Nouvelles publications scientifiques, créations de laboratoires, annonces de prix... Avec "En direct des labos", retrouvez toutes les deux semaines des informations issues des instituts du CNRS et complémentaires des communiqués de presse.
La transmission sexuelle du virus de l’immunodéficience humaine de type 1, VIH-1, se fait essentiellement par l’intermédiaire de cellules infectées contenues dans les fluides génitaux. L'équipe de Morgane Bomsel à l’Institut Cochin, identifie les tout premiers signaux envoyés par ces cellules infectées qui favorisent la contamination. Cette étude, qui ouvre la voie à l'identification de cibles potentielles pour bloquer l’infection, a été publiée le 26 avril 2017 dans la revue Mucosal Immunology.
Les champignons pathogènes sont responsables d'infections généralisées mortelles, avec 800 000 victimes par an. Des chercheurs français et américains ont découvert que la protéine Bdf1, membre d’une famille ubiquitaire de facteurs régulant l'expression des gènes, est essentielle à la survie des champignons pathogènes. Ils ont identifié des inhibiteurs spécifiques de cette protéine capables de tuer les levures. Ce travail, publié le 18 mai 2017 dans la revue Nature Communications, ouvre de grands espoirs pour le développement d’une nouvelle classe de médicaments antifongiques.
Une équipe du Centre d'infection et d'immunité de Lille a réalisé un tour de force technologique en développant une méthodologie originale et innovante qui permet d’observer un échantillon, qu’il soit inorganique ou vivant, avec une résolution inégalée, à l’échelle nanométrique, en microscopie optique de super-résolution, en microscopie à force atomique et en microscopie électronique. Cette étude a été publiée le 21 avril 2017 dans la revue Methods in Cell Biology.
La synthèse des protéines est une activité vitale assurée, dans chaque cellule humaine, par 5 à 10 millions de ribosomes. Ces usines moléculaires, elles-mêmes formées d'ARN et de protéines, sont assemblées suivant une séquence complexe et très énergivore dont la défaillance est la cause de différentes pathologies. L'équipe de Pierre-Emmanuel Gleizes au Laboratoire de biologie moléculaire eucaryote, en collaboration avec l'équipe d'Ulrike Kutay à l'Ecole polytechnique fédérale de Zürich, révèle que la protéine PARN, une enzyme mutée dans plusieurs maladies rares, dont la dyskératose congénitale, est un acteur inattendu de l'assemblage des ribosomes. Cette étude est parue le 10 avril 2017 dans la revue Nucleic Acids Research.
Théorie développée depuis environ une dizaine d’années en cancérologie : des cellules cancéreuses dites souches seraient à l’origine des cellules formant les tumeurs, mais aussi de l’apparition des métastases. Dans le cadre d’une collaboration entre le laboratoire Chimie biologique des membranes et ciblage thérapeutique, l’Institut Necker-enfants Malades et le Centre de recherche en cancérologie de Marseille, des chercheurs révèlent l’activité anti-cellules souches cancéreuses de dérivés de la salinomycine et leur mécanisme d’action spécifique sur la régulation du fer. Ces travaux, qui présagent le développement de médicaments plus efficaces pour lutter contre les métastases, sont parus dans la revue Nature Chemistry.
Pour éliminer les médicaments résiduels après un traitement et éviter ainsi que se prolongent les effets secondaires, les chercheurs du Laboratoire de conception et application de molécules bioactives et de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire ont imaginé un médicament capable d'être modifié dans le corps en réaction à un agent de neutralisation. La nouvelle entité formée par cette réaction chimique in vivo est dépourvue de toute activité biologique et rapidement éliminée de la circulation sanguine par l'excrétion rénale. Ces travaux sont parus dans la revue Nature Communications.
L’équipe de Patrick Couvreur à l’Institut Galien a conçu un nouveau nanomédicament à base de cisplatine pour le traitement expérimental du cancer du côlon. Administré par voie orale, ce nanomédicament a montré une activité anticancéreuse accrue et une moindre toxicité rénale par rapport au cisplatine libre, administré par voie intraveineuse. Ces travaux publiés dans la revue Cancer Research pourraient améliorer le confort du patient et éviter des hospitalisations coûteuses.
En Amazonie, de nombreux papillons, appartenant parfois à des familles très distantes, ont convergé vers des motifs colorés similaires qui indiquent aux prédateurs qu’ils sont impropres à la consommation. Or, malgré une forte sélection pour la convergence, on observe localement une étonnante diversité de motifs colorés. Un groupe de chercheurs basés aux Etats-Unis, en Grande Bretagne et en France (Institut de systématique, évolution, biodiversité) vient de montrer que le maintien de cette diversité en apparence paradoxale est dû à la ségrégation des papillons et de leurs prédateurs entre différents microhabitats. Cette étude a été récemment publiée en ligne dans la revue Proceedings of the Royal Society B.
Il existe de fortes interactions entre les sociétés humaines et la biodiversité, mais l’effet des sociétés sur la biodiversité et l’effet en retour de la biodiversité sur les sociétés ont été étudiés séparément et à des échelles d’espace et de temps très différentes. Une collaboration internationale à laquelle participe un chercheur de la Station d’écologie théorique et expérimentale montre que la perte de biodiversité diminue la capacité des écosystèmes à fournir des services aux sociétés, en particulier aux grandes échelles d’espace de temps. Cette étude, récemment publiée dans Nature, met en lumière l’importance de la prise en compte, dans les politiques publiques, des effets de la perte de biodiversité sur les sociétés.
Piloté par le Centre pour les humanités numériques et l'histoire de la justice, Hugo est un outil numérique permettant le récolement et la valorisation des données portant sur le patrimoine judiciaire et pénitentiaire français. Il vise à établir un panorama ouvert à tout type d’édifices ainsi qu’à saisir les spécificités de chaque lieu.
Florent Laroche, maître de conférences à l’université Lumière Lyon 2 et membre du Laboratoire aménagement, économie, transport, vient de recevoir le prix jeune chercheur de l’International Transport Forum pour ses recherches innovantes sur la concurrence dans le transport ferroviaire de marchandises. L’article primé analyse l’impact de la libéralisation du secteur ferroviaire de marchandises dans l’Union européenne en 2007.
Élodie Lévêque, chargée du volet « Reliures de Clairvaux » au sein de l’Institut de recherche et d'histoire des textes et Claire Chahine — qui a créé et dirigé la section cuir et parchemin du Centre de recherche sur la conservation —, mènent des recherches sur les manuscrits de l’abbaye de Clairvaux. Elles ont ainsi mis à jour la présence de reliures en peaux de phoque sur des manuscrits datant du XIIe siècle, en plein cœur de la Champagne.
Créé en 2012, le collectif "Inventer le Grand Paris" réunit des chercheurs qui recourent à l'histoire pour comprendre les modalités et les enjeux de la construction métropolitaine. Il réunit des spécialistes de l’histoire de l’aménagement et de l’urbanisme, de l’architecture mais aussi de l’histoire urbaine, de la gouvernance des territoires ou du métabolisme urbain. En 2017, le projet prend une nouvelle impulsion avec l'ouverture d'un site internet dédié qui marque la volonté de pérenniser et de prolonger le programme de recherche.
Tous les humains, machines, robots voire les produits eux-mêmes seront bientôt munis de moyens de détection d’information (capteurs), de traitement de l’information (intelligence) et des moyens de communication (réseau) qui permettront d’améliorer dans un futur proche le comportement dynamique des systèmes de production de biens et de services. Cette hyper-connectivité touche tous les aspects de notre vie quotidienne, et offre de vastes perspectives pour l’industrie du futur. Depuis 10 ans, le groupe de travail IMS² (Intelligent Manufacturing & Services Systems) du GDR MACS (Modélisation, analyse et conduite des systèmes dynamiques) coordonne l’activité de plusieurs laboratoires francophones dans ce domaine. Les quatre laboratoires fondateurs d’IMS² ont synthétisé dans la revue scientifique IEEE TII (Transactions on Industrial Informatics) les différentes avancées obtenues en France sur ce domaine et proposé leur vision des 15 prochaines années dans une "Roadmap 2030" destinée à orienter la communauté vers ces problématiques et ainsi anticiper le besoin industriel.
Fin du fin des nanotechnologies, les matériaux 2D sont composés d’une unique couche d’atomes ou de molécules, ce qui les rend très sensibles à la nature de leur substrat. Des chercheurs de l’Institut Charles Delaunay et de l’université coréenne Sungkyunkwan ont contourné ce problème en minimisant à l’extrême les points de contact entre les deux couches. Ces travaux sont publiés dans la revue Advanced Materials.
Pas besoin de pinceaux pour peindre avec de la musique, c’est possible avec du savon ! Des chercheurs du laboratoire Matière et systèmes complexes et du Laboratoire interdisciplinaire de physique ont présenté un dispositif pour observer l’effet du son sur les films de savon : plusieurs phénomènes physiques y dessinent des motifs spectaculaires. Ces travaux sont publiés dans la revue European Journal of Physics.
Première en Europe depuis près de 10 ans, la nouvelle édition du plus grand congrès lié aux macroalgues et microalgues, ISAP (International Society for Applied Phycology) 2017, se tient à Nantes du 18 au 23 juin 2017. Ce rassemblement dans l’ouest de la France de plus de 500 scientifiques, industriels et décideurs, venus de plus de 40 pays, témoigne du dynamisme national, et en particulier des régions Pays de la Loire et Bretagne qui figurent parmi les premiers acteurs mondiaux de la « croissance bleue ». Les représentants des instituts et grands laboratoires français au sein desquels sont menés des travaux en biologie / biodiversité et en bioprocédés seront présents.
Pour la première fois, des physiciens ont réussi à synchroniser deux nano-oscillateurs à transfert de spin par l’intermédiaire des courants radiofréquences émis par chacun d’entre eux et à contrôler leur rythme commun d’oscillation. Ces résultats sont publiés dans la revue Nature Communications.
La collaboration LHCb vient de valider une méthode très précise permettant de mesurer pour la première fois le rapport R(D*) à l’aide des désintégrations hadroniques du lepton tau en trois traces. Ce rapport permet de tester une prédiction du modèle standard des particules appelée "universalité leptonique" dont toute déviation serait un indice fort de nouvelle physique.
Une étude réalisée à Riken au Japon par une collaboration internationale menée par des chercheurs de l’institut de physique nucléaire d'Orsay, du CEA et de Riken a permis de réaliser la première spectroscopie des isotopes très riches en neutrons 98,100Kr. L’expérience a mis en évidence que deux configurations de formes différentes coexistent à basse énergie dans 98Kr mais aussi que les isotopes de cette chaîne tendent à se déformer plus progressivement lorsqu’on leur ajoute des neutrons que leurs voisins Rb, Sr et Zr qui eux basculent soudainement d’une forme à une autre à partir du 60ème neutron. Cette étude est un pas décisif vers la compréhension des limites de cette région de transition de phase quantique.
L’équipe qui a mené l’an dernier la campagne Pale Red Dot, aboutissant à la découverte de l’exoplanète la plus proche du système solaire (eso1629), continue sa recherche d’exoplanètes semblables à la Terre en lançant aujourd’hui une nouvelle initiative. Avec la campagne Red Dots, l’équipe scrutera trois étoiles de notre voisinage stellaire à la recherche de nouvelles planètes : à Proxima du Centaure s’ajoutent l’étoile de Barnard et Ross 154. Autre nouveauté, l’équipe de Red Dots s’engage dans la démarche de la science ouverte : le public et la communauté scientifique auront accès en temps réel aux données observationnelles concernant Proxima du Centaure, tout au long de la campagne d’observations.
Une équipe pluridisciplinaire vient de montrer que la fonte accélérée de la calotte de glace groenlandaise, telle qu’elle pourrait se produire si les émissions de gaz à effet de serre devaient continuer à croître, devrait conduire à une baisse de la mousson au Sahel. Cette aridification pourrait alors avoir un impact négatif durable sur la production vivrière dans cette région, avec pour conséquence un possible exode massif des populations.
La modélisation numérique océanique fournit des informations essentielles sur la manière dont les courants marins façonnent le fonctionnement des écosystèmes côtiers. Une étude menée par une collaboration internationale révèle ainsi la physique d’une zone écologiquement clé de l’océan côtier ouest-africain. Elle introduit le concept de “low enrichment - high retention upwelling” pour caractériser la dynamique du plateau sud-sénégalais. L’enrichissement par les remontées d’eaux dues aux vents dominants (phénomène d’upwelling) y est faible en comparaison des prédictions théoriques. Mais la circulation des masses d’eau est en retour particulièrement favorable à une bonne rétention côtière des œufs et larves de nombreuses espèces marines se reproduisant dans cette zone. Cette étude contribue à éclairer l’importance écologique de l’océan côtier sud-sénégalais qui, mieux comprise, pourra être mieux prise en compte.
L’acétate est une molécule simple à deux atomes de carbone, que l’on retrouve dans de nombreux environnements naturels, dans les océans, les lacs et les saumures associés aux réservoirs de pétrole par exemple. Elle est impliquée dans de nombreuses réactions biochimiques cellulaires (incluant la fermentation avec la fabrication du vinaigre). L’ubiquité de l’acétate conduit à le retrouver fréquemment dans les pores des sédiments, y compris ceux qui entrent en subduction. Aux températures typiques des zones de subduction et à relative basse pression, on pensait jusque très récemment que le carbone transporté dans les zones de subduction se transformait en dioxyde de carbone et méthane. Récemment, une étude thermodynamique sur la formation des diamants a montré que l’acétate pouvait potentiellement être stable dans le manteau terrestre. Des chercheurs du Laboratoire de géologie de Lyon et du Department of Earth and Planetary Sciences (Baltimore, Etats-Unis) ont vérifié cette hypothèse à Lyon par des expériences en cellule à enclumes de diamant.
Une équipe internationale menée par un chercheur du Centre de recherche astrophysique de Lyon a obtenu 13,7 millions d’heures de calcul PRACE pour simuler la réionisation de l’Univers par les premières galaxies.
Directeur de la publication : Alain Fuchs
Directeur de la rédaction : Brigitte Perucca
Responsable éditorial : Julien Guillaume
Secrétaire de rédaction : Priscilla Dacher, Véronique Étienne, Alexiane Agullo
Comité éditorial : Christophe Cartier Dit Moulin, Stéphanie Younès (INC) ; Clément Blondel, Mounia Garouche (INEE) ; Jean-Michel Courty, Marie Signoret, Marine Charlet-Lambert (INP) ; Clotilde Fermanian, Pétronille Danchin (INSMI) ; Lisa Maymon, François Mercier, Perrine Royole-Degieux (IN2P3) ; Jean-Antoine Lepesant, Conceicao Silva, Jeremy Zuber, Marina da Silva Moreira (INSB) ; Armelle Leclerc (INSHS) ; Muriel Ilous, Chloé Rimailho (INSIS) ; Laure Thiébault (INS2I) ; Dominique Armand, Géraldine Gondinet, Kelly Will (INSU).