Fellows-ambassadeurs du CNRS : la seconde promotion dévoilée

Institutionnel

Huit nouvelles illustres personnalités de la recherche mondiale ont rejoint le CNRS en tant que « fellows-ambassadeurs » en 2024.

La seconde promotion des fellows-ambassadeurs a été annoncée avec huit nouvelles personnalités de la recherche mondiale nommées fellows-ambassadeurs du CNRS.

Parmi les éminents scientifiques de cette cohorte sont présents Chihaya Adachi, pionnier dans le domaine des diodes électroluminescentes organiques et cofondateur des startups Kyulux et Koala TechEmmanuel Boss, professeur à l’université du Maine, est mondialement connu pour ses recherches océanographiques, en particulier l'étude des planctons. Pierre A. Deymier, enseignant à l'Université d'Arizona, a été distingué par le prix Bloch pour sa contribution exceptionnelle dans le domaine de la phononique. Beate Heinemann, directrice du département de physique des particules du laboratoire national allemand DESY, est une physicienne novatrice dans l'étude des particules fondamentales et fortement impliquée dans le CERN. Florian Luca, professeur à l'université de Witwatersrand, est reconnu pour son expertise en théorie des nombres et son engagement dans la résolution du problème de Skolem. Ardem Patapoutian, chercheur au Howard Hughes Medical Institute, a été honoré du prix Nobel de physiologie ou médecine pour ses découvertes révolutionnaires sur les mécano-récepteurs. Uli Sauerland, directeur de recherche au Leibniz-Centre General Linguistics à Berlin, est reconnu pour ses travaux dans les domaines de la syntaxe, de la morphologie et de l'acquisition du langage. Enfin, Nicola Spaldin, professeure à l'ETH Zurich, est une figure de proue dans le domaine des multiferroïques, ayant reçu le Prix L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science en reconnaissance de son travail novateur.

Ancré dans la tradition des éminents « visiting professors » au sein du milieu académique, ce dispositif inédit pour le CNRS poursuit deux objectifs complémentaires. D’une part, « la qualité des scientifiques de niveau mondial que nous parvenons à attirer démontre l’attractivité du CNRS, au-delà du simple discours », assure Alain Schuhl, directeur général délégué à la science de l’organisme.

D’autre part, le programme vise à dynamiser la recherche française : « Nous pouvons bénéficier du rayonnement et de la notoriété du CNRS pour faire venir les meilleurs scientifiques mondiaux », explique Alain Schuhl. Ces chercheurs et chercheuses prestigieux, invités sur proposition des instituts du CNRS, s’engagent ainsi à passer au moins un mois par an, pendant trois ans, dans un ou plusieurs laboratoires en France.

En étant présent durablement au sein d’un laboratoire, un ou une "fellow-ambassador" devient plus accessible et est disponible pour interagir avec les chercheurs français et les chercheuses françaises sur des questions scientifiques et plus globalement sur la manière de penser la recherche. En particulier, ces personnalités de haut vol pourront prendre un rôle d’accompagnement, de manière plus spontanée, pour les jeunes scientifiques et doctorants qui n’auraient peut-être pas eu l’occasion de les rencontrer en colloque.

Chihaya ADACHI

Chihaya Adachi est professeur à l’Université de Kyushu au Japon et directeur du Centre de recherche sur la photonique et l’électronique organique (OPERA). Ses activités sont centrées sur la chimie, la physique et la mise en œuvre de matériaux semi-conducteurs organiques pour des applications en photonique et en électronique organique. Il est notamment à l’origine du développement de la troisième génération de diodes électroluminescentes (OLED) réalisées à partir de matériaux organiques à fluorescence retardée activée thermiquement (TADF). Cultivant des liens étroits avec l’industrie, Chihaya Adachi a cofondé deux startups : Kyulux, en 2014, pour le développement et la commercialisation de nouveaux matériaux pour le marché des OLED ; et Koala Tech, en 2019, pour le développement de matériaux et dispositifs laser purement organiques. Enfin, il a développé de nombreuses collaborations à l’international, en particulier avec la France. Depuis 2023, il co-pilote avec Fabrice Mathevet (Institut parisien de chimie moléculaire) l’International Research Project LUX ERIT sur les semi-conducteurs organiques pour des applications en photonique et en optoélectronique.

© Université de Kyushu
© Université de Kyushu

 

Emmanuel BOSS

Emmanuel Boss est professeur d’océanographie à l’université du Maine aux États-Unis depuis 2002. Après un master d’océanographie à Jérusalem, il a obtenu un doctorat sur la modélisation de la dynamique des fluides océaniques à grande échelle à l’université de Washington en 1997. Ses travaux, mêlant recherche fondamentale et appliquée, portent surtout sur les méthodes optiques d’étude des matières particulaires océaniques. Ces méthodes s’étendent des mesures in situ à la télédétection par satellite et permettent notamment d’étudier le plancton.

Emmanuel Boss a fondé un comité international de mesure du plancton et dirigé l’équipe Plankton, Aerosol, Cloud, Ocean Ecosystem de la NASA de 2014 à 2017. Il est coordinateur des expéditions Tara et a été membre du comité international sur la couleur de l’océan, du comité international de coordination des études sur le carbone océanique ainsi que de celui sur la surface de l’océan et la basse atmosphère. Intéressé par la transmission des savoirs, il est co-auteur d’une brochure sur les activités pratiques pour enseigner l’océanographie. Il est enfin conseiller scientifique pour le projet de sciences citoyennes Plankton Planet sur le microbiome océanique.

© Emmanuel Boss
© PACE

 

Pierre DEYMIER

Pierre A. Deymier est professeur en science et ingénierie des matériaux à l'Université d’Arizona. Il est également membre du corps professoral de l'Institut BIO5, du programme de génie biomédical et du programme interdisciplinaire d'études supérieures en mathématiques appliquées. Pierre Deymier dirige le nouveau centre de recherche New Frontiers of Sound financé par la US National Science Foundation, qui fédère la recherche sur l'acoustique topologique et ses applications de neuf universités américaines.

Pierre Deymier a obtenu son doctorat au Département de science et d'ingénierie des matériaux du Massachusetts Institute of Technology en 1985 et a ensuite rejoint l'Université d'Arizona.

Les activités de recherche menées par Pierre Deymier couvrent un large spectre dans le domaine de la science et de l'ingénierie des matériaux, portant sur la théorie, la modélisation et la simulation des matériaux, le domaine des métamatériaux acoustiques et des cristaux phononiques et plus récemment de l'acoustique topologique ainsi que des biomatériaux.

En 2023, Pierre Deymier s’est vu décerner le prix Bloch par la Société internationale de phononique pour sa contribution exceptionnelle et durable dans le domaine de la phononique.

© University of Arizona College of Engineering
© University of Arizona College of Engineering

 

Beate HEINEMANN

Beate Heinemann est directrice du département de physique des particules du laboratoire national allemand DESY. En tant que physicienne, elle cherche à comprendre les particules fondamentales et le rôle qu'elles ont joué dans l'évolution de l'Univers. Ses spécialités sont l'interaction faible et la recherche de matière noire au « Large Hadron Collider » (LHC). Elle a été membre de l'expérience H1 à l'accélérateur HERA de DESY, de l'expérience CDF au Tevatron de Fermilab et de l'expérience ATLAS au LHC du CERN et a travaillé pour les universités de Liverpool (Royaume-Uni) et de Californie à Berkeley (États-Unis). Beate Heinemann a été également porte-parole adjointe de l'expérience ATLAS de 2013 à 2017. En 2016, elle rejoint l’Allemagne pour occuper les fonctions de responsable scientifique à DESY et de professeur titulaire à l'université Albert Ludwigs de Fribourg. Depuis 2022, elle est membre de la direction de DESY et professeur titulaire d'Universität Hamburg. Elle est membre de l'« American Physical Society » et titulaire depuis avril 2023 d’un diplôme honorifique de l'université de Zurich. Elle a tissé des liens forts avec la France au fil de plusieurs collaborations étroites sur des expériences depuis le milieu des années 1990.

© DESY/Angela Pfeiffer
DESY, Angela Pfeiffer

 

Florian LUCA

Originaire de Roumanie, Florian Luca a obtenu un doctorat en mathématiques à l’Université de l’Alaska de Fairbanks en 1996 puis a effectué divers séjours de recherche à l’étranger durant lesquels il a notamment obtenu une bourse Humboldt à l’Université de Bielefeld, en Allemagne. Il est aujourd’hui professeur à l'université de Witwatersrand à Johannesburg, en Afrique du Sud, où il est en poste depuis 2014, après avoir passé 14 ans à l’Université nationale autonome du Mexique.

Ses travaux de recherche portent essentiellement sur la théorie des nombres et plus particulièrement sur les équations diophantiennes et les fonctions arithmétiques. Spécialiste dans son domaine, il a co-écrit plus de 500 articles de recherche en mathématiques et a par ailleurs reçu en 2005 une bourse Guggenheim en tant que résident permanent d’Amérique latine. Florian Luca est également impliqué dans le Réseau International de Recherche "Geometry and Arithmetic", aussi appelé IRN GANDA, co-financé par CNRS Mathématiques. Actuellement, ses recherches se concentrent sur le problème de Skolem.

Lire son portrait sur le site de CNRS Mathématiques

© Stellenbosch Institute for Advanced Study.
© Stellenbosch Institute for Advanced Study

 

Ardem PATAPOUTIAN

Éminent professeur à l’institut de recherche Scripps en Californie, Ardem Patapoutian est chercheur au Howard Hughes Medical Institute. Né au Liban en 1967, il émigre en 1986 en Californie pour ses études universitaires, doctorales et post-doctorales. Dans son laboratoire à la Novartis Research Foundation (San Diego) il identifie notamment le récepteur activé par le froid et le menthol et le récepteur impliqué dans la transduction de la douleur. Cette avancée scientifique a ouvert la voie à de nombreuses recherches, notamment dans les domaines de la douleur inflammatoire. En 2010, il découvre la famille des mécano-récepteurs Piezo qui sont des transducteurs cellulaires de la pression mécanique. La découverte des canaux ioniques Piezo 1 et Piezo 2 a en autres permis l’étude de la conservation des mécanismes de mécano-sensation lors de l’évolution. Membre de l’Académie nationale des sciences des États-Unis et de l’Académie américaine des arts et des sciences, il reçoit en 2020 le prix Kayli en neurosciences et en 2021, le prix Nobel de physiologie ou médecine avec David Julius pour leur découverte des récepteurs de la température, du toucher et de la proprioception1 .

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© Scripps Research Institute

 

  • 1Perception qu'a le cerveau de la position des différentes parties du corps dans l'espace et les unes par rapport aux autres, permettant le contrôle de la posture et la coordination des mouvements. (Elle est notamment assurée par des récepteurs sensoriels, les propriocepteurs, situés sur les os, les muscles, les tendons, etc.).

Uli SAUERLAND

D’abord logicien mathématicien, Uli Sauerland a obtenu son doctorat en linguistique au MIT en 1998 sous la direction de Noam Chomsky, Irene Heim et David Pesetsky. Depuis 2005, il dirige le domaine de recherche sémantique-pragmatique au Leibniz-Centre General Linguistics (ZAS) à Berlin, dont il a été le vice-directeur. Il enseigne régulièrement en tant que professeur honoraire à l'université de Potsdam et a été professeur invité dans plusieurs universités européennes, asiatiques et nord-américaines.

La question centrale de son projet de recherche est la suivante : que peut révéler l'étude du langage sur la pensée humaine ? Cette question est au cœur de la philosophie du langage depuis au moins le XVIIe siècle. Cherchant à concilier la vision leibnizienne des langues comme « miroir de l'esprit » avec les idées de Chomsky et d'autres, selon lesquelles le langage semble à bien des égards mal adapté à la communication, Sauerland explore l'hypothèse selon laquelle les représentations de la pensée ne peuvent être utilisées pour la communication langagière qu'après avoir été radicalement réduites.

Les travaux de recherche de Uli Sauerland comprennent de nombreuses contributions influentes à la sémantique et à la pragmatique, mais il est également connu pour ses travaux dans les domaines de la syntaxe, de la morphologie et de l'acquisition du langage, et il a effectué des travaux de terrain dans les îles de la Petite Sonde et en Amazonie. M. Sauerland a également dirigé plusieurs initiatives nationales et internationales de recherche linguistique.

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Nicola SPALDIN

Nicola Spaldin est professeure de théorie des matériaux à l’École Polytechnique Fédérale (ETH) de Zurich. Après des études au Royaume-Uni, elle obtient un PhD en chimie à l’université de Berkeley. Elle s’oriente ensuite vers la physique de la matière condensée et sera professeure pendant 13 ans à l’université de Santa Barbara en Californie avant de rejoindre l’ETH en 2011. Elle a apporté des contributions majeures à l’émergence d’une nouvelle classe de matériaux connus sous le nom de multiferroïques, qui combinent simultanément le ferromagnétisme et la ferroélectricité. Lauréate de nombreux prix et distinctions pour ses travaux de recherche, dont le Prix L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science en 2017, elle est membre du conseil scientifique du Conseil Européen de la Recherche et de l’Académie des Sciences comme associé étranger en section chimie. Elle est passionnée par l'enseignement des sciences et a reçu le prix "ETH Golden Owl" pour l'excellence de son enseignement. Lorsqu'elle n'essaie pas de concevoir un supraconducteur à température ambiante, elle joue de la clarinette, fait du ski ou de l'escalade dans les Alpes.

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© ETH Zürich/Giulia Marthaler