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La maladie d’Alzheimer est liée à l’accumulation cérébrale d’une substance appelée amyloïde-β (Aβ). Chez l'Homme, l’Aβ peut être transmise d’un patient à l’autre suite à un acte médical. Dans cet article, publié dans la revue Acta Neuropathologica Communications, des scientifiques démontrent qu’une transmission d’Aβ est possible lors de transfert de matériel cérébral apparemment sain mais contenant de l’Aβ indétectable. Cela pose le problème des mesures préventives à prendre, notamment en neurochirurgie, pour prévenir une telle transmission des lésions Aβ.
Comprendre comment est coordonnée, au cours du temps et dans l’espace de la cellule, l’expression du potentiel génétique codé dans le génome est une question centrale de la biologie des systèmes. Dans cet article publié dans la revue eLife, cette question a été posée au circuit de régulation qui détermine l’expression transitoire de l’état de compétence chez la bactérie pathogène Streptococcus pneumoniae. Cette étude révèle que les cinq régulateurs maîtres de ce circuit se concentrent à un seul et même pôle de la cellule, définissant ainsi un hub de contrôle inédit du programme génétique de développement de la compétence.
L’hétérochromatine, qui réfère aux régions hautement condensées des génomes, contient des séquences d’ADN dont l’expression est inactivée. Dans une étude publiée dans la revue Genome Biology, des scientifiques montrent que l’ADN polymérase epsilon, qui intervient lors de la réplication de l’ADN, assure une fonction cruciale dans le maintien de la structure et de la fonction de l’hétérochromatine.
Le lymphome anaplasique à grandes cellules est l’un des lymphomes T pédiatriques les plus fréquents. Bien que la chimiothérapie soit très efficace, environ 30 % des patients ne répondent pas au traitement ou rechutent en présentant alors une maladie plus sévère. Il est donc primordial de connaitre la genèse de ce cancer. En forçant des lymphocytes CD4 normaux à exprimer la protéine oncogénique provenant d’une translocation chromosomique, les scientifiques ont réussi à modéliser ce lymphome anaplasique en laboratoire. Ce travail est publié dans le Journal of Clinical Investigation.
Dans une étude pluridisciplinaire, des scientifiques décrivent une méthode très puissante qui permet de visualiser les mouvements des "protéines intrinsèquement désordonnées" à l’échelle de la molécule. Ces résultats, qui ouvrent de nouvelles perspectives pour la caractérisation de ces protéines dont l’étude est très difficile, sont publiés dans la revue Nature Nanotechnology.
Le consortium international Human Proteome Project (HPP) vient de publier dans la revue Nature Communications la première carte du protéome humain avec plus de 90 % de couverture. Cette avancée majeure est la concrétisation d’une décennie d’efforts soutenus de la communauté internationale incluant la production, l’analyse et la réanalyse des données protéomiques. Ces travaux internationaux serviront de base à des applications diagnostiques, pronostiques, thérapeutiques et sont le préambule au développement de la médecine de précision.
Les matériaux phosphorescents, c’est-à-dire continuant à émettre de la lumière après avoir été éclairés, sont actuellement des matériaux inorganiques ou organiques incorporant des métaux comme le platine, souvent rares et nocifs pour l’environnement. Le développement de composés purement organiques, non toxiques et peu coûteux, reste un défi d'actualité. Des scientifiques du CNRS en Corée du Sud ont conçu une série de molécules dont les propriétés électroniques permettent d’obtenir une phosphorescence exceptionnelle pour des matériaux de cette nature, qui pourraient ainsi potentiellement entrer dans la composition des OLEDs du futur. Résultat à retrouver dans la revue Angewandte Chemie.
Pour répondre à la demande croissante en froid dans les régions du monde où l’ensoleillement est élevé, il faut envisager des solutions alternatives aux systèmes frigorifiques à compression pour préserver la couche d’ozone. Des scientifiques français et coréens ont élaboré un nouveau matériau hybride nanoporeux pour des systèmes de réfrigération solaire. Ce matériau présente à la fois des performances en réfrigération supérieures à celles des adsorbants commerciaux actuels, mais également des performances uniques en terme de production de chaleur, ce qui le rend aussi très attractif pour son intégration dans de futures pompes à chaleur. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature Communications.
Ressource essentielle, l’eau manque sur notre planète pourtant bleue. Le traitement de l’eau, et en particulier sa désalinisation, est un enjeu sociétal majeur sur lequel se penchent nombre de scientifiques et industriels. Dans ce contexte, la quête d’une membrane de filtration idéale, à la fois perméable et parfaitement sélective, pourrait bien aboutir grâce aux recherches émanant d’une collaboration entre chimistes du CNRS et de l’université de Kyoto. Dans une série d’articles récemment publiés dans Angewandte Chemie International Edition, les chercheurs nous livrent les secrets et l’avenir très prometteur de membranes artificielles biomimétiques pour la production d’or bleu à bas coût énergétique.
Joanna Wencel-Delord est chargée de recherche CNRS et travaille dans le domaine de la chimie organique, au sein du Laboratoire d'innovation moléculaire et applications de Strasbourg.
Chargée de recherche CNRS à l’Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux, Glenna Drisko est lauréate 2020 d’une bourse de l’ERC Starting Grants pour son projet basé sur la synthèse de particules de silicium et sur la façon dont celles-ci interagissent avec la lumière.
Une équipe de scientifiques a découvert comment les virus de plantes étaient capables de manipuler le comportement des pucerons, adoptant une relation hôte/parasite. Ces travaux démontrent que le comportement du puceron est modifié avant et après l'acquisition du pathogène. Le puceron porteur du virus se déplace ainsi plus vite, son comportement alimentaire est modifié sur une plante infectée, et augmente ainsi la propagation du virus. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Oecologia.
Les oiseaux marins sont exposés à des concentrations de mercure alarmantes dans l’océan Arctique. Pour mieux comprendre les effets de ce polluant sur les écosystèmes, des scientifiques proposent une approche novatrice qui combine le suivi spatial des oiseaux et l’analyse isotopique de leurs tissus pour tracer les sources du mercure à très large échelle spatiale dans les océans Arctique et subarctique. Ce travail est publié dans la revue Environmental Science & Technology.
Un groupe d’écologues a étudié dans les pelouses sèches méditerranéennes de la plaine de Crau (Bouches-du-Rhône), la dynamique de la végétation de « parcs à brebis » situés à proximité de bergeries depuis le Haut-Empire romain jusqu’à nos jours. Ces travaux, parus dans la revue Ecosystems, montrent que même après des siècles d’abandon, la végétation reste influencée par des pratiques pastorales datant de plus de deux millénaires.
Une équipe internationale a compilé et analysé des suivis à long terme de populations d’oiseaux et mammifères, pour étudier comment la sélection naturelle sur la date de reproduction varie dans le temps. Elle démontre que pour la plupart des espèces étudiées, la date de reproduction optimale fluctue selon les années. Cependant, certaines populations parviennent à suivre ces fluctuations par des ajustements individuels de la date de reproduction, atténuant ainsi leur impact. Ces résultats sont parus dans la revue PNAS.
Plusieurs études ont montré que la circulation du SARS-CoV-2 est étroitement liée au phénomène de la super-propagation : quelques individus infectés en forte interaction sociale sont responsables d’un très grand nombre de contaminations, là où une majorité n’infecte qu’une ou deux personnes au plus. Dans un article paru dans le Journal of Artificial Societies and Social Simulation, des chercheurs du CNRS et de l'European University Institute (Italie) proposent une approche différente, en s’appuyant sur la théorie des réseaux sociaux pour penser le phénomène de la super-propagation.
La communauté scientifique est organisée de façon à détecter et corriger d’elle-même les erreurs publiées. Les filets de sécurité ne fonctionnent cependant pas toujours, et le projet NanoBubbles se penche sur le cas des vifs débats qui agitent la nanobiologie. Composée de scientifiques français et néerlandais, cette équipe a obtenu plus de huit millions d’euros de financement européen pour vérifier la reproductibilité de certains travaux et développer des algorithmes capables de décortiquer automatiquement les articles scientifiques.
Le dernier supercalculateur du CNRS offre aux chercheuses et chercheurs un accès surpuissant à une nouvelle génération d’architectures, aussi bien adaptées au calcul haute performance qu’à l’intelligence artificielle. Son installation et son fonctionnement s’opèrent sous l’égide de l’Idris, dont l’équipe est récompensée par le cristal collectif du CNRS. Six cent cinquante projets de recherche se partagent à présent les vingt-huit millions de milliards de calculs que Jean Zay peut effectuer par seconde.
Dans notre monde numérique, les sciences de l’information jouent un rôle de premier plan dans nombres de domaines, en particulier dans le domaine de la santé. Les 16 et 17 décembre prochain, un évènement scientifique en ligne est organisé en hommage à Christian Barillot, directeur de recherche CNRS à l'Irisa, qui était un chercheur internationalement reconnu en traitement des images médicales.
Afin de classer et organiser les pages Internet, les moteurs de recherche utilisent une représentation appelée le graphe du web. Avec ses travaux, Yannis Manoussakis, chercheur au LRI, aide à mieux connaître cet objet. Il vient d’être nommé pour cinq ans membre senior de l’Institut universitaire de France, un poste qui lui permettra de synthétiser la recherche mondiale sur son thème de prédilection : les graphes aux arêtes colorées.
Des chercheurs et des chercheuses de l’Institut Fresnel et de Femto-ST ont pour la première fois observé expérimentalement des ondes non-linéaires autoconfinées dans des structures plasmoniques. Ces travaux, publiés dans la revue ACS Photonics, sont accompagnés d’une correction de la version spatiale de l’équation de Schrödinger non-linéaire.
Une équipe du Toulouse Biotechnology Institute et du LAAS-CNRS a identifié, par microscopie à force atomique (AFM), les mécanismes moléculaires à l'origine de la floculation des microalgues, technique utilisée pour leur récolte. Cette étude ouvre la voie à une meilleure maîtrise d'une étape clé de la production de biocarburants. Ces résultats sont publiés dans la revue ACS Applied Bio Materials.
Susanna Zimmermann a été recrutée maîtresse de conférence à l’université d’Angers en 2017. Ses recherches, effectuées au Laboratoire angevin de recherche en mathématiques, portent sur la géométrie birationnelle, domaine de la géométrie algébrique qui étudie les variétés algébriques et les applications birationnelles entre elles.
"De quelle façon les cellules se déplacent-elles dans l'organisme ?" est une question encore ouverte. Alors qu'il était généralement admis que les cellules immunitaires telles que les globules blancs avaient besoin pour se déplacer d'interactions avec un solide sous forme adhésion ou de friction, les chercheurs démontrent ici un mécanisme de déplacement versatile où des protéines jouent le rôle de pagaies, et qui permet aux cellules aussi bien de nager en suspension dans un liquide que de ramper en interaction avec un solide. Ces résultats sont publiés dans la revue Biophysical Journal.
Utiliser la fréquence des photons est une voie émergente pour augmenter les performances du traitement quantique de l’information. En exploitant les propriétés optiques d'une puce semiconductrice d’arséniure d'aluminium-gallium, des physiciennes et des physiciens démontrent ici une méthode nouvelle et versatile de génération et de manipulation d’états photoniques intriqués en fréquence, qui offre de nouvelles possibilités pour la réalisation de protocoles de communication, de calcul et de simulation quantiques de façon tout-intégrée. Ces résultats sont publiés dans la revue Optica.
La mission Tonga vous embarque à bord de l'Atalante, navire océanographique français, à la recherche des volcans sous-marins peu profonds pour comprendre et anticiper les conséquences des émanations de fluide sur la vie marine et le climat. L'expédition, dirigée par deux océanographes, Sophie Bonnet (IRD) et Cécile Guieu (CNRS), analyse et étudie les conséquences de l'apport d’éléments traces issus de sources hydrothermales peu profondes pour en déterminer l'impact potentiel sur la productivité marine et la pompe biologique à carbone.
On pensait, jusqu'à présent, que l'atmosphère primitive de la Terre, présente au moment de sa formation, devait être composée de gaz, tels que l'ammoniac et le méthane, qui auraient pu faciliter le développement de la vie en produisant des acides aminés. Mais en créant des planètes miniatures en laboratoire, des scientifiques ont découvert que cette atmosphère primitive ressemblait sans doute davantage à celle de Vénus aujourd’hui : 96,5 % de CO2, 3,5 % de N2 et une pression 92 fois supérieure à celle de la Terre actuelle. Mais alors pourquoi ces deux planètes semblent-elles si différentes aujourd'hui ?
Il y a 34 millions d'années, un changement soudain du climat global a provoqué une désertification généralisée et une dégradation permanente et irréversible des écosystèmes dans toute l'Asie centrale. Aujourd'hui, les déserts se développent à nouveau rapidement dans toute la région, signalant l'imminence d'un effondrement écologique probablement irréversible pour des millions d'années. Telles sont les conclusions d’une équipe internationale qui a intégré des enregistrements de pollen fossile provenant d'Asie avec des nouvelles données géologiques, fauniques et climatiques.
Le réchauffement plus rapide de l'Arctique par rapport aux latitudes moyennes pourrait-il avoir un impact sur le « courant-jet », un courant d'air que l'on trouve dans l'atmosphère ? Des chercheurs du Laboratoire de météorologie dynamique ont quantifié les déplacements des méandres de ce courant au-dessus des latitudes moyennes de l’hémisphère Nord durant les 40 dernières années. Ils estiment qu’il n’y a pas eu de diminution globale de la propagation de ces méandres, malgré une réduction significative de la différence méridionale de température.
Si les tourbières n’occupent que 3 % de la superficie terrestre, elles contiennent environ 25 % du stock mondial de carbone organique du sol. Or, ces importants réservoirs de carbone, qui proviennent d'une lente accumulation - durant des millénaires - de matière organique dans les sols, pourraient passer, d’ici à 2100, d'un fonctionnement en puits de carbone à un fonctionnement en source de carbone. Avec les conséquences que l'on imagine sur le réchauffement climatique ! C'est ce que vient de révéler un groupe international de chercheurs.
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