Le patrimoine scientifique du Latmos

Institutionnel

Afin de valoriser son patrimoine, le Latmos, premier laboratoire français à s’être lancé dans la recherche spatiale, a créé le projet Lhastec. Cette large base de données en ligne permettra de mettre en avant l’histoire d’un laboratoire pas comme les autres.

Le Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales1 (Latmos) fêtera ses 10 ans en 2019. Il est né de la fusion du Service d’aéronomie (en charge des études de l’atmosphère terrestre et des planètes) et du Centre d'études des environnements terrestre et planétaires (spécialisé dans l’étude de sondage par radar), deux laboratoires dédiés à la recherche spatiale dont les premières études ont participé à la création du Centre national d’études spatiales (CNES).

« Ces deux compétences regroupées ont permis au laboratoire de se spécialiser dans l’étude de l’atmosphère en utilisant des technologies lidar ou radar, des interféromètres et des spectromètres par exemple », note Cécile Takacs, responsable de l'information scientifique et technique au Latmos et en charge du projet Latmos, histoire et archive scientifique et technique (Lhastec).

Le laboratoire s’est imposé sur le devant de la scène en participant à un certain nombre de grandes missions spatiales via la conception d’instruments ou encore le pilotage scientifique de ces missions. On peut mentionner par exemple l’atterrisseur Philae de la mission Rosetta développé au Latmos ou encore le spectroscope Phébus de la mission Bepi-Colombo qui vient tout juste de partir explorer Mercure.

« Le projet, qui a débuté en 2017, est né d’un souhait de Philippe Keckhut, directeur du Latmos et vice-président Innovation de l'université Versailles-Saint-Quentin, de valoriser les prototypes et instruments réalisés au laboratoire participant à la mémoire de 60 années de recherche spatiale. »

En effet, lors du déménagement des deux anciens laboratoires qui allaient créer le Latmos, de nombreux instruments, non répertoriés et non-conservés, ont disparu des radars. Pour autant le laboratoire regorge d’objets, de maquettes d’instrument et de documents formant l’historique de la recherche spatiale française. Des objets laissés de côté alors que leur valorisation répondrait à une forte demande du public.

« Philippe Keckhut s’est tourné vers moi, qui suis la documentaliste du laboratoire, pour mettre en place un projet patrimonial via une approche documentaire afin de valoriser au mieux le laboratoire et les objets développés par ce dernier. »

Cécile Takacs décide privilégie alors une approche impliquant une base de données en ligne qui serait partageable, interopérable et enrichie par d’autres bases de données. Elle se rapproche dans un premier élan de la mission nationale de sauvegarde et de valorisation du patrimoine scientifique et technique (Patstec) dirigé par le Conservatoire nationale des arts et métiers. La documentaliste s’inspire alors de la mission Patstec pour créer son projet : Lhastec.   

« Nous avons deux projets de convention. Le premier avec le Learning center de la future université Paris Saclay qui naîtra de la mutualisation des bibliothèques de l’ENS Paris-Saclay, de CentraleSupélec, de la BU Pharmacie de l'Université Paris-Sud, et d’une partie de collections de la BU Sciences de l'Université Paris-Sud. Nous bénéficierons ainsi du logiciel « Omeka S » qui sera un outil de valorisation du patrimoine et permettra la conservation des données du laboratoire. Il y aura ainsi un catalogue Latmos au Learning center disponible à tous en ligne. »

La seconde convention est, elle, en cours de signature avec Wikimédia France afin de valoriser les données du Latmos sur les plateformes Wikipedia, Commons ou d’alimenter Wikidata. Grâce au web sémantique Omeka S pourra s’enrichir de ces dépôts.

« Ces deux conventions demandent un gros travail à réaliser : cela au niveau du stockage des objets et de la collecte des instruments. Nous faisons des appels, il y a toute une organisation à mettre en place. C’est la deuxième phase de Lhastec qui débute après la première phase d’identification du projet et de caractérisation des métadonnées. »

La troisième phase du projet pour le Latmos sera de valoriser toutes ces données collectées via des prêts d’instruments, des expositions ou encore des actions de médiation afin que les données collectées puissent servir la recherche.

« J’imagine notre projet comme un coffre-fort. Ce gros travail de fond permettra de réaliser beaucoup dans différents domaines et à tous les niveaux en contextualisant les objets documentés. En interne, ce projet à une valeur forte de conservation du patrimoine. En externe, le projet permettra de valoriser la recherche menée sur le territoire. »

 

Laurence Stenvot

  • 1CNRS/université Versailles Saint-Quentin/Sorbonne université