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Le réflexe moteur de retrait est une réponse classique à une stimulation douloureuse. Les travaux de Frédéric Brocard, au sein de l'Institut de neurosciences de la Timone, en collaboration avec des chercheurs américains et hongrois, révèlent des mécanismes cellulaires et moléculaires qui sensibilisent les neurones responsables de cette réponse motrice. Ces résultats, qui ouvrent de nouvelles perspectives pour le traitement des douleurs neuropathiques, sont publiés dans la revue e-Life.
Au cours de la division cellulaire, la distribution des chromosomes et la séparation physique des cellules filles doivent être rigoureusement coordonnées. Ce contrôle protège contre l’aneuploïdie, source de cancer, et assure ainsi l’intégrité génétique des cellules et des organismes. L’équipe de Julien Dumont à l’Institut Jacques Monod, identifie dans l’embryon du ver Caenorhabditis elegans un mécanisme original, et probablement conservé, permettant de coordonner temporellement et spatialement ces deux événements clefs de la division. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature Cell Biology.
Les lymphocytes T régulateurs jouent un rôle vital dans la prévention des maladies auto-immunes et des inflammations chroniques. Générés dans le thymus, ils migrent, une fois matures, dans les différents organes et tissus de l’organisme pour contrôler l’activité du système immunitaire. Paola Romagnoli et ses collaborateurs, au Centre de Physiopathologie de Toulouse-Purpan, montrent que des cellules T régulatrices activées dans ces tissus peuvent revenir dans le thymus et y inhiber le développement de leurs précurseurs. Ceci révèle une connexion inattendue entre les réponses immunitaires dans l’organisme et le développement des lymphocytes T dans le thymus. Ces résultats sont publiés dans la revue Nature Immunology.
En raison de la petite taille de leur génome, les virus de plantes multiplient les stratégies d’expression pour produire les protéines nécessaires à leur prolifération. L’équipe de Véronique Ziegler-Graff à l’Institut de biologie moléculaire des plantes, en collaboration avec une équipe anglo-américaine de bio-informaticiens, a découvert, chez un virus de la famille des Luteoviridae, un nouveau gène de petite taille codant une protéine indispensable au transport viral dans la plante et resté inaperçu jusqu’à présent en raison de son mode non conventionnel de traduction. Ces travaux sont publiés dans la revue PLoS Pathogens.
L’accumulation de protéine tau hyperphosphorylée et d’héparanes sulfates dans les neurones de patients sont des caractéristiques des maladies neurodégénératives de type Alzheimer. Les travaux réalisés in vivo chez le poisson zèbre par une collaboration de chercheurs révèlent l’implication des héparanes sulfates dans la phosphorylation anormale de la protéine tau dans ces maladies. Cette étude qui ouvre des perspectives inédites pour l’étude et l’approche thérapeutique de ces maladies, est publiée dans la revue Brain.
Les photochromes sont des molécules qui présentent une transformation réversible entre deux états (on et off) s’effectuant à l’aide de la lumière. Des chercheurs viennent de modéliser une trentaine d’entités multi-photochromiques présentant deux sous-unités commutables. Celles-ci pourraient servir à la construction de dispositifs capables de stocker de nombreuses informations à l'échelle moléculaire. Ces résultats sont parus dans la revue Chemical Science.
Des chercheurs ont obtenu par microscopie à effet tunnel une visualisation directe de molécules de TTC12-TTF déposées sur du graphène. Selon les conditions de dépôt, les molécules adoptent une conformation edge-on ou à plat (face-on) à la surface du graphène. Cette étude pose la question du choix du mode de dépôt pour la fonctionnalisation du graphène par voie moléculaire. Ce travail est paru dans la revue Journal of Physical Chemistry C.
La fragmentation d’un écosystème naturel consiste en la division du paysage (bois, plaines, forêts…) en fragments plus petits et isolés, séparés par des paysages transformés par l'homme (champs agricoles, villes, canaux...). Une étude à grande échelle menée par un consortium international de chercheurs, comprenant Jean Clobert de la Station d’écologie expérimentale du CNRS à Moulis, révèle que ce processus est une véritable bombe à retardement. Ces travaux montrent que la division des habitats naturels aura des effets négatifs à long terme non prévus jusque-là, non seulement sur la biodiversité des écosystèmes, mais aussi sur leur fonctionnement. Contrairement à ce que pensaient les biologistes jusqu’à maintenant, les conséquences les plus visibles des fragmentations en cours ne seront détectables que dans 15 à 20 ans.
Arrivé en France il y a plus de dix ans, le frelon à pattes jaunes ou frelon asiatique (Vespa velutina) a colonisé une grande partie du territoire métropolitain. En comparant les caractéristiques génétiques de ces populations envahissantes à celles de populations issues de la zone d’origine du frelon asiatique,des scientifiques sont parvenus à reconstruire l’histoire de son introduction en France. Ces travaux publiés le 24 mars dans la revue Biological invasions ont également permis d’identifier des facteurs biologiques susceptibles d’expliquer le succès fulgurant de son invasion.
Peut-on se donner arbitrairement les valeurs singulières d’un opérateur de Hankel compact, et si oui, quel est l’ensemble des solutions de ce problème inverse ? Dans une série de travaux récents, Patrick Gérard et Sandrine Grellier ont établi un lien étroit entre ce problème et la résolution d’une équation d’évolution qui est un modèle simplifié d’interaction d’ondes non linéaire : l’équation de Szegö cubique. Ils mettent ainsi en lumière un phénomène d’instabilité s’apparentant à la fois à l’effet papillon et à la turbulence d’ondes.
En 1983, Margulis construisait les premiers exemples de variétés quotients de R^3 dont le groupe fondamental n'était pas virtuellement résoluble : les "espaces-tempsde Margulis" dont on conjecture depuis les années 1990 qu'ils sont homéomorphe à l’intérieur d’une variété compacte à bord. Pour démontrer ce résultat, deux méthodes ont été introduites en 2013 : une méthode de compactification développée par S. Choi et W. Goldman et une méthode de fibration au-dessus de surfaces hyperboliques proposée par J. Danciger, F. Guéritaud et F. Kassel. Récemment, ces derniers ont apporté une troisième preuve en construisant des domaines fondamentaux de R^3 bordés par des surfaces polyédriques appelées "plans-croches".
Une équipe de recherche franco-espagnole est parvenue à identifier des signes très sérieux de la présence d’un "premier cœur hydrostatique" dans une proto-étoile située dans le nuage moléculaire de Persée. Le "premier cœur hydrostatique" est une étape critique dans l’évolution du nuage protostellaire qui le fait devenir étoile. C’est un moment de basculement de courte durée aux échelles de temps astronomiques et par conséquent très difficile à observer. L’étude a été menée par une chercheuse du Laboratoire d’étude du rayonnement et de la matière en astrophysique et atmosphères. Elle est publiée dans la revue Astronomy and Astrophysics du 12 mai 2015.
Pour la première fois, une équipe internationale de scientifiques a pu mettre en évidence l’existence de taches sur la surface de l’étoile de masse intermédiaire Vega. Ce résultat inattendu amène de nouvelles contraintes importantes sur l’évolution stellaire de ce type d’étoile, et plus particulièrement sur les mécanismes de génération de leurs champs magnétiques. Il ouvre une fenêtre vers des informations auparavant inaccessibles. Ces travaux impliquent notamment l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie, qui a mené les recherches, et l’Institut de planétologie et d’astrophysique. Ils sont publiés dans la revue Astronomie et Astrophysique du 6 mai 2015.
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