Claire Voisin, médaille d’or du CNRS en 2016, reçoit deux prix prestigieux en mathématiques
La mathématicienne Claire Voisin vient de recevoir les prix Crafoord et Frontiers of Knowledge 2024, qui s’ajoutent à sa longue liste de récompenses depuis le début de sa carrière.
Depuis son entrée au CNRS, Claire Voisin enchaîne les trophées : médaille de bronze du CNRS en 1988, d’argent en 2006 et d’or en 2016 ; élue membre de l’Académie des Sciences en 2010 ; première mathématicienne à entrer au Collège de France en 2016, où elle est restée jusqu'en 2020 en tant que titulaire de la chaire de Géométrie algébrique… À cette liste non-exhaustive viennent de s’ajouter deux nouvelles récompenses : le prix Crafoord1 , dont elle est la première femme à recevoir le prix en mathématiques, et le prix Frontiers of Knowledge 20242 , remis par la Fundación BBVA, qu’elle partage avec son confrère états-unien Yakov Eliashberg. Ces deux derniers prix distinguent Claire Voisin d’une part pour ses contributions exceptionnelles à la géométrie complexe et algébrique, notamment la théorie de Hodge, les cycles algébriques et la géométrie hyperkähler et, d’autre part, pour ses travaux au croisement de la géométrie algébrique et de la géométrie symplectique. Elle confirme ainsi l’excellence de la recherche française en mathématiques, particulièrement en géométrie algébrique.
Celle qui est aujourd’hui directrice de recherche au sein de l'Institut de mathématiques de Jussieu – Paris rive gauche3 est en effet reconnue de manière internationale pour ses travaux au carrefour des disciplines mathématiques. Ceci tient pour partie à celle dans laquelle elle s’est spécialisée dès son recrutement au CNRS en 1986, à l’issue de sa thèse : la géométrie algébrique. Car, comme le reconnaissait au moment de sa médaille d’or François Charles, l’un de ses anciens doctorants, aujourd’hui professeur à l’université Paris-Saclay, « ce qui est intéressant en géométrie algébrique, c’est que l’on peut à la fois faire de la géométrie pour comprendre des équations algébriques et faire de l’algèbre pour comprendre des figures géométriques, il y a un va-et-vient permanent entre les deux approches ».
Mais l’approche singulière de la mathématicienne française provient peut-être aussi de sa conception artistique – elle peignait des toiles jusqu’à ses 25 ans – et de sa fibre créative, qu’elle avouait elle-même dans les colonnes de CNRS Le Journal en 2016 : « Je ne vais pas me prendre pour une artiste, mais il est vrai qu’il faut être créatif pour faire de bonnes mathématiques ».
C’est dire l’estime qu’elle porte à sa discipline, dont elle va jusqu’à considérer qu’il s’agit d’un « fait de civilisation » : « faire des mathématiques, affirme-t-elle, c'est une source de connaissance, une manière d'accéder à la connaissance qui est à la base de quelque chose de fondamental dans l'activité humaine ».
- 1Le prix Crafoord est décerné par l'Académie royale des sciences de Suède et la Fondation Crafoord à Lund, en Suède. L'Académie est responsable de la sélection des lauréats. Les disciplines, qui changent chaque année, sont les mathématiques et l'astronomie, les géosciences, les biosciences et la polyarthrite. Le prix récompense sa lauréate ou son lauréat de six millions de couronnes suédoises. Cette année, il sera remis lors des journées Crafoord à Lund et Stockholm, du 13 au 16 mai 2024.
- 2Les prix Frontiers of Knowledge de la Fondation BBVA récompensent des travaux de recherche et de création culturelle de niveau international, notamment pour les contributions de grande portée dans leur originalité et leur importance théorique.
- 3CNRS/Sorbonne Université/Université Paris Cité.