Voler dans les dépressions arctiques pour améliorer les modèles de météo et de climat

Terre

En août 2022, deux avions de recherche, véritables laboratoires volants, survoleront l’océan Arctique à l’affût de dépressions polaires afin de mieux comprendre leur développement, leur lien avec la fonte de la banquise, et afin d’améliorer leur représentation dans les modèles de prévisions météorologiques et de climat. Les dépressions arctiques sont des dépressions de grande échelle, typiquement de quelques milliers de kilomètres de diamètre, qui la majeure partie du temps se déplacent au-delà du cercle polaire et peuvent persister jusqu’à 1 à 2 semaines. Beaucoup moins documentées que leurs cousines des latitudes tempérées et potentiellement plus difficiles à prévoir, elles seraient responsables d’épisodes de perte rapide de glace de mer en été. En retour, ces derniers pourraient avoir un impact sur le développement des dépressions arctiques.

Une équipe de recherche anglo-franco-américaine réunie au Svalbard va enquêter sur ces liens entre dépressions, nuages et banquise. Coordonnée par Gwendal Rivière et Julien Delanoë, chercheurs en météorologie au CNRS et à l’UVSQ1 , la partie française de la mission, du 4 au 27 août 2022, sera centrée sur les nuages au sein de ces dépressions. Les propriétés des nuages et des précipitations (quantité d’eau nuageuse et précipitante, taille et concentration des gouttelettes, forme des cristaux de glace) seront étudiées grâce à la combinaison d’instruments de télédétection (radar, lidar et radiomètre) à bord d’un avion ATR-42 et d’instruments de mesures in situ situés sous les ailes de l’appareil. Le Twin Otter de l’équipe anglaise volera lui au ras de l’eau (à moins de 2 km d’altitude) pour étudier les échanges se produisant au contact océan-atmosphère et banquise-atmosphère. Les mesures des deux avions permettront à terme d’améliorer la représentation des nuages et de la banquise dans les modèles météorologiques et climatiques et aussi de simuler les dépressions arctiques de manière plus réaliste.

Cette mission bénéficie du soutien financier du Office of Naval Research (États-Unis), du CNRS, du CNES (France) et du Natural Environmental Research Council (Royaume-Uni).

image satellite
Tempête arctique le 14 août 2020 entre le Groenland, le Svalbard et la Norvège, vue par le satellite Terra de la Nasa (instrument Modis) Certains nuages de ces dépressions, dits de phase mixte (contenant de l’eau à l’état solide et liquide), sont mal compris et mal représentés dans les modèles servant aux prévisions météo et dans ceux qui simulent l’évolution du climat.
© NASA Worldview
avion en vol
L’ATR-42 de Safire (Service des avions français instrumentés pour la recherche en environnement, une infrastructure commune au CNRS, à Météo-France et au CNES) devant les Pyrénées © Claude DELHAYE / Safire / CNRS Photothèque

 

intérieur d'un avion équipé de baies informatiques et d'ordinateurs
L’ATR-42 de Safire (Service des avions français instrumentés pour la recherche en environnement, une infrastructure commune au CNRS, à Météo-France et au CNES) pendant un vol scientifique © Cyril FRESILLON / Safire / CNRS Photothèque
banquise vue du ciel
Banquise se morcelant dans un fjord de l'île du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard en Norvège.
© Erwan AMICE / CNRS Photothèque

 

Des photos de la campagne devraient être disponibles au cours du mois d’août, une fois la campagne débutée.

 

Pour en savoir plus :
Site de l’équipe française :
https://ralithinice.aeris-data.fr

Site de l’équipe anglaise : https://research.reading.ac.uk/arctic-summertime-cyclones

 

  • 1Cette campagne implique des personnels et des instruments du Laboratoire de météorologie dynamique (CNRS/ENS-PSL/Institut polytechnique de Paris/Sorbonne Université)*, du Laboratoire "atmosphères et observations spatiales" (CNRS/Sorbonne Université/UVSQ)*, du Laboratoire de météorologie physique (CNRS/Université Clermont Auvergne), de Safire (CNRS/CNES/Météo-France), du Centre national de recherches météorologiques (CNRS/Météo-France), du Laboratoire d’aérologie (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier) et du pôle Aeris, en France, ainsi que des collègues américains de l’université d’Oklahoma. Le volet britannique de la campagne implique les universités de Reading et d’East Anglia et le British Antarctic Survey. * Ces deux laboratoires font partie de l’Institut Pierre Simon Laplace (IPSL)

Contact

Gwendal Rivière
Chercheur CNRS
Véronique Etienne
Attachée de presse CNRS