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Six grands défis de société qui challengent le CNRS
Le CNRS a choisi de mettre en avant six défis sociétaux dans son dernier Contrat d’objectifs et de performance signé avec l’État. Après un an de travail, perturbé par la crise du Covid-19, la dynamique est lancée.
« Se fixer des défis sociétaux est innovant pour le CNRS qui se donnait précédemment des objectifs chiffrés de production scientifique, de taux de succès aux appels européens ou de valorisation des résultats de la recherche », explique Alain Schuhl, directeur général délégué à la science (DGDS) de l’organisme. Un changement « de bon sens » puisque « la force du CNRS consiste à créer des synergies entre les disciplines fortes qu’il développe, afin de contribuer à apporter des éléments de réponse aux questions, rarement disciplinaires, que se pose la société ». Dans son Contrat d’objectifs et de performance 2019-2023 (COP) signé avec l'État, le CNRS a donc inscrit six défis auxquels la société fait face dès aujourd’hui et que l’organisme souhaite éclairer de manière déterminante, aux côtés de 40 priorités thématiques scientifiques à plus court terme. Des défis complexes qui ont été révélés ou sont portés par la science, comme le changement climatique et l’intelligence artificielle, ou qui peuvent être accompagnés par elle, comme la transition énergétique.
Ce COP ayant été signé en décembre 2019, avancer sur ces sujets-clés a été compliqué par la crise sanitaire. Mais malgré le Covid-19, des groupes de travail dédiés ont « pris les choses en main », assure Alain Schuhl. Dans un dialogue inter-institut « de haut niveau » coordonné par ce dernier, les groupes ont ainsi eu la lourde tâche d’identifier les projets et actions déjà menés au sein des laboratoires sur les six défis sociétaux sélectionnés. Cela a permis de déterminer la valeur ajoutée particulière du CNRS et la direction à prendre (voir focus). Des appels à projets ont été lancés dès septembre 2020 et tous les défis auront bénéficié d’ici 2022 d’au moins un appel à projets mené par la Mission pour les initiatives transverses et interdisciplinaires (MITI) dont l’objectif est de soutenir des projets originaux et en rupture nécessitant l’expertise combinée d’au moins deux laboratoires issus de deux instituts du CNRS. La MITI s’applique à tisser ces liens, ce qui s’est par exemple traduit par le fait que plus de la moitié des projets retenus lors des deux dernières éditions du programme 80|Prime sont en relation avec les six grands défis sociétaux.
De nouvelles pistes basées sur les recherches aux frontières
En résonance avec le Réseau thématique pluridisciplinaire « Recherches autour des questions d’éducation » créé en 2020, la MITI lancera aussi un appel à manifestation d’intérêt d’ici la fin de l’année sur le défi « inégalités éducatives », un enjeu multifactoriel pour la société française. Profitant de l’interface qu’offre le CNRS entre sciences humaines et sociales et sciences cognitives, et de son ouverture disciplinaire au-delà (sociologie, économie, philosophie, linguistiques, nouvelles technologies, etc.), cet appel aura pour but d’identifier les équipes et laboratoires de toute discipline intéressés à éclairer les mécanismes éducatifs, les processus d’apprentissage et les politiques publiques dans toute leur complexité.
Ces inter- et pluri-disciplinarités qui suscitent l’émergence de nouvelles pistes basées sur les recherches aux frontières seront aussi au cœur du défi « transition énergétique » qui nécessite des dialogues et des arbitrages pour trouver un bon équilibre à la fois pour la planète et pour les sociétés. Avec la cellule Énergie, lancée dès 2012 pour coordonner et animer les activités de recherche menées dans les dix instituts du CNRS, l’organisme favorise les interactions entre les recherches techniques et technologiques sur les systèmes énergétiques d’une part, et les recherches sur l’impact de ces technologies sur la société, les modes de vie, les comportements, etc. d’autre part. Un cinquième Atelier interinstituts de réflexions prospectives sur l’énergie (ARPEGE) focalisé sur le thème de la transition énergétique sera donc créé au sein de la cellule Énergie pour créer un dialogue entre les quatre autres ARPEGE technologiques (stockage massif, mobilité, bâtiments et villes, stratégies bas carbone) et les aspects sociétaux.
Le défi « large et transverse » des territoires du futur fait quant à lui intervenir l’ensemble des enjeux des autres défis du COP : il nécessite des technologies, pose des risques liés à l’urbanisation et à l’impact sur la biodiversité et les inégalités, influe sur les questions de transition énergétique et de changement climatique, et pourrait bénéficier de l’IA. Plusieurs pistes sont actuellement explorées pour développer une compréhension fine de ce système complexe qu’est le territoire et construire des solutions optimales en lien avec les préoccupations des citoyens.
Véhiculer la stratégie du CNRS à l’échelle internationale
Si les défis ne couvrent pas l’ensemble des recherches menées dans les laboratoires, 43 % des chercheurs et chercheuses recrutés au concours 2020 (soit 109 nouvelles recrues) vont directement contribuer à des recherches qui leur sont liées. Supérieur à l’objectif de +10 % par rapport à l’exercice précédent inscrit dans le COP, ce pourcentage « témoigne de l’adéquation des défis avec les enjeux de recherche actuels et les axes de développement des laboratoires », assure Alain Schuhl.
« Ces défis sont aussi un outil puissant pour véhiculer la stratégie du CNRS à l’échelle internationale », complète Christelle Roy, directrice Europe de la recherche et coopération internationale (DERCI) du CNRS. Les clusters du programme européen Horizon Europe notamment recoupent les problématiques de ces défis, par exemple les clusters « Santé » et « Climat, énergie et mobilité ». Le CNRS a ainsi mis en place des groupes miroirs qui pourront se nourrir des travaux en lien avec les défis, afin de porter les priorités de l’organisme auprès du MESRI et de la Commission européenne. « Ces défis d’aujourd’hui et de demain sont des problématiques plurielles et interdisciplinaires qui bien sûr dépassent le cadre national. Pour y apporter des réponses plus complètes, le CNRS s’appuie sur les expertises de ses chercheurs et chercheuses mais a aussi besoin de coopérer avec ses partenaires en France (universités, autres organismes de recherche, entreprises), mais aussi européens et internationaux », souligne Christelle Roy. Les travaux menés dans le cadre des six défis permettront donc de nourrir les cercles de discussion au plan national, européen et international (et vice-versa), par exemple au sein des consortiums de grande envergure auxquels participent les scientifiques, véritables porte-paroles de la stratégie institutionnelle du CNRS. « La dynamique est importante et nous sommes assurés d’apporter des avancées significatives », confirme le DGDS.
Zoom sur trois défis
Intelligence artificielle
Santé et environnement
Changement climatique
Notes
- https://www.placard-network.eu/ Pour plus d’informations, contactez Sukaina Bharwani sukaina.bharwani@sei.org