La Cour des comptes salue « l’excellente gestion » du CNRS

Institutionnel

Fin mars 2025, la Cour des comptes a publié un rapport sur le contrôle des comptes et la gestion du CNRS, saluant l’excellente tenue financière de l’organisme et lui proposant quelques recommandations supplémentaires pour encore l’optimiser. Explications par Antoine Petit, président-directeur général du CNRS.

La Cour des comptes a contrôlé le CNRS et vient de publier son rapport. Que retenez-vous de sa tonalité générale ? 

Antoine Petit : La Cour des comptes a procédé à un contrôle des comptes et de la gestion du CNRS sur la décennie 2013-2023. Dans un rapport publié le 25 mars 2025(le lien est externe), la Cour salue « un opérateur unique en son genre, dont l’excellence est universellement reconnue et dont les comptes sont sains », ce dont nous ne pouvons que nous réjouir et nous féliciter. La Cour souligne en particulier que le CNRS fait preuve d’une « maturité dans le domaine de la gestion digne d’être relevée dans le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche » et d’« une aptitude à gérer une organisation matricielle complexe ».

La Cour formule également quatorze recommandations avec l’objectif d’aider le CNRS à optimiser ses moyens, à maintenir son attractivité et à élever encore le haut niveau des activités de recherche, notamment dans leur dimension interdisciplinaire. La Cour nous invite notamment à améliorer l’emploi d’une trésorerie abondante, quoiqu’en grande partie fléchée, à continuer d’attirer les meilleurs talents, à mieux sécuriser les nombreuses applications informatiques et, enfin, à poursuivre la politique de simplification au bénéfice de l’activité scientifique.

La plupart des articles de presse qui ont traité du sujet ces deux derniers jours ont repris ces conclusions, très positives pour le CNRS, même si leurs titres pouvaient parfois laisser penser le contraire pour un lecteur pressé. J’invite toutes celles et ceux que le sujet intéresse à lire le rapport de la Cour qui est constructif et encourageant pour le CNRS.

La Cour des comptes signale 1,4 milliards d’euros dans la trésorerie du CNRS. De quoi s’agit-il ?

A. P. : La Cour relève « une trésorerie élevée » mais il ne s’agit pas d’excédents. Cela correspond pour l’essentiel aux crédits obtenus par les unités de recherche suite aux appels à projets régionaux, nationaux, européens, et qui ont vocation à être dépensés sur plusieurs années. Ce sont donc, en fait, des avances qui apparaissent dans la trésorerie du CNRS le temps de la durée des projets. 

Comme le précise la Cour des comptes, cette augmentation de la trésorerie traduit surtout nos succès croissants dans les appels à projets de toute sorte et « la volonté de laisser aux scientifiques, lauréats des contrats de recherche, la plus grande liberté pour l’usage des ressources qui ont été obtenues grâce au succès de leur candidature ».

En la matière, la Cour recommande une mobilisation plus stratégique des ressources propres disponibles dans les UMR. Elle invite les directeurs et directrices d’unité à proposer, aux tutelles et aux instituts, une utilisation pluriannuelle, le cas échéant mutualisée. C’est dans cet esprit que le CNRS a mutualisé au 1er janvier 2025, à l'échelle de chaque institut, 10 % des ressources propres banalisées. Il a parallèlement demandé aux unités, d'une part de mutualiser en leur sein les ressources propres banalisées, d'autre part de proposer leur utilisation sur une période pluriannuelle. 

L’objectif est de disposer d’une vision pluriannuelle consolidée des besoins pour qu’un surcroît de trésorerie à un moment donné, résultat de la réussite des équipes dans l’accès à des financements compétitifs, ne conduise pas à une réduction pure et simple de la dotation du CNRS. 

La Cour mentionne l’attractivité comme le principal défi à relever pour le CNRS dans les années à venir. Quels leviers envisagez-vous ?

A. P. : Le rapport du comité international mis en place par le HCÉRES en 2023, et maintenant ce rapport de la Cour des comptes, pointent ce que les agents eux-mêmes avaient signalé lors de l’enquête que nous avions menée à l’automne 2023 : « le recrutement et la fidélisation des personnels constitue le principal enjeu stratégique pour le CNRS » dans les années à venir. 

C’est bien pour cela que nous avons placé ce thème en tête du COMP 2024-2028 que nous venons de signer avec l’État. En la matière, la Cour des comptes est extrêmement claire et elle appelle à un renforcement de l’effort « non en raison d’une baisse de la qualité des emplois proposés ou encore de la réputation de l’établissement, mais pour des raisons structurelles liées au fonctionnement et au financement des métiers et carrières de la recherche publique en France ».

Parmi les pistes proposées, la Cour suggère d’« activer plus résolument les capacités de modulation individuelle des rémunérations des scientifiques », un financement supplémentaire pour les jeunes chercheurs et chercheuses au moment où ils sont recrutés, etc. Ces pistes font écho, en grande partie, aux actions menées ces dernières années. Le CNRS rappelle aussi que les rémunérations indiciaires sont importantes pour l’attractivité et pour être à la hauteur de la concurrence au niveau international.