Nouvelles publications scientifiques, créations de laboratoires, annonces de prix... Avec "En direct des labos", retrouvez toutes les deux semaines des informations issues des instituts du CNRS et complémentaires des communiqués de presse.
La détection des expressions faciales de peur alerte sur la présence d'un danger et représente un avantage pour la survie. On savait que les visages de peur retiennent l'attention chez le nourrisson dès l'âge de cinq à sept mois. Grâce à une approche novatrice, des chercheurs du Laboratoire de psychologie et neurocognition et leurs collaborateurs, mettent en évidence un phénomène perceptif, présent dès trois mois et demi, qui pourrait être à l’origine de ce biais attentionnel. Ces résultats ont été publiés le 13 septembre 2017 dans la revue Proceedings of the Royal Society Part B : Biological Sciences.
Les interrelations fonctionnelles entre les facteurs de transcription et la machinerie transcriptionnelle au cours du développement sont encore peu comprises. Une étude dirigée par Andrew Saurin, à l’Institut de biologie du développement de Marseille, révèle un nouveau mécanisme de contrôle global de l’expression génique, en établissant un lien direct entre facteurs de transcription Hox, modifications de la chromatine et machinerie transcriptionnelle. Ces travaux ont été publiés le 4 septembre 2017 dans la revue EMBO Journal.
Les neuropathies optiques héréditaires sont des maladies mitochondriales cécitantes, liées à la dégénérescence des nerfs optiques. Des chercheurs de l’Institut MitoVasc et de l’Institut Imagine identifient avec leurs collaborateurs trois familles françaises atteintes de cette maladie avec des mutations dans le gène DNM1L. Cette découverte est très surprenante car la fonction de DNM1L est diamétralement opposée à celle d’OPA1, le gène majeur de cette pathologie, dont ils avaient caractérisé les premières mutations en 2000. En effet, DNM1L est impliqué dans la fission des mitochondries alors qu’OPA1 intervient dans leur fusion. L’équilibre subtil entre ces deux forces de fusion et de fission est donc un élément clé de la physiologie du nerf optique. Cette étude a été publiée le 23 septembre 2017 dans la revue Brain.
L’équipe de Katja Wassmann, au laboratoire de Biologie du développement, dévoile un mécanisme essentiel pour maintenir les chromatides soeurs ensemble pendant la première division méiotique et assurer la ségrégation des chromosomes dans l'ovocyte des mammifères. Cette étude, réalisée en collaboration avec les équipes de Jan van Deursen à la Mayo Clinic à Rochester (États-Unis) et José Sujà à l’université de Madrid, ouvre de nouvelles perspectives pour la compréhension de l’augmentation des erreurs de ségrégation avec l’âge de la femme. Elle a été publiée le 25 septembre 2017 dans la revue Nature Communications.
Les P-bodies sont des gouttelettes d’ARN et de protéines au sein des cellules eucaryotes. L’équipe de Dominique Weil au laboratoire de Biologie du développemen a réussi à purifier des P-bodies à partir de cellules humaines, et à en identifier le contenu. Ces résultats pionniers lèvent le voile sur la fonction des P-bodies dans la régulation des ARN messagers, et plus largement sur le contrôle fin de l’expression des protéines dans la cellule. Cette étude a été publiée le 28 septembre 2017 dans la revue Molecular Cell.
Les catalyseurs à base d'or, utilisés pour synthétiser des molécules chirales (non superposables à leur image dans un miroir plan), seraient capables d’en produire deux différentes suite à la même réaction chimique. En effet, des chercheurs de l’Unité de catalyse et de chimie du solide ont montré qu’il était possible de produire les deux énantiomères (autrement dit les deux images miroir) avec un seul catalyseur métallique chiral par… un simple changement de solvant ! Cette étude est publiée dans la revue Chemistry A European Journal.
Pour la première fois une équipe de l’Institut de chimie des substances naturelles vient de synthétiser simplement et efficacement un type de molécules hétérocycliques utilisées contre les maladies coronariennes. Une nouvelle méthode de synthèse dont pourrait profiter toute l’industrie du médicament. Ces travaux sont publiés dans la revue Angew. Chem.
Des chercheurs du Laboratoire de chimie et du Laboratoire de physique des solides ont réussi à synthétiser des assemblages de nanoparticules d’un nouveau genre. Potentiellement capables de réagir à différents stimuli qui modifient leurs propriétés optiques, ils permettent d’imaginer de nouveaux capteurs. Ces travaux viennent d’être publiés dans la revue Science Advances.
Confinés dans des pores sub-nanométriques, les ions de l’électrolyte des supercondensateurs ont une structure qu’il restait à clarifier, d’autant qu’elle entraîne une augmentation de la capacité de stockage des charges. C’est désormais chose faite par une équipe internationale, comprenant entre autres des chercheurs des laboratoires Cirimat et Phenix. Les scientifiques ont montré que les répulsions électrostatiques entre ions de même charge diminuent fortement lorsque ces derniers sont confinés dans les pores sub-nanométriques, augmentant ainsi la quantité de charges d’ions stockés dans ces nanopores. Ces résultats sont parus dans Nature materials.
Sandra Lavorel, directrice de recherche CNRS au Laboratoire d’écologie alpine a vu ses travaux récompensés par le Marsh Award for Ecology 2017. Décerné par la British Ecological Society, ce prix international distingue des recherches en cours considérées comme remarquables, valorisées pour leur impact significatif sur le développement des sciences de l’écologie ou de son application.
Contrairement à une idée généralement admise, la configuration d'un banc de poissons « en diamant » n'est pas forcément la plus efficace pour la locomotion. En observant expérimentalement le comportement collectif de groupes de poissons, des chercheurs du laboratoire de Physique et mécanique des milieux hétérogènes ont montré qu'à partir d'une certaine vitesse les poissons nagent côte à côte de manière synchronisée avec leurs voisins, adoptant une stratégie de locomotion plus économe en énergie. Ces résultats sont publiés dans la revue PNAS.
Alors qu’habituellement une augmentation de pression augmente les effets de viscosité et ralentit les écoulements, c’est l’effet inverse qui se produit pour l’eau. Des physiciens ont montré que cette anomalie, peu marquée à température ambiante, devient spectaculaire pour l’eau surfondue, c’est-à-dire restant liquide sous son point de fusion.
Fin septembre 2017, la collaboration Auger a annoncé avoir trouvé l’origine des rayons cosmiques de très hautes énergies qui bombardent la Terre. Nous en profitons pour revenir sur le succès de la mission EUSO-SPB ayant pris son envol en avril dernier depuis la Nouvelle-Zélande, et dont le but est l’étude de ces fameux rayonnements. Une réussite à laquelle sont associés les laboratoires APC, LAL et Omega, qui ont réalisé le module de détection, capable de déceler des rayons cosmiques ayant une énergie de l'ordre de 1018eV, soit 100 000 fois plus élevée que les particules accélérées au CERN !
Grâce à une récolte de données inédites, des chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, du Laboratoire de météorologie dynamique, de l’Institut des géosciences de l'environnement et du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme ont observé et expliqué une diminution significative des précipitations neigeuses à proximité du sol dans les régions côtières de l’Antarctique. Celle-ci serait due aux vents catabatiques (soufflant dans le sens de la pente) qui sublimeraient les flocons de neige avant qu’ils ne puissent atteindre le sol. Cette diminution aura une incidence sur l’estimation du bilan de masse de la calotte glaciaire et donc de la hausse ou de la baisse du niveau des mers. Des travaux publiés dans les PNAS.
Le protocole de Montréal sur la protection de la couche d’ozone stratosphérique a conduit, depuis la fin des années 1990, à une diminution significative des concentrations des gaz halogénés d’origine industrielle, responsables de la dégradation de la couche au cours des décennies précédentes. L’analyse conjointe de mesures et de résultats de modèle réalisée par une équipe internationale comprenant deux chercheurs du Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales montre que, comme prévu, la reconstitution de la couche d’ozone a bien lieu, mais qu’elle est encore largement masquée par la variabilité naturelle, principalement d’origine dynamique, dans la plupart des régions du globe. Les signes manifestes de ce rétablissement se trouvent dans la haute stratosphère et, dans une moindre mesure, en Antarctique. À plus long terme, le devenir de la couche d’ozone dépendra de plus en plus des émissions des gaz à effet de serre.
Une équipe d'astronomes de l’Institut UTINAM, de l’Université de Concepcion (Chili), et de l'Institut d'astrophysique des Canaries était à l'affût de vestiges anciens de la formation de la Voie lactée. Ce travail de longue haleine les a amenés à une découverte passionnante : ils ont trouvé des preuves convaincantes de l’existence d’une nouvelle famille d'étoiles géantes, avec une composition chimique particulière. Ces étoiles diffèrent des autres populations stellaires de la Galaxie, non seulement par leurs éléments chimiques, mais aussi par leurs trajectoires. Leurs propriétés orbitales suggèrent une origine extragalactique !
Les biominéraux jouent un rôle important dans l’évolution des organismes. Pourtant, leur structure cristalline complexe reste mal connue. Des équipes du Centre de nanoscience de Marseille et du Centre scientifique de Monaco montrent qu’un désordre local serait nécessaire pour arriver à des structures complexes hiérarchisées que l’on qualifie de mésocristallines. Les chercheurs ont ainsi révélé comment, à travers leur structure mésocristalline, les biominéraux combinent ordre et désordre pour réaliser des morphologies complexes, adaptées à des fonctions. Les biominéraux pourraient avoir été les pionniers dans l’élaboration de superstructures cristallines hiérarchisées. Leur étude ouvre donc des pistes pour mieux comprendre la formation d’autres superstructures cristallines comme les cristaux colloïdaux ou les supracristaux. Ces travaux ont été publiés dans la revue Crystal Growth and Design.
La première campagne de forages scientifiques dans l’unique structure d’impact en France se déroulera jusqu’en décembre 2017 à Rochechouart. Situés en Charente en Haute-Vienne, au cœur de la Réserve naturelle nationale de l’Astroblème de Rochechouart-Chassenon, ces forages auront pour mission d’extraire les traces passées d’un impact entre la Terre et un astéroïde de 1 km, voici 200 millions d’années. Plusieurs forages jusqu’à une profondeur de 150 mètres seront réalisés pendant 2 à 3 mois sur huit sites de la réserve. Le Centre international de la recherche sur les impacts et sur Rochechouart (CIRIR) pilotera ces explorations en assurant l'interface avec la recherche internationale. Une soixantaine de chercheurs d’une douzaine de nationalités est d’ores et déjà impliquée.
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