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Le plus souvent, les relations sociales entre animaux sont analysées via des observations directes de leurs comportements. Les nouvelles technologies à base de capteurs automatiques, moins coûteuses et de plus en plus utilisées, peuvent-elles remplacer l’observation détaillée ? Une équipe interdisciplinaire a montré que, bien que les capteurs ne capturent pas forcément toutes les interactions dans un groupe d’animaux, ils donnent au final la même vision de la structure sociale du groupe en un temps moindre. De tels capteurs représentent donc une voie prometteuse pour étudier les dynamiques sociales animales. Ces résultats sont présentés dans la revue Proceedings of the Royal Society A.
La traduction, ce processus essentiel qui décode l’ARN messager en protéine, est effectué par les ribosomes. Les scientifiques ont déterminé la structure à haute résolution des ribosomes des mitochondries de plante. Le ribosome mitochondrial de plante comprend 82 protéines, alors que le ribosome bactérien contient 54 protéines et ses ARN ribosomiques sont en moyenne 15 % plus grands que les ARN ribosomiques bactériens. Cette étude est publiée dans la revue Nature Plants.
Dans la chromatine, l’ADN est associé à différentes protéines, dont les histones et leurs variants qui sont impliqués dans de nombreux processus cellulaires. Le variant d'histone H2A.Z joue un rôle majeur dans le contrôle de l'expression des gènes. H2A.Z est codé par deux gènes exprimant deux isoformes, H2A.Z.1 et H2A.Z.2, qui ne diffèrent que par trois acides aminés. Dans cet article publié dans la revue Elife, les chercheurs et chercheuses montrent que ces isoformes peuvent avoir des fonctions similaires mais aussi antagonistes, par interaction avec des protéines interagissant préférentiellement avec l’une ou l’autre. Ces résultats rajoutent un niveau supplémentaire de complexité au contrôle génique par les variants d’histones.
Être capable de juger si ce que nous percevons est juste ou non peut nous aider à apprendre de nos erreurs et communiquer avec nos semblables. Dans cette étude, publiée dans Nature Communications, les scientifiques expliquent comment nous construisons un sentiment de confiance sur la véracité de nos perceptions, et à quoi ce sentiment de confiance peut servir. Ces résultats suggèrent que la confiance contrôle la profondeur du traitement des informations sensorielles.
Les efflorescences de phytoplancton à la surface de l’océan sont éphémères et les scientifiques tiennent les virus pour responsables de la disparition de ces « bloom ». C’est la prévalence de cette dynamique d’explosion/extinction, conséquence de la division des microalgues du phytoplancton suivie de la lyse des microalgues en conséquence de l’infection virale, qui est remise en question par la découverte de l’infection chronique d’une migroalgue par un virus. C’est à dire la multiplication conjointe de la microalgue et du virus. Une étude publiée dans la revue Science Advances propose une explication à cette coexistence inédite dans sa dynamique.
À des conditions de température et de pression élevées, l’eau entre dans des conditions dites supercritiques, qui modifient certaines de ses propriétés : ainsi, les huiles y sont solubles, mais plus les sels. Afin de pouvoir tout y solubiliser pour favoriser les interactions, des chercheurs de l’Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux et de l’Institut de mécanique et d’ingénierie de Bordeaux utilisent des sels fondus pour dissoudre les autres sels dans l’eau supercritique. Décrite dans la revue Science Advances, leur méthode devrait trouver des applications dans les domaines de la synthèse et du recyclage de nombreux matériaux.
Certains patients, parce qu'ils sont atteints de maladies rénales, notamment, ne peuvent recevoir d’injection d’agent de contraste, pourtant très important pour un diagnostic précis quand ils passent une IRM. En effet, cet examen reposait à ce jour, exclusivement sur l’utilisation d’un agent de contraste, le gadolinium, déconseillé pour ce type de pathologies. Des scientifiques du Centre de biophysique moléculaire et de l'unité Conditions extrêmes et matériaux : haute température et irradiation, tous deux à Orléans, ainsi que de l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien à Strasbourg, lui ont trouvé un double sans effet secondaire : le manganèse. Ils ont en effet synthétisé une molécule cage permettant de contenir cet élément chimique et d’en faire un agent de contraste très efficace pour le diagnostic. Ces travaux sont publiés dans Angewandte Chemie International Edition.
Certaines molécules ont une odeur agréable, mais d’où viennent-elles et comment les concevoir ? Pour atteindre nos narines, elles doivent être suffisamment légères avec un poids moléculaire < 300 gmol-1 et ne pas avoir trop d’affinités entre elles. C’est par exemple le cas de la famille des énols bicycliques, pour laquelle un panel varié d’odeurs a été découvert. Des chercheurs de l’Institut de chimie de Nice et des parfumeurs de l’entreprise Expressions Parfumées ont synthétisé et évalué de nouveaux composés volatils, tout en optimisant leur synthèse selon un processus catalytique à base d'or, et non toxique. Ces travaux, publiés dans la revue Organic Letters, permettraient donc de les utiliser en parfumerie.
De plus en plus de travaux suggèrent une incompatibilité entre croissance économique et conservation de la biodiversité. Et pourtant, la synthèse que publie dans Conservation Letters une équipe internationale couvrant un vaste éventail de disciplines, de régions et d’institutions, révèle que les politiques internationales en vue de juguler l’érosion de la biodiversité s’appuient toutes sur des scénarios de croissance. Les auteurs analysent cette contradiction et recommandent d’explorer des trajectoires socio-économiques affranchies de l’injonction de croissance et compatibles avec les objectifs de préservation de la biodiversité.
L’analyse des restes de carnivores du site de Diepkloof Rock Shelter en Afrique du Sud a permis de mettre en évidence les plus anciennes traces connues d’exploitation de la fourrure des félins par les premiers représentants de notre espèce sur le continent africain. Les résultats de cette étude viennent d’être publiés dans la revue Scientific Reports.
Un nombre croissant de nos interactions, entre nous et avec notre environnement, se manifeste dans le domaine numérique. Une production qui constitue une nouvelle source d’informations inattendue pour les écologues. Dans un article publié dans la revue Trends in Ecology & Evolution, un groupe international de chercheurs a exploré les options ouvertes par ce nouveau domaine, qu’ils appellent iEcology.
Dans les sous-bois, les espèces végétales ayant une aire géographique de répartition limitée régressent au profit d’espèces ayant une distribution plus étendue. Ce phénomène de régression des espèces rares au profit des plus communes est accentué par les retombées atmosphériques d’azote, une composante des « pluies acides ». Ce résultat obtenu par un consortium de chercheurs européens explique en partie le paradoxe selon lequel la biodiversité diminue à l’échelle globale alors qu'elle augmente à l’échelle locale. Il est publié dans la revue Nature Ecology and Evolution.
Une équipe de chercheurs et de chercheuses vient de démontrer que l'existence de quatre formes très distinctes les unes des autres chez le zostérops gris de l'île de La Réunion s'explique par une radiation évolutive qui a pris place au sein de l'île au cours des derniers 400 000 ans. Chez les oiseaux, qui sont des organismes très mobiles, il s'agit du premier cas avéré d'une radiation d'espèces au sein d'une île d'aussi petite taille. Les résultats de cette étude, publiés dans deux articles parus dans les revues Proceedings of the Royal Society B et Molecular Ecology, viennent renforcer la compréhension de l’origine de la biodiversité dans les îles et de certains mécanismes de la formation des espèces.
Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), qui peut être un des résultats, entre autres, du Covid-19, nécessite une ventilation mécanique pour contrôler l’hypoxémie (diminution de quantité d’oxygène dans le sang). Cependant, des réglages ventilatoires inadéquats peuvent aggraver les lésions pulmonaires du SDRA. Un logiciel développé par CREATIS permet d’analyser semi-automatiquement des images de scanner afin d’adapter au plus juste la ventilation aux besoins du patient.
Vivien Quéma, professeur à Grenoble INP et membre du LIG, est devenu, en octobre 2019, membre junior de l’Institut universitaire de France. Dans cet entretien, il nous présente ses travaux de recherche, ou comment résoudre des pannes de système dans un monde où l’informatique est de plus en plus présente et ses failles complexes.
En prenant en compte les interactions entre foyers, Michael Benzaquen, chercheur au CNRS et porteur de la chaire de l’Ecole polytechnique « Econophysics & Complex Systems », et son équipe renouvellent le modèle macroéconomique classique utilisé pour la politique monétaire. Ils mettent en avant l’utilité de « récits » comme outil de prévention de la dépression financière. Ces travaux sont publiés dans la revue PNAS.
Les plantes ont développé de nombreuses stratégies pour s’adapter à leur environnement. Dans une étude interdisciplinaire publiée dans la revue Current Biology, des chercheurs ont montré que le noyau de la cellule devient plus dense et plus rigide en réponse à la sécheresse. Cette réponse, qui implique un régulateur de l’enveloppe nucléaire, conduit à une forte expression de gènes et confére à la plante une résistance au stress.
De nombreuses forces entrent en jeu dans le comportement des empilements de grains. Ces milieux complexes se déforment ou se maintiennent différemment selon leur humidité. Pour simplifier la description de ces comportements, des chercheurs du LMGC et du IATE ont établi le nombre visco-cohésif, un nombre sans dimension qui condense l’effet de plusieurs forces à la fois et qui devrait faciliter la modélisation des milieux granulaires.
Les champignons se déplacent sur tout le globe en dispersant leurs spores dans l’atmosphère. Cela concerne des millions d’espèces, y compris des organismes pathogènes. Environ 10 000 simulations ont été réalisées pour comprendre leur transport dans l’atmosphère, révélant que le moment de libération des spores joue un rôle très important pour leur survie. Ces résultats sont publiés dans la revue PNAS.
La troisième campagne de prise de données commune à Ligo et Virgo (le run O3) apporte un nouvel éclairage sur les dernières orbites et la fusion de systèmes binaires de trous noirs. La première onde gravitationnelle détectée en 2015, GW150914, avait été émise lors de la fusion de deux trous noirs ; ce type de source s’est depuis affirmé comme le plus courant. Leur étude apporte des progrès sur la caractérisation des populations de trous noirs astrophysiques. Cependant, les systèmes observés jusqu’à présent étaient toujours formés de deux trous noirs de masses sensiblement égales. Cet état de fait a été rompu par l’observation de la fusion d’un système binaire très particulier le 12 avril 2019, à peine deux semaines après le début du run O3.
Depuis l’arrêt de ses détecteurs début 2018, la collaboration internationale Double Chooz poursuit l’analyse de ses données afin de parvenir à la valeur la plus solide qui soit de θ13, valeur qui caractérise la troisième et dernière oscillation possible des neutrinos. Les chercheurs ont également mesuré avec une précision jamais encore atteinte le flux de l'émission de neutrinos par les réactions de fission des réacteurs nucléaires ainsi que d'autres valeurs associées. Ces résultats sont rassemblés dans un article paru lundi 20 avril 2020 dans Nature Physics.
Avec 8 protons et 20 neutrons, l’oxygène-28 devrait théoriquement avoir une stabilité particulière. Une équipe de physiciens du Ganil et du LPC Caen, au sein de la collaboration Samurai pilotée par le centre de recherche Riken au Japon, montrent que ça n’est pas le cas en menant une étude indirecte sur un noyau très proche, le fluor-28. Un travail qui vient d’être publié dans la revue Physical Review Letters.
La collaboration Belle-II célèbre ses premiers résultats scientifiques avec la publication dans Physical Review Letters d’un article sur la recherche d’un hypothétique boson Z’, possible pont entre la matière et la matière noire. Les données utilisées ont été collectées à l’occasion d’un run de test de l’expérience en 2018. Aujourd’hui Belle II continue sa montée en puissance et devrait atteindre le record de luminosité de la précédente expérience Belle cet été.
Des chercheurs viennent de confirmer expérimentalement l’existence d’un nouvel effet isotopique qui remet en cause les règles élémentaires régissant la distribution des isotopes au cours des réactions chimiques. Il pourrait concerner de nombreux éléments chimiques et participer à certaines variations isotopiques identifiées depuis longtemps dans les constituants des météorites, et généralement attribuées à des processus de nucléosynthèse dans les étoiles.
Les études glaciologiques conduites depuis 25 ans, par des chercheurs de l’Institut des géosciences de l'environnement et de l’Institute of geography (Russie), sur le glacier du dôme du Goûter situé à 4 300 m d’altitude dans le massif du Mont-Blanc révèlent un paradoxe surprenant. L’épaisseur de ce glacier est en effet restée quasiment inchangée malgré le fort réchauffement du climat au cours des dernières décennies, alors que les températures de la glace en profondeur ont subi une augmentation très marquée. Ce réchauffement en profondeur pourrait à terme affecter la stabilité des glaciers dits « suspendus », localisés sur des pentes très raides, et provoquer ainsi des avalanches de glace massives.
Quoi que l’on fasse dorénavant, la banquise arctique sera très probablement amenée à disparaître en été, au moins certaines années, et ce dès avant 2050. L'efficacité des mesures de protection du climat déterminera la fréquence et la durée de ces épisodes de fonte totale. Ce sont les résultats d'une nouvelle étude menée par une collaboration internationale comprenant 21 institutions de recherche du monde entier, dont le Laboratoire d’océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques.
Il est bien établi que la croûte continentale a une épaisseur moyenne de 40 km. Pourtant cette épaisseur présente une large variabilité, même loin des régions tectoniquement actives. Grâce à une modélisation numérique thermomécanique en deux dimensions, les chercheurs proposent une hypothèse concernant la formation et la préservation de ces anomalies d'épaisseur de croûte dans les régions intracontinentales stables. Ces résultats ouvrent notamment des perspectives pour comprendre la sismicité des continents stables.
Sophie est un spectrographe à haute résolution installé depuis 2006 au foyer du télescope de 193 cm de l'Observatoire de Haute-Provence, et consacré principalement à la détection d'exoplanètes par la méthode des vitesses radiales. En analysant trois cent mesures de l’étoile HD 158259, prises avec Sophie au cours de ces sept dernières années, une équipe internationale, dont des chercheurs du CNRS, a découvert que l’étoile est entourée de six planètes, une «super-Terre» et cinq «mini-Neptunes», dans une configuration orbitale exceptionnellement régulière.
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