Science ouverte : le CNRS organise une journée d’information

Institutionnel

Publications, évaluation, données, fouille de texte... Le 8 octobre, le CNRS invite ses instituts à la journée « La science ouverte : une révolution nécessaire ». Présentation de l’événement avec Sylvie Rousset, directrice de la Direction de l’Information Scientifique et Technique du CNRS.  

Pourquoi organiser cette journée dédiée à la science ouverte ? Quelles en sont les priorités ?

La science ouverte est aujourd’hui un sujet incontournable. Les chercheurs ont besoin d’un accès libre aux données de la science pour la favoriser. Hélas, les résultats de la recherche sont publiés dans des revues payantes, quand bien même ces publications résultent de recherches financées par des fonds publics… Tout le monde se mobilise, en France et à l’étranger. L’Union Européenne s’est engagée dans cette voie dès 2016 avec l’appel d’Amsterdam qui propose un agenda et des objectifs pour accélérer la transition de l’Europe vers la science ouverte. Le Plan S1 a pour objectif de rendre les publications, issues de la recherche financée par les fonds publics nationaux ou européens, en Accès Ouvert d’ici 2021. En France, la Loi pour une république numérique (2016) permet aux auteurs de publier leur manuscrit en accès ouvert passé une petite période d’embargo, ce qui permet d’accélérer la transition vers l’accès ouvert. Et l’année dernière, la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Frédérique Vidal a annoncé un Plan national pour la Science Ouverte. Une nouvelle ère se dessine.

 

Comment le CNRS se positionne-t-il ? 

Le CNRS est engagé depuis de nombreuses années pour la science ouverte et multiplie les actions en sa faveur. Cette année, le directeur général délégué à la science, Alain Schuhl a porté deux actions dans ce sens : la première, en indiquant que seules les publications déposées dans la plateforme nationale d’archives ouvertes HAL, développée depuis 2001 par le CNRS, puis avec Inria et plus récemment, 2018, l’Inra seraient désormais prises en compte dans le rapport d’activité annuel de ces chercheurs. La deuxième, en soutenant l’application de 4 principes pour l’évaluation des chercheurs, faisant suite à la signature de la Déclaration de San Francisco. Ces principes visent à repenser l’évaluation de la recherche et son usage du classement bibliométrique. Aujourd’hui, un chercheur n’est pas toujours jugé sur la qualité intrinsèque de ses découvertes mais sur la qualité de la revue dans laquelle il publie et sur la quantité de sa production au sein de journaux scientifiques dit à fort impact.

Les choses avancent. Il est important de porter l’information à la communauté scientifique et d’en expliquer toutes les possibilités. C’est pourquoi nous avons imaginé cette journée pour les instituts, ses directeurs, ses directeurs adjoints scientifiques et ses membres des conseils scientifiques. Cela représente plus de 200 personnes… Ce seront eux qui partageront ensuite l’information, non seulement à leurs collègues du CNRS, mais également à leurs partenaires de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Comment la journée va-t-elle s’organiser ?

Nous souhaitons mettre en avant les actions concrètes existantes en science ouverte, le tout placé dans un contexte politique. C’est pourquoi le début de journée sera rythmé par des interventions du Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, de l’ANR et du CNRS. Notre ambition est de montrer la cohérence des politiques mises en œuvre avec le Plan national dont le CNRS se fait écho et également les engagements de l’ANR qui a signé le plan S.

Après une table ronde sur le sujet de l’évaluation, qui peut être vu comme un frein au développement de la science ouverte, la deuxième partie de la journée sera composée de sessions thématiques qui déclineront les trois objets principaux de la science ouverte : les données de la recherche, les publications en Accès Ouvert et les outils d’analyse et de fouille de l’information scientifique.

Concernant les données de la recherche : comment produire des données fair ? C’est-à-dire en français :  faciles à trouver, accessibles, interopérables et réutilisables. Il faut se poser la question : Où ai-je rangé mes données ? Sont-elles réutilisables ? Nous aborderons la question des données dites big datas, mais aussi des « petites données », ce qui nous conduira sans doute à évoquer la définition même de la « donnée » selon les communautés scientifiques. 

Vient ensuite la question des publications avec l’objectif affiché du CNRS d’avoir 100% de ses publications en Accès Ouvert pour 2023. Pour cela, nous misons sur la bibliodiversité, c’est à dire les archives ouvertes, mais également les plateformes d’édition à but non lucratif avec des systèmes d’évaluation par les pairs. Sans oublier les négociations fermes avec les éditeurs conventionnels pour diminuer les coûts et aller vers l’accès ouvert.

Notre dernière session sera dédiée à la fouille de textes et de données (TDM), c’est-à-dire l’avenir de la recherche ! Le TDM est intrinsèquement lié à la science ouverte car il permettra d’extraire, de larges corpus scientifiques mondiaux, de nouvelles connaissances grâce à la lecture automatisée, notamment à l’aide d’algorithmes.

Enfin, le professeur Gerard Meijer, engagé dans les négociations avec les éditeurs, nous donnera un regard international du sujet à travers la conférence de clôture.

 

Quels résultats attendez-vous de cette journée ?

Nous souhaitons communiquer notre enthousiasme pour la science ouverte et convaincre les instituts afin qu’eux même transmettent ces enjeux aux 1000 unités du CNRS, ce qui représente 9 000 chercheurs.

Cette journée est aussi un moment pour motiver des prises de décisions... Nous aimerions par exemple que les instituts s’emparent de la notion de « données » de la recherche qui diffère selon les disciplines et qu’ils s’interrogent sur ce qu’ils veulent nommer « donnée ». Nous voulons engager une réelle dynamique au sein de nos laboratoires vers la science ouverte : c’est-à-dire encore plus de personnels investis sur le sujet et encore plus de données retrouvables et interopérables et de publications en Accès Ouvert.

  • 1Seize agences de financement dont l’ANR sont engagées au sein de cette initiative