La chaire industrielle REASONS analyse les débats sociétaux relatifs à la transition écologique

REASONS, pour « Renewable Energy Age : Social Notices » (les débats sociétaux à l’ère des énergies renouvelables). Entretien avec Xavier Arnauld de Sartre, directeur de recherche CNRS et directeur du laboratoire TREE.

TEEN, ou les premiers pas d’une recherche partenariale

2015, avec la COP21 à Paris, marque un tournant dans la vie du géographe spécialisé dans la façon dont une innovation se déploie sur un territoire. Alors qu’il travaille depuis des années sur des sujets de biodiversité aux côtés d’acteurs type ONG, Xavier Arnauld de Sartre comprend que « maintenant que les messages sont entendus, il faut contribuer au développement de solutions liées à la transition écologique – et parmi ces solutions, il y a celles portées par les acteurs industriels ».  Le Directeur de recherche au CNRS se forme sur ces questions. Des rencontres de proximité à Pau vont l’amener à mettre en place une collaboration avec TotalEnergies. Un premier travail porte sur la dimension sociale du rejet des énergies fossiles. Le laboratoire TREE conduit ensuite des recherches sur les contestations de la COP21. S’en suit en 2018 la création d’une première chaire, TEEN, pour « Territoires dans les Transitions Energétiques Environnementales » qui étudie un sujet d’intérêt général : les évolutions des contestations depuis l’opposition au climat à l’opposition aux énergies fossiles. Cette collaboration entre le laboratoire TREE et TotalEnergies conjugue une thèse et une série d’études spécifiques de 6 mois chacune. « En analysant la contestation de projets d’agrivoltaïsme ou d’éoliennes off shore, par exemple, nous avons démontré que plusieurs types d’arguments sont à prendre en compte : le territoire, la technologie et le portage politique de la technologie ». Et le chercheur de se réjouir de contribuer, avec ses équipes, à la réflexion sur la manière dont peut se déployer la politique française en matière d’énergies renouvelables.

REASONS, ou la systématisation des études

La nouvelle chaire REASONS marque une étape de maturité. Elle analyse et compare les débats autour des transitions énergétiques et adresse la question de l’acceptabilité sociétale de différentes technologies. « Elle vise à comprendre ce qui se dessine comme ‘’épistémologie civique’’ », résume le Xavier Arnauld de Sartre. Concrètement, elle s’articule en deux volets.  « D’une part, un travail de thèses pour comprendre d’un côté, comment les organisations sociales se positionnent sur le greenwashing, et de l’autre, comment les débats se structurent sur les réseaux sociaux. D’autre part, des études de neuf mois sur huit technologies de transitions, afin de construire une grille de comparaison des débats autour des transitions énergétiques ». Chaque technologie sera analysée à trois échelles : le local, le pays et la filière à l’échelle mondiale. Prenons l’exemple du stockage géologique de CO2. Les travaux porteront sur les débats menés sur des projets spécifiques dans un territoire, sur la filière industrielle et sur la portée des débats sur cette technologie en France ou aux Etats-Unis. Et le chercheur de détailler la démarche scientifique élaborée : « nous analysons chaque technologie selon sept dimensions : la technologie, les impacts locaux, le modèle économique, la question de la justice - qui sont les gagnants et les perdants - les impacts de la filière, les questions de société, et l’espace occupé par la technologie ». A terme, la chaire permettra d’identifier et de comprendre les normes implicites que les débats révèlent.

Une chaire reflet des débats de société sur les transitions

Soutenue par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et dotée d’un financement d’un million d’euros pour une durée de quatre ans, la chaire REASONS met en œuvre une approche multidisciplinaire pour tenir compte des attentes de la société. Elle mobilise, du côté laboratoire TREE, dans l’équipe de Xavier Arnauld de Sartre, deux doctorants, 3 post-doctorants, un informaticien, un géographe, un juriste et des économistes.

Les travaux collectifs menées dans le cadre de cette chaire nourriront le débat public sur les questions de transition énergétique.