« Nous souhaitons à présent être davantage proactifs »

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Projets soutenus, ouverture à l’international, fondations sous égide… Le directeur général de la Fondation CNRS, Michel Mortier, fait le bilan des dernières actions menées.

La Fondation CNRS a maintenant quatre ans : comment se porte-t-elle ?
Michel Mortier1  : Elle remplit quotidiennement sa mission : permettre aux citoyens et citoyennes et aux entreprises de contribuer à l’avancée de la connaissance scientifique grâce à des dons, legs et mécénats. En quatre ans, la Fondation CNRS a lancé de nombreuses actions de soutien des projets et talents de l’organisme, et ce malgré la crise du Covid-19 qui a pu nous ralentir. Nous avons à ce jour reçu 350 dons et mécénats pour un total de 2,75 M€. Nous sommes aujourd’hui dans une phase de consolidation. Mais l’équipe de la Fondation CNRS s’est récemment agrandie, ce qui donne une impulsion nouvelle : nous souhaitons à présent être davantage proactifs dans le développement de la Fondation et la recherche de mécènes.

Depuis un an, la Fondation a renforcé sa politique de talents.
M. M. : Oui, nous avons organisé en 2022 la première remise du prix Suzanne Bella Srodogora, créé par trois amis souhaitant honorer la mémoire de la première femme lauréate du cristal du CNRS2 , qui s’est battue tout au long de sa carrière pour valoriser la place des femmes dans le monde scientifique. Ce prix annuel récompense une femme personnel d’appui à la recherche et lauréate d’une médaille de cristal dans les trois années précédentes. Mylène Pardoen s’est vue remettre ce prix en septembre 2022 et nous avons annoncé les lauréates de la deuxième édition en janvier : Hélène Marec et Sophie Hontebeyrie.

Nous avons aussi créé un prix en l’honneur de Georges Brahms, chercheur et mécène de la Fondation CNRS. Cette bourse d’installation de 10 000 euros est attribuée à l’un ou l’une des chargé(e)s de recherche du CNRS recrutés dans l’année par l’Institut des sciences biologiques dans le domaine de la biologie de l’ADN – domaine dans lequel Georges Brahms a publié des travaux fondateurs. La première lauréate est Priscillia Lhoumaud.

Enfin, la médaille d’or du CNRS, qui récompense des contributions exceptionnelles à la science, est désormais accompagnée d’un prix de 50 000 euros financé par la Fondation CNRS.

Jean-Marie Tarascon et Michel Mortier
Le chimiste Jean-Marie Tarascon est le premier lauréat de la médaille d’or du CNRS à se voir remettre une dotation financée par la Fondation CNRS. © David Pell pour le CNRS

Qu’en est-il de vos actions de soutien à la recherche ?
M. M. : Cette année, nous avons soutenu une action singulière sur la thématique du changement climatique et de la transition énergétique : grâce à plusieurs dons de particuliers qui ont choisi cette thématique, deux années de post-doctorat sont financées sur un projet visant à promouvoir une transition vers une agriculture plus écologique. Mêlant écologie et droit, ce projet devrait avoir de réels impacts et créer un effet levier important vers un usage plus vert des terres agricoles. Les donateurs sont nombreux à choisir cette cause et il est important pour nous de strictement respecter leurs volontés.

Nos mécénats d’entreprises – avec des donateurs comme Groupama, Atea Pharmaceuticals, Bayer, Capgemini Engineering, Solvay ou encore Google – ont aussi permis de soutenir 14 projets de recherche pour un montant total de 1.7 million d’euros, soit quatre fois le montant de l’année précédente. Ces derniers mois, les dons internationaux ont aussi connu un élan significatif. En effet, la Fondation CNRS est désormais reconnue par l’administration fiscale américaine, ce qui permet aux entreprises américaines d’effectuer des dons dans le respect des règles et du droit américains.

La Fondation s’ouvre-t-elle donc à l’international ?
M. M. : Le CNRS jouit d’une réputation internationale très forte : il est le premier organisme de recherche européen et le deuxième au monde. Le programme Fellows-ambassadeurs du CNRS, soutenu par la Fondation CNRS via le versement de bourses, contribue d’ailleurs à cette notoriété. Pour la mettre à profit, la Fondation CNRS est devenue partenaire de Friends of Fondation de France, qui facilite les donations de mécènes vivant aux États-Unis envers des fondations et associations françaises. Nous avons aussi adhéré au programme Transational Giving Europe qui permet aux donateurs – particuliers et entreprises – de nous soutenir tout en bénéficiant des avantages fiscaux prévus par la législation de leur pays de résidence. À ce jour, ce dispositif est opérationnel pour les dons en provenance de l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, le Luxembourg, le Royaume-Uni et la Suisse.

Michel Mortier et Françoise Gaill à une table, signant une convention
Françoise Gaill, conseillère scientifique au CNRS, porte l’initiative IPOS depuis 2019 et vient de créer la Ocean Sustainability Foundation, fondation sous égide de la Fondation CNRS, pour la soutenir. © CNRS

En 2021, vous annonciez l’accélération du programme de « fondations sous égide » de la Fondation CNRS. Où en êtes-vous ?
M. M. : Lorsqu’un don important lui est fait en faveur d’une cause précise ou pour mettre en valeur un donateur, la Fondation CNRS a la possibilité de créer une fondation sous égide en son sein pour lui apporter son support juridique et financier. Deux nouvelles telles fondations sous égide ont été créées en juillet 2022 : 1 Ocean a pour mission de mettre en images la recherche scientifique sur la question des océans et des milieux marins et Owntech vise à démocratiser l’accès à l’électronique de puissance, technologie au cœur de l’électrification de la société et indispensable à la transition énergétique.

Lors d’un colloque exceptionnel organisé par le CNRS les 18 et 19 avril 2023 à Bruxelles, la Fondation CNRS a signé la convention de création de la Ocean Sustainability Foundation, portée par la biologiste marine Françoise Gaill pour soutenir l’initiative du Panel international pour un océan durable (IPOS). La Fondation Avenir Afrique, quant à elle, promeut et soutient le projet « ingénierie durable des produits biosourcés » (IBDio) qui s’applique à faire émerger de nouvelles filières de valorisation de ressources renouvelables et de déchets : sa journée officielle de lancement aura lieu le 25 septembre.

Trois autres fondations sont en cours de création – portant le total à dix – et trois nouvelles candidatures seront présentées au conseil d’administration de la Fondation CNRS fin juin. Les fondations sous égide sont un outil puissant et structurant : il y a une forte demande de la part de scientifiques pour mettre en avant une cause et de mécènes qui souhaitent accompagner des projets.

  • 1Directeur de recherche au CNRS, Michel Mortier est spécialiste des matériaux inorganiques pour l’optique et la photonique. Il a dirigé le département Henri Moissan au sein de Chimie ParisTech, avant de fonder l'Institut de recherche de chimie Paris (CNRS/ENSCP-PSL) qu’il dirige toujours. Après avoir été chargé de mission puis conseiller du président du CNRS, il a été délégué général à la valorisation du CNRS puis directeur général délégué à l'innovation. Il a pris la tête de la Fondation CNRS à sa création en 2019.
  • 2Créée en 1992, la médaille de cristal du CNRS distingue chaque année des femmes et des hommes, personnels d’appui à la recherche, qui par leur créativité, leur maîtrise technique et leur sens de l’innovation, contribuent aux côtés des chercheurs et des chercheuses à l’avancée des savoirs et à l’excellence de la recherche française.