La complexité des anciennes cités mayas désormais démontrée
La détection, grâce à la technologie Lidar1 , de milliers de ruines mayas au nord du Guatemala avait été révélée en janvier dernier. Leur analyse poussée est publiée le 28 septembre 2018 dans la revue Science par une collaboration internationale à laquelle ont participé deux chercheurs français, un archéologue du CNRS et un géographe de l’université Paris 8 Vincennes Saint-Denis.
- 1un système de télédétection aéroportée
L’imagerie Lidar a porté sur plus de 2 100 km² au nord du Guatemala et a concerné huit projets archéologiques parmi lesquels la mission archéologique française Naachtun du nom d'un important centre maya situé dans la région du Péten. Grâce au Lidar, 135 km2, soit 70 fois la zone d'étude étudiée jusque-là, ont pu être explorés. Première surprise : la densité de l’occupation humaine dans cette région, bien supérieure à ce que l’on imaginait jusque-là (plus de 62 000 structures repérées dont 12 000 pour la zone de Naachtun). Et parmi les autres découvertes figurent l’inter-connectivité, insoupçonnée à cette échelle, des cités mayas entre elles via la construction de longues chaussées qui traversent zones de collines et zones marécageuses, la diversité des aménagements agraires et hydrauliques ou encore l’usage de systèmes défensifs élaborés. Avec la densité de l’occupation, ce sont les aménagements du paysage qui surprennent le plus puisque, pour ne prendre que l’exemple de Naachtun, pas moins de 18 000 terrasses agricoles, 5 400 canaux de drainage et d’irrigation en lien avec des micro-parcelles agricoles ainsi que 70 grands réservoirs ont été recensés. Ces résultats révèlent une exploitation intensive et à large échelle des ressources du milieu ainsi qu’une gestion des risques par les populations mayas de la période dite classique (150 à 950 après J.-C.).
La cartographie, financée par la Fondation Pacunam, et l’analyse Lidar du site de Naachtun et de ses alentours ont mobilisé plusieurs doctorants de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ainsi que des chercheurs et ingénieurs du CNRS issus du laboratoire « Archéologie des Amériques » (CNRS/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et du Laboratoire de géographie physique : environnements quaternaires et actuels (CNRS/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/UPEC). Il a bénéficié également de financements du LabEx Dynamite, de la Fondation Simone et Cino del Duca et du ministère de l’Europe et des affaires étrangères.
Les visuels sont diponibles en haute résolution auprès du bureau de presse du CNRS.
Ancient Lowland Maya Complexity as Revealed by Airborne Laser Scanning of Northern Guatemala, Marcello A. Canuto, Francisco Estrada-Belli, Thomas G. Garrison, Stephen D. Houston, Mary Jane Acuña, Milan Kováč, Damien Marken, Philippe Nondédéo, Luke, Auld-Thomas, Cyril Castanet, David Chatelain, Carlos R. Chiriboga, Tomáš Drápela, Tibor Lieskovský, Alexandre Tokovinine, Antolín Velasquez, Juan C. Fernández-Díaz, and Ramesh Shrestha, Science, 28 septembre 2018
http://doi:10.5061/dryad.k51j708