« Le partenariat entre le CNRS et la Cour des comptes s'inscrit parfaitement dans ce qui est notre raison d'être : la recherche fondamentale au service de la société »

Institutionnel

Lors d’un colloque fin novembre, le CNRS et la Cour des comptes ont exploré les défis de l’adaptation climatique. Scientifiques et spécialistes de l’action publique ont débattu des stratégies, outils et financements nécessaires pour répondre à l’urgence.

Le partenariat entre la Cour des comptes et le CNRS, initié en 2019, vise à unir la rigueur de la recherche scientifique aux leviers d’action des institutions publiques, pour répondre aux grands défis sociétaux. Après deux premières éditions consacrées aux sciences du numérique (2020) et à la recherche en période de crise sanitaire (2022), cette troisième édition s’intitulait ‘Les politiques d’adaptation face au changement climatique’. Un sujet majeur, qui a mobilisé tout au long de la journée plus de 750 participants, en présentiel au palais Cambon à Paris et à distance.

« Ce partenariat s'inscrit parfaitement dans ce qui est notre raison d'être, c'est-à-dire la recherche fondamentale au service de la société », a indiqué Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, lors de l’ouverture du colloque : une nécessité, d’autant plus pressante face à une urgence climatique qui, a-t-il ajouté, « menace l'ensemble du vivant, y compris les humains. »

Une collaboration au service de l’action publique 
Dans son discours d’introduction, Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, a souligné l’importance stratégique de cette alliance entre science et institutions publiques : « Ce colloque met à l’honneur une relation privilégiée, qui poursuit un objectif clair : réunir des acteurs dont la mission est d’éclairer et d’accompagner les décideurs et décideuses publics dans l’impulsion et la mise en œuvre des politiques d’adaptation au changement climatique. »

Depuis la signature d’une convention de coopération en 2020, le CNRS et la Cour des comptes renforcent les initiatives communes : échanges de documentation, publications scientifiques et formations croisées. Le partenariat s’étend également à l’accueil de jeunes chercheurs au sein des chambres régionales et territoriales des comptes, via des thèses CIFRE1 .

Ce troisième colloque s’est inscrit dans un souci commun de prospective « L’adaptation était au cœur de notre rapport annuel 2024, qui a souligné le rôle indispensable de la recherche pour trouver des solutions adaptées aux défis immenses qui nous attendent, » a rappelé Pierre Moscovici. Antoine Petit a ajouté : « alors que l’urgence climatique va croissante, menaçant l’ensemble du vivant, y compris les humains, il est essentiel de mobiliser toutes les disciplines pour briser les silos et articuler les différents niveaux d’action. »

Atténuation et adaptation pour répondre à l’urgence climatique

Les débats ont porté sur plusieurs thématiques clés à travers cinq tables rondes, explorant les stratégies d’adaptation existantes, les moyens de renforcer la sensibilisation et la formation des décideurs, la mobilisation des expertises scientifiques, le développement de solutions innovantes et les enjeux de financement. Ces échanges ont permis de mettre en lumière les actions nécessaires pour faire face à l’urgence climatique tout en construisant des politiques durables.

Les différents intervenants l’ont rappelé : il nous faut poursuivre la réduction des causes anthropiques du changement climatique, par la baisse des émissions de gaz à effet de serre provenant de la combustion des ressources fossiles et le changement d'usage des sols et modifier le fonctionnement de nos sociétés face à un climat qui a déjà changé et continuera à changer. 

Le changement climatique est une réalité scientifique incontestable et le rôle déterminant des sociétés humaines sur la dérive climatique et la perte de biodiversité est démontrée. Les discussions ont ainsi insisté sur la complémentarité entre atténuation – réduire les émissions de gaz à effet de serre – et adaptation, indispensable pour faire face à des transformations déjà irréversibles. La biodiversité a été au cœur des échanges, rappelée comme un pilier essentiel pour maintenir la résilience écologique. Alimentation, régulation des crises environnementales, gestion des ressources en eau : autant de services rendus par le vivant qu’il est crucial de préserver pour renforcer la capacité des territoires à s’adapter. Enfin, les discussions ont exploré des sujets essentiels, notamment la nécessité de renforcer la formation des décideurs publics et les avancées scientifiques issues de programmes comme les PEPR, qui jouent un rôle clé pour structurer l’innovation en matière d’adaptation.

Les scientifiques Valérie Masson-Delmotte2  et Franck Courchamp3  ont lancé les débats par leurs interventions complémentaires. Valérie Masson-Delmotte soulignant l’importance des modèles scientifiques pour anticiper les impacts climatiques et guider les politiques publiques et Franck Courchamp mettant en lumière les interactions entre climat et biodiversité, montrant comment la dégradation des écosystèmes amplifie les risques environnementaux. 

Les discussions qui se sont succédées, ont souligné le besoin d’une recherche fondamentale de haut niveau, consacrée à la compréhension et la modélisation des phénomènes climatiques et de leurs conséquences, à l’étude du système Terre et de la biosphère, à la fois à l’échelle globale et locale.

Ces recherches sont indispensables non seulement pour étudier les mécanismes en jeu, les capacités de résilience et d’adaptation (voire les limites de non-adaptation) des territoires. Elles nécessitent aussi, pour traduire ces connaissances en actions concrètes pour éclairer les décideurs et les acteurs locaux, une co-construction des questions de recherche entre scientifiques de toutes disciplines et porteurs d’enjeux, afin de créer un véritable dialogue pour une science pleinement intégrée à la société. 

  • 1Le dispositif des Conventions industrielles de formation par la recherche (Cifre) permet à l
  • 2Paléoclimatologue, directrice de recherche au Commissariat à l
  • 3Écologue français, directeur de recherche au CNRS à l’Institut national d’écologie et environnement. Il est auteur de rapports dans des panels intergouvernementaux tels que la Convention sur la diversité biologique, le GIEC ou l

Colloque Cour des comptes / CNRS - Les politiques d'adaptation au changement climatique

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