Nouvelles publications scientifiques, créations de laboratoires, annonces de prix... Avec "En direct des labos", retrouvez toutes les deux semaines des informations issues des instituts du CNRS et complémentaires des communiqués de presse.
Certaines éponges marines produisent des lipides cytotoxiques à partir desquels des analogues de synthèse particulièrement toxiques vis-à-vis de cellules cancéreuses ont été développées. Toutefois, leur mécanisme d’action restait énigmatique. Dans des travaux publiés dans la revue eLife, des scientifiques révèlent ce mécanisme et démontrent qu’il représente une source de nouvelles molécules à cytotoxicité sélective qui pourraient être utilisés contre le cancer, voire contre certaines maladies infectieuses selon le même principe.
Les microARN (miARN), qui répriment des gènes spécifiques, pourraient être des suppresseurs de tumeur. Ce rôle semble bien établi pour le miARN miR-34a par la biologie moléculaire, mais il est contredit par des données in vivo chez la souris et l'Homme. Un article publié dans Nucleic Acids Research interroge ce paradoxe : il montre que miR-34a n'est en réalité pas un suppresseur de tumeur, le problème d'assignation tenait à des biais d'analyse. L'article réconcilie donc biologie moléculaire et physiologie, et fournit un cadre théorique et une méthode généralisables aux autres fonctions des miARN.
Certaines bactéries produisent des toxines qui leur permettent de contrôler leur propre croissance, facilitant ainsi une adaptation rapide à différents stress ou autres agressions du système immunitaire. Des scientifiques ont caractérisé le mécanisme d’action d’une de ces toxines présente chez Mycobacterium tuberculosis, le bacille de la tuberculose. La toxine se fixe au ribosome et clive spécifiquement certains ARN messagers (ARNm) en cours de traduction. Cette activité est pour la première fois observée par cryo-microscopie électronique. Les résultats sont publiés dans la revue Nature Communications.
La question des origines évolutives de notre langage à partir de formes de communication bien plus simplifiées chez les animaux reste non résolue. Une étude, publiée dans la revue Communications Biology, révèle une flexibilité insoupçonnée dans la communication des chimpanzés qui utilisent des centaines de séquences vocales. Les différents cris dans ces séquences se succèdent de manière structurée. Il reste à établir si ces séquences portent un sens différent de celui des cris produits seuls.
La recherche d’antiviraux reste une priorité pour lutter contre le Covid-19. Dans un article publié dans la revue PLoS Pathogens, des scientifiques ont criblé des principes actifs de médicaments ayant déjà reçu une autorisation de mise sur le marché, dans le but d’identifier une activité antivirale non détectée précédemment. Ils ont ainsi identifié le clofoctol, un antibiotique utilisé dans des infections respiratoires. En modèle animal, ce composé réduit la pathologie induite par le SARS-CoV-2.
Certaines divisions cellulaires ne sont pas complètes et donnent naissance à des communautés de cellules partageant le même cytoplasme. Une étude, publiée dans la revue Science, montre que l’ajout ou l’absence de molécules d’ubiquitine sur les chaines de protéine ESCRT détermine si la division d’une cellule sera complète ou incomplète. Ces travaux permettront de mieux comprendre la formation des groupes de cellules sexuelles et des premières colonies multicellulaires.
Alors que les rapports alarmistes sur le changement climatique se succèdent, une équipe de chimistes vient de mettre au point une méthode douce qui permet de valoriser un puissant gaz à effet de serre, l’hexafluorure de soufre SF6, afin de générer des composés à haute valeur ajoutée. Ces résultats sont publiés dans la revue Angewandte Chemie International Edition.
Ludwig Boltzmann et Josiah Willard Gibbs, célèbres physiciens du XIXe siècle, ont chacun proposé une formule pour calculer les paramètres thermodynamiques d’objets macro ou microscopiques, formules qui donnent des résultats différents lorsque le système est constitué de quelques atomes uniquement. Mario Barbatti, chercheur à l’Institut de chimie radicalaire, propose une théorie qui pourrait permettre de trancher la question et clore le débat vigoureux entre les partisans de chacune de ces formules qui sont à l’origine de la physique statistique.e.
Popularisée par de nombreuses séries policières, la science forensique ou criminalistique couvre l’usage de méthodes scientifiques pour débusquer des preuves. Auteurs du chapitre « la fluorescence au service de la police scientifique » du livre Étonnante Chimie, Pierre Audebert et Laurent Galmiche nous expliquent comment ils ont développé un révélateur d’empreintes digitales utilisé partout dans le monde. Le 17 mai dernier, Laurent Galmiche racontait cette chimie à des élèves de 1ère et Terminale de l'Académie de Versailles.
Des scientifiques français, polonais et japonais ont récemment décortiqué le mécanisme d’action de ligands du récepteur 5-HT7 de la sérotonine. Dans une étude, publiée dans PNAS, ils démontrent le caractère pharmacologique unique et l’intérêt pour le traitement des douleurs inflammatoires d’un nouveau ligand synthétique, la Serodolin.
Julien Gori a rejoint l'Institut des systèmes intelligents et de robotique en 2021 en tant que chercheur du CNRS. Il travaille en interaction humain-machine (IHM), un domaine de recherche qui traite de la conception et de l’utilisation d’interfaces entre des utilisateurs et des systèmes informatiques. Il s’intéresse plus particulièrement à des questions de modélisation d’utilisateurs : l’élaboration de modèles computationnels qui décrivent comment les humains effectuent certaines tâches.
Valentin de Bortoli a rejoint le Département d'informatique de l'école normale supérieure en 2021 en tant que chercheur du CNRS. Son domaine de recherche s’établit à l’intersection des statistiques computationnelles, de l’apprentissage automatique et des probabilités appliquées. Il s’intéresse plus précisément aux propriétés expérimentales et théoriques des modèles génératifs qui ont pour but l’échantillonnage de distributions de probabilités via de larges jeux de données.
Enka Blanchard a rejoint le Laboratoire d’automatique, de mécanique et d’informatique industrielles et humaines en 2021 en tant que chercheuse du CNRS. Ses recherches portent sur l’analyse des interactions entre les humains et leurs environnements, tout en gardant un pied dans ses sujets initiaux (cryptographie, sécurité du vote, méthodes biométriques).
La publication A Framework for Evaluating Quality-Driven Self-Adaptive Software Systems a été sélectionnée comme le papier publié lors la conférence SEAMS 2011 ayant eu le plus d'influence en dix ans et a été récompensé par le "10-year Most Influential Paper Award" lors de l'édition 2022. Une équipe internationale, dont Laurence Duchien, professeure à l’Université de Lille et membre de Centre de recherche en informatique, signal et automatique de Lille a ainsi été distinguée lors de cette conférence spécialisée dans le génie logiciel pour les systèmes adaptatifs et auto-gérés.
Des questions d’horizons multiples nécessitent de savoir déterminer des représentants fictifs d’un ensemble de données réelles. Des méthodes dites de partitionnement par divergences de Bregman permettent cette détermination de représentants mais celles-ci sont très sensibles au bruit statistique (tel que les erreurs de mesures ou conséquences des méthodes de transmission). Dans un travail récent en collaboration avec Aurélie Fischer et Clément Levrard, Claire Brécheteau introduit des méthodes robustes moins sensibles au bruit. Ces méthodes sont par exemple applicables dans des domaines aussi différents que l'analyse de formes ou la linguistique.
Grâce à un dispositif original de microscopie tunnel fonctionnant sous un champ magnétique élevé et à très basse température, des scientifiques ont pour la première fois visualisé à l'échelle atomique plusieurs configurations magnétiques du graphène, dont certaines de façon inédite. Cette méthode d'exploration innovante ouvre tout un champ pour étudier les propriétés électroniques singulières des nouveaux matériaux bidimensionnels. Ces résultats sont publiés dans Nature.
Des chercheurs ont imaginé une architecture optique afin de calculer de manière analogique la corrélation de signaux radios. Cette opération permettrait notamment de localiser avec précision des émetteurs radios, ou d'améliorer les performances de l'interférométrie optique en astronomie. Ces résultats sont publiés dans Optica.
Un nouveau groupement de recherche (GDR) Défis théoriques pour les sciences du climat vient d’être créé afin de répondre à une question transversale complexe : comment mieux comprendre, prédire et réduire les incertitudes sur les impacts du changement climatique ?
En septembre 2019, Antoine Petit, PDG du CNRS et François Jacq, administrateur PDG du CEA, ont missionné Michel Spiro, physicien, chercheur honoraire au CEA et au CNRS, ancien président du conseil du Cern et ancien directeur de l’IN2P3, pour rassembler un comité d’experts afin d'effectuer une analyse indépendante du positionnement scientifique et technologique du Ganil. Ce rapport est maintenant public. Michel Spiro revient sur les principales conclusions de son rapport.
Après une cure de jouvence de trois ans, les installations du LHC viennent d’être redémarrées. La collecte de données à venir auprès du collisionneur géant du Cern sera deux fois plus importante que les précédentes périodes d’exploitation. De quoi lever un peu plus le voile sur les secrets de la matière élémentaire.
L’éruption explosive du volcan sous-marin Hunga, aux Tonga, le 15 janvier dernier a engendré plusieurs phénomènes atmosphériques et géophysiques exceptionnels. C’est en particulier ce que révèle une étude internationale menée par 76 scientifiques, dont certains venant de laboratoires CNRS et publiée dans la revue Science.
De la fumée provenant de milliers de feux agricoles et de feux de forêts en Angola et en Zambie est transportée jusqu’au sud-ouest de l’océan Indien. Ces rivières de fumées peuvent avoir une largeur de plusieurs centaines de km et s'étendre sur quelques milliers de km en coulant au large de la côte sud-est de l'Afrique.
Les dépôts d’avalanche de débris au large des îles volcaniques témoignent de glissements de flancs récurrents. Comprendre l’origine des déstabilisations de flanc des volcans est un enjeu majeur, puisque les tsunamis et séismes qu’elles engendrent sont responsables de 24 % des décès liés au volcanisme. En interprétant, par des simulations numériques, les 57 éruptions du Piton de la Fournaise imagées par satellite entre 1998 et 2020, des scientifiques proposent un nouveau mécanisme de glissement de flanc.
L’annonce, en 2019, de la détection de vapeur d’eau dans l’atmosphère de K2-18 b, une exoplanète située dans la zone dite « habitable » de son étoile, fit grand bruit. Il s'agissait, en effet d'une première pour une planète dans la zone habitable de son étoile. De par sa masse et son rayon, K2-18 b est considérée comme une « super-Terre » ou une « mini-Neptune ». Une nouvelle étude remet en cause cette détection. Les spectres d'absorption traduiraient la présence de méthane et non de vapeur d'eau.
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