Nouvelles publications scientifiques, créations de laboratoires, annonces de prix... Avec "En direct des labos", retrouvez toutes les deux semaines des informations issues des instituts du CNRS et complémentaires des communiqués de presse.
Dans les dernières étapes de son développement, l’embryon du ver Caenorhabditis elegans change de forme et accroit quatre fois sa longueur sans migration ni division cellulaires. L’équipe de Michel Labouesse, au Laboratoire de biologie du développement, démontre que cette élongation est basée sur deux composantes physiques : les forces mécaniques générées dans un tissu et la rigidité d’autres tissus. Ces résultats ont été publiés le 9 février 2017 dans la revue eLife.
La vaccination permet de prévenir et d’éliminer les maladies infectieuses, évitant, d’après l’Organisation mondiale de la santé, deux à trois millions de morts par an. Afin d’augmenter son efficacité, il est nécessaire de développer des adjuvants qui accroissent la réponse immunitaire induite par les antigènes. Des chercheurs de l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale montrent qu’il est possible de concevoir une nouvelle génération d’adjuvants de façon rationnelle. Cette étude a été publiée le 21 février 2017 dans la revue PNAS.
Dans une scène comportant plusieurs objets, notre système visuel privilégie le traitement des corps humains. Mais comment traite-t-il une scène dans laquelle plusieurs personnes sont présentes ? Des chercheurs, travaillant notamment à l’Institut des sciences cognitives Marc Jeannerod, montrent que le traitement des groupes de personnes dépend de leur positionnement. En effet, le système visuel privilégie un couple de personnes qui se font face, comme si elles interagissaient, par rapport à deux personnes n'interagissant pas. Le positionnement relatif des individus dans une foule pourrait ainsi constituer un moyen puissant d'analyse de la scène et de sélection des parties pertinentes, très probablement celles dans lesquelles un échange ou un événement social se produit. Cette étude a été publiée le 1er janvier 2017 dans la revue Psychological Science.
Des chercheurs de l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale ont mis en évidence que les cellules graisseuses, ou adipocytes, très nombreuses dans le sein, favorisent la dissémination des cellules cancéreuses en leur fournissant des lipides. Les cellules tumorales stockent ces lipides et les libèrent au cours du temps ce qui leur permet de maintenir leur caractère agressif après leur contact initial avec les adipocytes. Ces résultats ont été publiés le 23 février 2017 dans la revue JCI Insight.
Plasmodium falciparum, l'agent du paludisme, et Toxoplasma, celui de la toxoplasmose, sont des parasites intracellulaires obligatoires, qui représentent une menace majeure pour la santé mondiale. Ils infectent des centaines de millions de personnes par an, ce qui conduit à une mortalité élevée, surtout chez les enfants. Une équipe internationale, coordonnée par Mohamed-Ali Hakimi à l’Institut pour l'avancée des biosciences, et incluant des chercheurs de l’EMBL-Grenoble et de la société Anacor Pharmaceuticals, a découvert une nouvelle molécule, AN3661, qui stoppe la prolifération de ces parasites. La molécule permet même une guérison complète de souris infectées par Toxoplasma. Cette étude a été publiée le 1er février 2017 dans la revue EMBO Molecular Medicine.
Les catalyseurs sont des espèces qui permettent de contrôler l’activité et l’efficacité des réactions chimiques. Mais il arrive parfois que les produits de départ ou les produits finaux d’une transformation chimique interagissent avec ce catalyseur en inhibant partiellement son activité. Des chercheurs de l’Institut des sciences chimiques de Rennes ont développé une approche inédite qui consiste à introduire dans le milieu réactionnel des molécules qui ne participent pas à la réaction catalytique, mais qui évitent la dégradation du catalyseur. Ce travail fait l’objet d’une publication distinguée comme Hot Paper dans la revue Chemistry – A European Journal.
Une famille de substances naturelles appelée alcaloïdes est connue pour présenter des propriétés biologiques très variées (anticancéreuses, antipaludiques…). Etant donnée la grande complexité de leurs structures, réaliser leur synthèse en laboratoire pour les utiliser ou s'en inspirer en chimie médicinale reste un défi. Défi relevé par les chercheurs de l'Institut de chimie moléculaire et des matériaux d'Orsay, et du laboratoire Biomolécules : conception, isolement, synthèse : ils sont parvenus à synthétiser une substance naturelle présentant une structure particulièrement complexe, la bipléophylline, en développant une approche biomimétique qui s'inspire du chemin réactionnel élaboré par la nature, pour le reproduire en laboratoire. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature Chemistry.
Les nouvelles projections climatiques sur les récifs coralliens de notre planète montrent les récifs qui seront affectés par un blanchissement annuel, un stress considéré comme le plus dramatique pour la survie même des récifs. Ces projections haute résolution, basées sur les nouveaux modèles climatiques, prédisent où et quand on peut attendre des blanchissements coralliens. Selon ces modèles, les récifs de Taïwan ainsi que ceux autour des archipels de Turks et Cocos seront les premier à subir des blanchissements annuels récurrents. D’autres récifs, tels que ceux des côtes de Bahreïn, du Chili ou de Polynésie, seront affectés par des blanchissements annuels récurrents plusieurs dizaines d’années plus tard si l’on se fie à ces travaux publiés récemment dans Nature Scientific Reports.
Alors que les dégradations de l’environnement sont désormais connues pour accentuer le risque de certains cancers chez l’Homme, qu’en est-il des autres animaux ? Dans une étude publiée récemment dans Ecology Letters, deux chercheurs de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier ont constaté que les populations d’espèces vivant dans des environnements très éloignés de leurs conditions naturelles étaient elles aussi davantage sujettes au cancer. En poursuivant leurs investigations chez l’Homme à partir d’un modèle mathématique, les scientifiques ont ensuite pu estimer le risque de cancer chez nos lointains ancêtres. Alors que celui-ci atteint aujourd’hui 40 %, il devait être inférieur à 10 % chez les premiers chasseurs cueilleurs. Ces résultats nous éclairent sur la manière dont les variations naturelles de l'environnement et l'activité humaine affectent le risque de cancer dans l’ensemble du règne animal.
Pourquoi s’en tenir à étudier la ségrégation sociale à l’heure où les gens dorment ? Dans un article publié dans Journal of Transport Geography, Guillaume Le Roux, Julie Vallée et Hadrien Commenges — tous trois membres du laboratoire Géographie-cités — ont analysé la ségrégation sociale dans l’agglomération parisienne au cours des 24 heures de la journée, en prenant en considération les déplacements quotidiens des différents groupes sociaux.
La National Academy of Engineering des États-Unis a élu 84 membres et 22 associés étrangers le 8 février 2017 dont Stéphane Mallat du Département d’Informatique de l’École Normale Supérieure et Joseph Sifakis, médaille d’argent du CNRS en 2001.
Comment comparer des données, comme des images ou des textes, pour savoir lesquelles sont les plus proches, et les regrouper par familles ? Le transport optimal est un outil mathématique puissant qui permet de résoudre ce type de problèmes. Il reste cependant sous-exploité du fait de sa complexité. Grâce à son projet ERC NORIA, l’objectif de Gabriel Peyré, directeur de recherche CNRS au Département de mathématiques et applications de l’ENS, est de démocratiser cet outil théorique en développant des algorithmes rapides de calcul et en mettant en application ces avancées en infographie, en vision par ordinateur, mais aussi dans le domaine des neurosciences.
Depuis octobre 2016, Hubert Comon est membre senior de l’Institut Universitaire de France. Ce spécialiste des méthodes formelles appliquées à la sécurité informatique propose un nouveau paradigme dans son projet ComSeFor (Computer Security and Formal methods) pour réaliser des preuves de sécurité quel que soit le modèle d’attaquant.
Les surfaces de Jupiter, de Saturne et probablement de la plupart des géantes gazeuses, s’organisent en couronnes de vents intenses circulant alternativement vers l’est et vers l’ouest. Si leur largeur est facilement observable, la profondeur de ces rayures fait débat. Des chercheurs de l’IRPHE et de l’université de Californie ont montré qu’elles se prolongent probablement sur des milliers de kilomètres sous la surface, grâce à un modèle et une expérience qui s’appliquent à toutes les géantes gazeuses. Ces travaux sont publiés dans Nature Physics.
À l’interface de l’ingénierie, de la biologie et de la physique, le projet SmartCells, mené au laboratoire Matière et systèmes complexes et encouragé par une bourse ERC Consolidator Grant, entend exploiter la complexité du vivant pour développer des cellules intelligentes et élaborer des systèmes synthétiques hybrides entre machine et vivant.
Guider le geste chirurgical en révélant des informations en temps réel grâce à la lumière infrarouge. C'est l'objet du projet QuantSURG, mené par Sylvain Gioux au Laboratoire ICube et récompensé par une bourse ERC Starting Grant. La méthode développée permettrait d'identifier les défauts de vascularisation et la présence de cancer pendant une intervention chirurgicale.
Christophe Breuil travaille en arithmétique et en géométrie algébrique. Dans la première partie de sa carrière, il s'est intéressé à la théorie de Hodge p-adique entière. Il s'est ensuite investi dans le développement du programme de Langlands. Ce vaste ensemble de conjectures proposé dans les années 60 par le canadien Robert Langlands a impulsé une part substantielle des recherches des dernières décennies en théorie des nombres ainsi qu’en géométrie algébrique. Il vise à dresser des ponts entre la théorie des nombres et d’autres parties des mathématiques. Christophe Breuil est à l'initiative de l'avancement de ce programme dans le cadre p-adique.
Les travaux de Béatrice de Tilière se situent à la charnière entre théorie des probabilités, combinatoire et physique mathématique. Ils portent sur les modèles bidimensionnels sur réseaux issus de la mécanique statistique : le modèle d’Ising, le plus célèbre, introduit en 1925 par Wilhelm Lenz auprès de son étudiant Ernst Ising, et celui des dimères (polymères en solution ayant la caractéristique de ne présenter qu’une unique liaison).. Béatrice de Tilière a apporté des avancées significatives dans ce domaine en mettant notamment en évidence des connexions profondes entre le modèle d’Ising et les arbres couvrants.
Des physiciens viennent de montrer qu’en connectant un fil moléculaire conducteur à une électrode de graphène, il est possible de réduire de manière importante l’atténuation du courant électrique à la jonction entre la molécule et l’électrode.
Des physiciens viennent de montrer que lorsque la conductivité électrique dans un fluide n’est pas uniforme, l’instabilité dynamo apparait dans des écoulements bien plus simples que ceux qui étaient considérés jusqu’à présent.
Des scientifiques allemands, autrichiens, suisses et français ont conduit une étude originale sur l’évolution de la fonte des glaciers alpins au cours des 50 dernières années, en réalisant une analyse statistique d’observations in situ se rapportant à six glaciers répartis sur l’ensemble du massif. Ils ont ainsi pu montrer que les fluctuations climatiques étaient très semblables d’un bout à l’autre de la chaine et qu’au cours de ces dix dernières années, la fonte des glaciers alpins s’était fortement accélérée. Les laboratoires français impliqués sont l’Institut des géosciences de l'environnement et le laboratoire Érosion torrentielle, neige et avalanches.
Une étude pluridisciplinaire a permis à deux équipes de l’Institut de physique du globe de Paris de mettre en évidence que, comme certains organismes à squelettes carbonatés, la bactérie Sporosarcina pasteurii présente dans le sol induisait la précipitation de carbonates solides dont la composition isotopique en oxygène était en déséquilibre par rapport à celle de l’eau environnante. Les chercheurs ont également pu démontrer expérimentalement que c’était le métabolisme de la bactérie qui induisait ce déséquilibre isotopique. Ce résultat pourrait avoir de profondes implications dans les reconstructions des conditions paléo-environnementales ou de formation de sédiments, basées sur l’analyse des compositions isotopiques des carbonates.
Les réactions de serpentinisation se produisant au niveau des fonds océaniques ou sur les terrains émergés sont connues pour générer de grandes quantités de dihydrogène, lui-même à l’origine de la production de méthane et d’autres hydrocarbures abiotiques géologiques. De ce fait, ces réactions pourraient avoir joué un rôle dans la synthèse organique pré-biotique à l’origine de la vie sur Terre. Mais qu’en est-il des réactions de serpentinisation se produisant à de plus grandes profondeurs ? Pour la première fois, une équipe franco-italienne, impliquant des chercheurs de l’Institut de minéralogie, de physique de la matière et de cosmochimie, de l’Institut de physique du globe de Paris et de l’Université de Turin, vient de mettre en évidence la production de grandes quantités de dihydrogène et de méthane abiotiques en conditions de haute pression dans les roches de subduction préservées des Alpes italiennes.
L'interféromètre Alma (Atacama Large Array Millimeter) au Chili a permis à une équipe regroupant des chercheurs japonais et français de l’Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble et de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse d’apporter de nouvelles briques à la compréhension du processus de formation stellaire. Ces scientifiques ont étudié une proto-étoile, L1527, située dans le nuage moléculaire du Taureau, à environ 450 années-lumière de notre Soleil. Alma offre à observer, avec une précision, jusqu'ici inégalée, son disque interne en rotation (vu par la tranche) enfoui à l’intérieur de son nuage parental constitué de gaz et de poussières. Ces résultats ont été publiés dans la revue MNRAS (Monthly Notices of the Royal Astronomical Society) le 8 février 2017.
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