Nouvelles publications scientifiques, créations de laboratoires, annonces de prix... Avec "En direct des labos", retrouvez toutes les deux semaines des informations issues des instituts du CNRS et complémentaires des communiqués de presse.
Les bactéries pathogènes, comme le pneumocoque Streptococcus pneumoniae, sont entourées d’une capsule riche en sucres appelés glycanes. Ces sucres possèdent des motifs hautement répétés qui font l’objet d’une réponse immunitaire spécifique appelée "réponse T-indépendantes". Dans un article publié dans Science Immunology, des scientifiques ont identifié les cellules, appelées cellules B, impliquées dans cette réponse, et montré comment elles étaient préactivées dans les muqueuses de l’intestin lors de réponses dirigées contre les glycanes présents à la surface des bactéries de la flore intestinale.
Chaud, froid, ces sensations font partie intégrante de notre vie quotidienne. Notre capacité à détecter la température des objets est essentielle pour bien vivre. Pendant près d'un siècle, les scientifiques ont tenté de déterminer où se situe dans le cerveau la capacité de détecter les températures. Une étude publiée dans Nature rapporte la découverte d’un "cortex thermique" situé dans une région postérieure du cortex insulaire. Celui-ci permettrait de détecter les températures froides ou chaudes.
"Comment serai-je dans un an ? Vais-je récupérer ?" sont naturellement les questions posées par les patients victimes d'un accident vasculaire cérébral (AVC). Basée sur les données issues de près de 2 000 patients, une étude parue dans Brain propose un nouvel algorithme d'intelligence artificielle et une application web qui prédisent les retombées neuropsychologiques attendues sur les patients un an après leur accident.
Les streptocoques du groupe A peuvent provoquer des infections de gravité très différentes, y compris chez des patients d’une même famille. Afin de déterminer les bases génétiques de ces différences chez ce pathogène, des paires de souches provenant chacune d’une même famille mais présentant des caractères invasifs différents ont été analysés. Dans une des paires, une mutation unique a été découverte, permettant de décrypter les mécanismes qui sont impliqués dans la virulence de streptocoque du groupe A. Ce travail est publié dans J. Bacteriol.
Au cours du développement, les tissus adoptent des formes correspondant à leur fonction future. Ce processus de morphogenèse repose sur des couplages entre génétique et mécanique. Dans Nature Communications, des scientifiques en biologie et physique viennent d’ajouter une pièce importante à notre compréhension de ce processus en étudiant la formation du cou chez la mouche. Leurs travaux mettent en lumière un mécanisme simple et robuste associant la courbure du tissu et sa tension, le tout piloté par la génétique.
Un consortium de chercheurs européens propose un nouvel agent d'imagerie "multi-techniques" (IRM, RX, fluorescence…) ciblant les plaques amyloïdes-β, premiers signes pathologiques de la maladie d'Alzheimer. Ces résultats sont parus dans la revue Nanomedecine.
L'électroporation consiste à perforer la membrane cellulaire à l’aide d’un champ électrique pour y faire passer une substance thérapeutique. Une équipe de scientifiques franco-allemands dévoile dans la revue PNAS des éléments essentiels à la compréhension de ce phénomène largement utilisé mais encore peu compris.
Comment nos récepteurs olfactifs reconnaissent-ils les molécules odorantes ? Avec l'avènement des réseaux de neurones, une équipe de chimistes vient de parvenir à prédire les interactions entre l’ensemble des odorants et les récepteurs connus. Une avancée cruciale pour comprendre le fonctionnement de l’odorat grâce à l’IA.
L’oxydation des hydrocarbures est une réaction très utilisée industriellement mais très énergivore. Pour rendre cette chimie plus douce, une équipe de physiciens et chimistes franco-britanniques présente dans la revue Green Chemistry un nouveau système catalytique à base de nanoparticules métalliques qui réchauffent leur environnement sous l’action de la lumière.
La description des trois premiers génomes d'un groupe bactérien appartenant à l’ordre des Holosporales apporte des éléments nouveaux sur leur biologie. Ces bactéries étaient jusque-là uniquement décrites en microscopie électronique dans les glandes digestives de cloportes. De par cette localisation tissulaire, ces symbiotes étaient suspectés d'être des symbiotes nutritionnels, participant à l’adaptation à la vie terrestre de leurs hôtes. Les résultats de cette étude sont parus dans ISME Communications.
La dernière extinction de masse a eu lieu il y a 66 millions d’années. Si elle est connue pour avoir mené à la disparition des dinosaures, ses conséquences sur la biodiversité marine sont encore mal comprises. Une étude publiée dans Science montre, avec une fine résolution, que 62 % des espèces de requins et raies ont disparu lors de cette crise. Les raies et les espèces se nourrissant de proies à coquilles ont été plus sévèrement touchées. A l’inverse, les espèces vivant aux hautes latitudes et/ou ayant une large répartition géographique ont eu un taux de survie plus élevé.
Suite à l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, la péninsule vit une transition profonde de toutes ses infrastructures sous influence russe, au niveau matériel, légal, économique et médiatique. Dans un article paru dans la revue Journalism, Ksenia Ermoshina, chercheuse du CNRS au Centre Internet et société, met en lumière le processus d'annexion informationnelle de la Crimée en montrant comment cette transition impacte le cyberespace. La chercheuse définit un cadre méthodologique applicable à d'autres situations de pays occupés. Le cas de la Crimée peut être ainsi considéré comme une sorte de laboratoire de contrôle de l'information.
Justice et jeûne font-ils bon ménage ? Lors du ramadan, les juges indiens et pakistanais de confession musulmane font preuve de plus de clémence. C’est ce que démontrent des chercheurs en économie par l’analyse de 380 000 dossiers judiciaires instruits par 8 500 magistrats. Ce travail de recherche vient de donner lieu à la publication d’un article dans la revue scientifique internationale Nature Human Behaviour.
En 1938, au sein de la philosophie d'inspiration logique, le philosophe Charles W. Morris avait conçu le programme, extraordinairement ambitieux, d'une théorie générale des signes, ou sémiotique. Celle-ci devait englober les signes linguistiques et non-linguistiques, humains et animaux. Dans son livre What it All Means, Philippe Schlenker, chercheur du CNRS à l'Institut Jean-Nicod, montre que la linguistique formelle contemporaine, et tout particulièrement la sémantique (l'étude du sens), est sur le point de réaliser ce programme, mais dans un cadre scientifique qui n'existait pas en 1938.
Sept mille langues sont parlées dans le monde dans des cultures diverses. Pourtant un peu plus de la moitié des études sur l’acquisition de la langue maternelle portent sur des enfants qui apprennent une seule langue, en général l’anglais, aux États-Unis. Comment savoir, dès lors, si l'apprentissage de la langue maternelle suit un processus universel ? Des scientifiques ont étudié les expériences vocales des enfants de l'île de Malakula (Vanuatu) où le multilinguisme est la norme. Les résultats de leur étude, parus récemment dans Developmental Science, mettent en évidence l'importance d’observer des enfants de cultures diverses pour décrire le processus de développement du langage.
Léa Pillette a rejoint l'Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires en tant que chercheuse du CNRS. Elle travaille dans le domaine des neurotechnologies, et s'intéresse aux interfaces cerveau-ordinateur, qui permettent de contrôler des applications numériques en se servant uniquement de l'activité cérébrale.
Laurent Feuilloley a rejoint le Laboratoire d'informatique en images et systèmes d'information en tant que chercheur du CNRS. Plus intéressé par la théorie de l'informatique que par le code, il utilise des outils mathématiques pour déterminer ce que les ordinateurs peuvent calculer, à quelle vitesse, et avec quelles informations.
Une équipe de l’Institut d’électronique et des technologies du numérique, en collaboration avec l'université de Yale (États-Unis), a réalisé l'injection d'un signal dans un routeur en éliminant les nombreuses réflexions qui perturbent le fonctionnement d'un réseau radio-fréquence ou nanophotonique. Le nouveau dispositif de routage a l'avantage de supprimer ces échos multiples sans recourir à des composants coûteux (isolateurs).
Voici plusieurs siècles que les scientifiques se demandent pourquoi certaines bulles ne remontent pas en ligne droite dans l’eau. Grâce à des modèles mathématiques, des chercheurs de l’Institut de mécanique des fluides de Toulouse ont montré que le phénomène était provoqué par le couplage entre les petites perturbations du mouvement de la bulle et celles de l’écoulement de l’eau dans son voisinage, qui s’amplifient mutuellement lorsque la bulle dépasse 1,85 mm de diamètre. Publiés dans la revue PNAS, ces travaux contredisent l’interprétation avancée dans une étude parue en début d’année dans le même journal.
Le glissement des failles, notamment lors des séismes, peut générer des sauts topographiques en surface, communément appelés escarpements de faille. Une étude ouvre la possibilité théorique d’estimer, non seulement le glissement cumulé ou la vitesse de glissement, mais aussi le nombre de tremblements de terre et leur taille à partir des morphologies des escarpements.
Une équipe scientifique a observé avec le spectrographe X-shooter du VLT de l'ESO l'un des GRBs (sursaut gamma) les plus lointains jamais découverts. Les sursauts gamma, des bouffées de photons gamma qui apparaissent de manière aléatoire dans le ciel, ont lieu dans d'autres galaxies que la nôtre, et semblent représenter les événements les plus lumineux de l'Univers, après le Big Bang.
Une équipe de recherche a déterminé les fractionnements isotopiques associés à la greenalite, un minéral de la classe des silicates riche en fer, et a ainsi évalué l’hypothèse selon laquelle ce minéral représenterait le précurseur des formations ferrifères rubanées déposées avant la Grande Oxygénation (transformation chimique de l’atmosphère affectant la surface terrestre il y a environ 2,3 milliards d'années). Les résultats obtenus remettent en question le modèle de dépôt de ces formations sédimentaires et nos connaissances de la chimie des premiers océans.
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