Le CNRS, acteur de la transition environnementale et de la responsabilité sociétale
Le CNRS publie son schéma directeur développement durable et responsabilité sociétale. Un document stratégique qui manifeste l’engagement de l’organisme dans la transition environnementale et la politique sociale en déclinant ses actions structurantes à toutes les échelles et dans toutes les activités de l’établissement.
Antoine Petit souhaite être clair : « Dimension environnementale et dimension humaine des transitions socio-écologiques sont intimement liées. Les problématiques environnementales sont connectées à l’organisation du travail, aux usages individuels et collectifs, au dialogue social avec, parmi les objectifs, celui d’améliorer notre qualité de travail et de vie ». En conséquence, le président-directeur général du CNRS souligne la cohérence qui doit être celle de l’organisme : « Nous devons exercer notre métier – faire de la recherche d’excellence au service de la société – de manière plus durable. Cela passe par le déploiement d’une politique volontariste, à l’instar de notre Schéma directeur développement durable et responsabilité sociétale (DD&RS) ».
De concert avec son Contrat d’objectifs, de moyens et de performances, le CNRS publie en ce début 2025 son schéma DD&RS. Ce document stratégique et transversal constitue la feuille de route des actions en cours ou à réaliser et des indicateurs à suivre pour la transition. Tous les établissements relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche français se dotent progressivement d’un tel schéma directeur sur la base d’un référentiel commun. Pour les laboratoires, cette démarche partagée constitue un facteur de convergence et de cohérence entre les tutelles.
L’intégration des préoccupations sociales et environnementales s’inscrit dans une tendance mondiale de fond : depuis le Sommet de Rio en 1992, les Nations unies et l’Union européenne (UE) encouragent acteurs publics et privés à promouvoir la responsabilité sociétale des organisations, dont le schéma DD&RS est l’un des derniers exemples français en date. Fruit d’une élaboration collégiale à toutes les échelles du CNRS, du local au national et en transversal à toutes les disciplines et tous les métiers au sein du CNRS, le présent schéma, qui couvre la période 2025-2027, vise à amplifier et structurer la politique de l’organisme en faveur de la transition environnementale et de la responsabilité sociétale en embrassant la totalité de ses activités, depuis son cœur de métier jusqu’aux activités supports.
Consolider des engagements
En ce sens, la publication du schéma DD&RS représente « une opportunité stratégique pour renforcer l’action environnementale et sociétale du CNRS », poursuit Antoine Petit. De fait, la démarche en faveur de la transition environnementale au CNRS s’inscrit sur le long terme. Depuis 2020, l’organisme s’est engagé dans la prise en compte croissante des impacts environnementaux de la recherche avec une feuille de route développement durable, complétée en 2023 par un plan de transition bas carbone. Ce plan répondait de manière opérationnelle au constat dressé par un premier bilan d’émissions de gaz à effet de serre réalisé en 2022 sur l’année 2019, exercice réitéré en 2024 sur l’année 2022.
En 2022, la direction générale a saisi le Comité d’éthique du CNRS, qui concluait son avis, rendu à la fin de cette année-là, en affirmant qu’« il est de la responsabilité collective des personnels de recherche de prendre en compte la dimension environnementale de la recherche ». Dans la continuité de cette recommandation, le CNRS a signé en janvier 2024, avec l’ensemble des organismes de recherche nationaux et l’Agence nationale de la recherche, une déclaration d’engagement afin de se mobiliser collectivement pour favoriser les transitions socio-écologiques, dans le cadre de l'objectif français de neutralité carbone à l'horizon 2050. Cet engagement national se double d’un engagement au niveau européen, avec une initiative inédite et tout aussi majeure , aux côtés de douze autres acteurs de la recherche européens : la signature en octobre 2024 de l’accord de Heidelberg en faveur d’une recherche durable.
Il en va de même en matière de responsabilité sociétale, l’autre versant du schéma DD&RS. En effet, « le CNRS s’efforce de mener depuis de nombreuses années une politique des ressources humaines engagée afin de répondre aux attentes des agents et, à travers elles, aux enjeux sociaux », explique Antoine Petit. L’inscription du CNRS dans la Stratégie européenne des ressources humaines pour les chercheurs (HRS4R) depuis 2017 et le renouvellement du label HRS4R en attestent. Créé en 2008 par la Commission européenne, le label HRS4R récompense les institutions scientifiques pour la qualité de leur politique en ressources humaines et la promotion de la mobilité des chercheurs et chercheuses à l’échelle de l’UE. Le CNRS s’engage également en faveur de la diversité, notamment l’emploi des personnes en situation de handicap – à qui se sont adressés quatre plans d’actions successifs – et l’égalité professionnelle femme-homme. Traduit dès 2001 avec la création de la Mission pour la place des femmes, ce dernier engagement s’est d’ailleurs vu honoré l’an dernier par le Prix européen de l'égalité entre les hommes et les femmes en catégorie « avancée » remis par la Commission européenne.
« Notre ambitieux schéma DD&RS se place dans la continuité de ces précédents engagements, fait valoir le PDG du CNRS. Il est nourri des valeurs qui fondent notre établissement et de l’engagement collectif de tous ses personnels et vise à faire du CNRS un acteur public de premier plan de la transition environnementale et de la responsabilité sociétale ».
Une vision systémique et plus de 100 actions interconnectées
En pratique, le schéma DD&RS du CNRS se déploie selon quatre axes : stratégie et gouvernance ; recherche et innovation ; environnement ; politique sociale. Il recense 25 thématiques de la transition socio-environnementale et adopte une approche systémique et interconnectée qui a pour but de favoriser les co-bénéfices et d’éviter les contradictions. Il assure également la mise en cohérence des plans thématiques déjà lancés – à l’instar du plan de transition bas carbone, dont on observe déjà les premières réalisations.
Mobilités décarbonées, numérique responsable, déchets maîtrisés... Le schéma contient plus de 100 actions structurantes. Parmi elles, on relève, pour réduire l’empreinte environnementale des achats qui pèsent pour 85 % des émissions de gaz à effet de serre du CNRS en 2022, l’accompagnement des laboratoires vers, entre autres, la mutualisation et la pérennisation des équipements et l’achat commun de consommables. Le schéma directeur prévoit également de créer un centre de compétences en durabilité pour étendre à d’autres champs de la transition le modèle du groupement de recherche et de service EcoInfo sur le numérique responsable.
Si le schéma prévoit de mesurer plus finement l’empreinte carbone du CNRS, il élargit également le périmètre de l’impact environnemental de l’organisme. Le CNRS prendra désormais en compte ses impacts sur les sols et la biodiversité, la préservation de la ressource en eau, la transition vers une alimentation durable ou encore la maîtrise des pollutions et des déchets. « Au-delà de “l’atténuation”, l’un des principaux enjeux aujourd’hui est en effet d’anticiper les risques qui pèsent sur le potentiel scientifique et technique et de s’y préparer par une démarche “d’adaptation”, inscrite dans les plans nationaux d’adaptation au changement climatique », explique le PDG. Ici, transition environnementale et politique sociale se recoupent. En effet, pour accompagner ses agents dans cette démarche, le CNRS anticipe le besoin de nouvelles compétences-clefs, qu’il faut identifier, développer et accompagner, afin de constituer des équipes spécialisées dans le domaine de la facilitation et de l’accompagnement de la transition. Il s’agit également d’anticiper la transformation des compétences métiers dans le cadre du changement global, mais aussi de répondre à un besoin croissant d’engagement des agents dans les transitions. « La transition ne pourra se faire qu’en favorisant le bien-être des agents, en renforçant la prévention, la qualité de vie, la santé et sécurité au travail », souligne Antoine Petit.
En résumé, « le schéma DD&RS invite à repenser nos pratiques de recherche à l’échelle collective, conclut Antoine Petit. Nous contribuons activement par ce schéma à renforcer la recherche sur les impacts environnementaux ainsi qu’à accompagner toute la chaîne des acteurs, de l’individu au laboratoire jusqu’aux instances dirigeantes, pour intégrer la dimension d’éthique environnementale et de responsabilité sociétale du projet de recherche de son élaboration à sa valorisation ».