulaire spécialisée qui génère les gamètes haploïdes. Ces échanges ont lieu dans des régions du génome de taille restreinte, déterminées chez l’homme et la souris par les sites de fixation de la protéine PRDM9. Des chercheurs de l’Institut de génétique humaine ont publié le 22 février 2018 dans la revue Molecular Cell la mise en évidence du rôle essentiel de l’activité méthyl-transférase de PRDM9 dans la détermination des sites de recombinaison méiotique chez la souris.
Les PBPs, pour penicillin-binding proteins, sont la cible des antibiotiques de type beta-lactam couramment utilisés. Cependant, les mutations au niveau de ces enzymes sont souvent à l'origine de la résistance de bactéries pathogènes à ces traitements. En collaboration avec les équipes de David Rudner et Thomas Bernhardt de l'Université de Harvard et de Andrew Fenton de l’Université de Sheffield, l'équipe de Christophe Grangeasse du laboratoire Microbiologie moléculaire et biochimie structurale, a identifié un régulateur de l'activité d'une PBP chez la bactérie pathogène Streptococcus pneumoniae. Ces travaux publiés le 26 février dans la revue PNAS laissent entrevoir de nouvelles possibilités pour bloquer le fonctionnement des PBPs et pour combattre les infections bactériennes.
Le cancer colorectal métastasique est de très mauvais pronostic avec seulement 10 % de chance de survie à 5 ans. Les travaux publiés le 9 février 2018 dans la revue EMBO Molecular Medicine montrent que l’inhibition de l’activité du récepteur au collagène DDR1 par un médicament anti-leucémique, le nilotinib, permet de réduire les propriétés métastatiques des cellules de cancer colorectal. Ce médicament pourrait donc permettre d’améliorer l’efficacité des traitements thérapeutiques de ces cancers agressifs.
Afin de se protéger des agents pathogènes qui menacent les plantes cultivées et la sécurité alimentaire, les agriculteurs utilisent des pesticides chimiques qui présentent des risques potentiels pour la santé et l'environnement. De nouvelles stratégies de protection des cultures consistent en l'application externe d'ARN double brin (ARNdb) pour déclencher l'interférence ARN (ARNi) et les mécanismes de défense des plantes. Pour mettre en œuvre cette technologie à grande échelle, des chercheurs du CNRS et de l'Université d'Helsinki en Finlande ont développé, dans les bactéries, un système de synthèse d'ARNdb très efficace et précis. Cette étude a été publiée le 26 février 2018 dans la revue Plant Biotechnology Journal.
Des chercheurs du Laboratoire de chimie de coordination et de l’Université de Toulouse ont synthétisé et isolé un dérivé organique du lithium sous une forme rare, les quatre atomes de lithium formant un plan carré, ouvrant la voie vers des synthèses sélectives. Ces résultats sont publiés dans la revue Angewandte Chemie International Edition et distingués par un frontispice.
Par ses propriétés électroniques, le nanographène à deux feuillets se révèle attractif pour des transistors ou des batteries au lithium plus performants. En collaboration avec un groupe de l'Université Complutense de Madrid, des chercheurs de l'Institut des sciences chimiques de Rennes ont inventé une structure hélicoïdale qui permet de produire efficacement ce nanomatériau. Ce travail est publié dans Angewandte Chemie International Edition.
Des chercheurs de l’Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux ont mis au point un supraconducteur, le premier représentant d'une nouvelle famille qui contient du silicium, élément non toxique, à la place des éléments toxiques habituels. Publiés dans Physical Review B, ces travaux permettront une plus large utilisation de ces supraconducteurs, par exemple dans les domaines de l’énergie ou de la médecine.
La chimie de l’astate, élément chimique rare et radioactif, est encore méconnue. Dans leur travail publié dans la revue Nature Chemistry, des chercheurs des laboratoires Ceisam et Subatech ont mis en évidence la capacité de l’astate à former de spectaculaires interactions par liaison halogène. Une propriété qui pourrait avoir des implications dans le domaine de la médecine nucléaire, notamment pour le traitement des cancers.
Des chercheurs de l’institut Chimie et biologie des membranes et nano-objets et de l’Université de Tokyo ont montré que le ribosome, cette machine moléculaire qui produit les protéines au sein des cellules, permet également la production de protéines hybrides à partir de molécules aromatiques non naturelles. Une production utile pour découvrir des substances actives, par exemple des agents thérapeutiques. Ces résultats sont parus dans Nature Chemistry.
Des chercheurs de l’Institut des sciences chimiques de Rennes ont conçu une molécule-aimant au design inédit qui lui donne la capacité d’être manipulée à l’air. Publiés dans la revue Angewandte Chemie International Edition, ces résultats permettent d’envisager du stockage d’informations à une échelle nanométrique.
On sait que les mangroves stockent de grandes quantités de carbone organique dans leur végétation et dans leur sol. Les taux d’accumulation du CO au cours du développement de cet écosystème restaient à évaluer pour mieux cerner leur rôle dans le cycle du « carbone bleu ». Des chercheurs viennent de quantifier précisément ces taux d’accumulation depuis la naissance de l’écosystème, jusqu’à la maturité et la senescence forestière. Les travaux publiés récemment dans la revue Global Change Biology démontrent que le stockage du CO par la biomasse végétale décroit rapidement pendant les premières phases du développement forestier.
La prochaine Conférence européenne de l'écologie tropicale se tiendra du 26 au 29 mars 2018 à Paris. Cette rencontre annuelle, organisée par la Société d'écologie tropicale, aura pour thème : Les défis de l'écologie tropicale et de la conservation - perspectives globales. Elle aura lieu au Centre international de conférences Sorbonne Universités et au Muséum national d'Histoire naturelle.
Chaque année, des milliers de personnes souffrent d’intoxications alimentaires causées par la consommation de produits de la mer. Une équipe du Laboratoire d'ingénierie des systèmes biologiques et procédés a publié dans la revue Environmental Research des résultats susceptibles d’améliorer les tests de détection des toxines alimentaires d’origine marine, responsables de la plus répandue de ces intoxications.
Directeur de recherche au CNRS, médaille d’argent de cette même institution en 2010, spécialiste du traitement du signal, Patrick Flandrin est le premier chercheur français à recevoir le Technical Achievement Award 2017 de l’IEEE-SPS.
Les variations du niveau de la mer total à la côte résultent de variations à grande échelle dues aux pertes de masse des glaciers et calottes polaires et à l'expansion thermique des océans, auxquelles se superposent des variations à l'échelle côtière dues aux marées, aux surcotes atmosphériques et aux vagues. Des chercheurs de Mercator Ocean, du Legos et du BRGM d'Orléans viennent de montrer que les contributions des vagues aux variations interannuelles à multi-décennales du niveau de la mer total à la côte entre 1993 et 2015 peuvent être du même ordre de grandeur que celles liées à l'expansion thermique et aux pertes de masse des glaciers et calottes polaires. Ces contributions des vagues vont donc devoir être prises en compte pour les études des variations passées et les projections du niveau de la mer à la côte, en particulier pour estimer les inondations côtières.
Déterminer la composition chimique du noyau terrestre est un grand défi que les scientifiques essaient de relever depuis plusieurs décennies. En particulier, la teneur du noyau en hydrogène (élément considéré comme sidérophile) reste très incertaine. Des chercheurs issus de trois laboratoires français ont étudié le comportement de l'hydrogène, et notamment mesuré son partage entre l'alliage métallique riche en fer et le silicate, en recréant en laboratoire les conditions ayant régné lors de la formation du noyau terrestre (haute pression, haute température et quantités raisonnables d'eau) à l'aide de la presse multi-enclume du LMV. Il s'avère que l'hydrogène se comporte comme un élément lithophile (il préfère rester dans la partie silicatée) et que seule une quantité infime d'hydrogène incorpore le noyau des planètes telluriques lors de la ségrégation noyau-manteau, un comportement qui favorise la formation précoce d'un manteau et d'une atmosphère riches en eau.
L'origine de la "crise forestière", qui aurait commencé il y a 3 000 ans environ et profondément affecté le couvert végétal de l'Afrique Centrale, a longtemps été controversée. Une équipe internationale germano-franco-camerounaise regroupant paléoclimatologues, géochimistes et archéologues vient de remettre sur le devant de la scène l'hypothèse de la cause anthropique. Les résultats des analyses effectuées sur des sédiments lacustres en provenance du sud du Cameroun et leur combinaison à des données archéologiques régionales ont en effet permis à cette équipe de mettre en évidence que, dans cette région, ces transformations de l'environnement forestier avaient commencé il y a 2 600 ans et n’étaient pas le fruit du changement climatique mais bien celui de la croissance démographique qu’a connue la région à cette époque.
Une étude publiée dans la revue Scientific Reports du 24 janvier 2018 et signée par une équipe de l'IPGP introduit une nouvelle magnitude appelée Mi (magnitude ionosphérique), capable de transformer les oscillations des couches ionisées de la haute atmosphère, détectées par des radars du CEA et de l’Onera, en informations sismiques.
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