Armelle CorpetEnseignante-chercheuse en épigénétique
Armelle Corpet est maître de conférences de l’Université Claude Bernard Lyon 1, et chercheuse à l’Institut neuromyogène (INMG, Lyon1 / CNRS/ Inserm). Après une classe préparatoire à Sainte Geneviève, elle intègre l’ENS de Paris et obtient une agrégation en sciences de la vie, de la Terre et de l’Univers puis un master en cancérologie. À la suite de sa thèse portant sur le rôle des protéines impliquées dans le maintien de l’organisation du génome, elle continue ses recherches sur la dynamique de la chromatine au sein des cellules humaines.
« J’aimerais dire aux jeunes filles cette phrase de Marie Curie, une femme scientifique que j’admire : Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre. »Armelle Corpet travaille dans un domaine qu’on appelle l’épigénétique, c’est à dire l’étude des changements de l’activité des gènes n’impliquant pas de modificationde la séquence d’ADN et pouvant être transmis lors des divisions cellulaires. « Cet ADN, porteur de notre information génétique, est compacté, enroulé autour de protéines histones, précise-t-elle. Il a été découvert ces dernières années que, sur ces protéines, on peut faire d’infimes modifications qui vont influencer la lecture de l’information génétique et l’expression des gènes. Mon domaine de recherche étudie comment l’ADN va s’enrouler autour de ces protéines et comment ce processus d’assemblage est régulé de façon dynamique au cours de la vie cellulaire. »
Issue d’un milieu scientifique – un père chercheur en géophysique et une mère médecin – Armelle Corpet a très tôt bénéficié de sorties savantes en famille dans les montagnes du Puy. Pourtant les grandes orgues basaltiques ne lui suffisent pas, « j’avais aussi l’envie de comprendre comment fonctionne le corps humain. C’est ce qui m’a poussée à intégrer l’ENS pour faire des études de biologie. » Interrogée sur ses études, Armelle Corpet est un peu nostalgique des deux années passées en classes préparatoires qu’elle qualifie de meilleures années de sa vie. Années de bonheur pour cette jeune fille qui possède une véritable soif de connaissance. Et si cela lui demande beaucoup de travail – tant de choses à apprendre et à connaître jour après jour – elle profite aussi de toutes sortes d’activités culturelles et sportives sur place, et surtout, elle y rencontre celui qui deviendra son mari. Devenue scientifique et mère de famille, la disponibilité n’est pas toujours évidente pour Armelle Corpet qui sourit en ajoutant : « en France, nous avons la chance d’avoir un système qui facilite le travail des femmes, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays, même très proches de nous. » L’exception culturelle atteint toutefois certaines limites : « j’ai failli abandonner en cours de route. Il y a énormément de pression en recherche pour avoir des résultats. J’ai deux filles et trois garçons, et j’ai toujours clairement dit que je voulais équilibrer ma vie familiale et ma vie professionnelle, mais ce n’est pas facile. J’adore ce que je fais mais je pense que je n’y serais pas arrivée sans l’aide de mon mari, qui prend sa part de charge mentale. C’est un point extrêmement important, les pères ont clairement leur rôle à jouer. »
Son domaine en quelques mots
Rôle du complexe chaperon d’histones HIRA dans la dynamique de la chromatine
Au cœur de chacune de nos cellules se trouve l’ADN qui est le support essentiel de notre information génétique. Cet ADN s’enroule autour de protéines histones pour former la chromatine. Les histones sont accompagnées par des protéines spécialisées nommées chaperons d’histones. Armelle Corpet étudie le rôle du complexe chaperon d’histones HIRA dans la déposition des histones pour former la chromatine. En particulier, elle s’intéresse au rôle de ce complexe lorsque les cellules sont soumises à des stress tels que des dommages à l’ADN ou lors du vieillissement cellulaire.