Politique de site : le CNRS répond présent

Institutionnel

À mesure qu'émergent en France de grandes universités de recherche, le CNRS y a considérablement renforcé sa présence, assurant ainsi son rôle de partenaire privilégié.

Dans la compétition entre grandes universités, instaurée par les classements internationaux tels que le classement de Shanghai1, le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) français compte bien tirer son épingle du jeu ! C’est pour apporter une visibilité internationale qui pouvait manquer aux établissements de l’ESR français que le gouvernement a imaginé à partir de 2010 la politique des Initiatives d’excellence (Idex) et des Initiatives sciences, innovation, territoires, économie (I-site) dans le cadre du Programme d’investissement d’avenir. Le concept ? Faire émerger des universités pluridisciplinaires de rayonnement mondial à la puissance scientifique de premier plan grâce à des regroupements territoriaux d’établissements d’enseignement supérieur (universités et grandes écoles).

Une révolution dans le paysage de l’ESR à laquelle « Le CNRS a contribué dès le départ à la structuration dès différents sites, indique Alain Schuhl, directeur délégué général à la science de l’organisme scientifique. Aujourd’hui encore, nous souhaitons contribuer à l’émergence des grandes universités de recherche avec comme objectif d’en être un partenaire fort. »


Les acteurs locaux, la pièce maîtresse
Un enjeu important qui s’inscrit notamment au sein de la politique de site mise en place par le CNRS. Celui-ci se positionne en effet comme un partenaire privilégié des grandes universités de recherche et des collectivités territoriales en apportant à ces dernières sa vision nationale et internationale. « Il s’agit d’identifier les domaines pour lesquels chaque site est le plus performant afin de construire une complémentarité nationale et une mise en réseau des acteurs », indique Alain Schuhl. Des thématiques scientifiques, aux relations avec le monde industriel, en passant par l’apport de la science aux politiques publiques ou encore la diffusion de la culture scientifique, une politique de site se bâtit par la conjonction des politiques des acteurs intervenant sur le site.


Pour renforcer sa présence sur les sites, le CNRS a imaginé un dispositif inédit : chaque directeur ou directrice d’institut s’est vu attribuer une fonction de directeur/trice scientifique référent (DSR) Cette fonction, créée en 2010 par Alain Fuchs, alors président du CNRS, permet aux dix directeurs d’instituts d’être les interlocuteurs privilégiés auprès des acteurs de chaque site (universités, écoles, collectivités, industriels, associations…). Pour chaque site, le DSR s’appuie sur une équipe composée du délégué régional (DR) et, depuis peu, d’adjoints au DSR (ADSR). « Cette équipe a pour mission d’élaborer la stratégie globale du CNRS sur le site, de la proposer au comité de direction du CNRS, puis de porter cette stratégie une fois qu’elle a été validée », précise la directrice de la Dapp Virginie Bonnaillie-Noël. Cette stratégie est élaborée dans une logique de partenariats avec l’ensemble des acteurs présents sur le site.


Indispensable remontée d’informations
« Ce dispositif permet un suivi global de la vie des sites et fait le lien avec le PDG du CNRS. Il y a une remontée d’informations impressionnante mise en place sur trois niveaux : DSR, ADSR et DR », déclare Pascal Auscher. Directeur de l’Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions du CNRS, il est le DSR de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Une région qui regroupe trois sites : Lyon Saint-Étienne, Grenoble-Alpes et Clermont-Auvergne. Chacun de ces sites a été lauréat d’une Idex ou I-site qui sera évaluée en 2020 et est en train de construire de nouveaux établissements expérimentaux. « Le rôle de DSR pour un directeur d’institut est très important, il me serait impossible de passer plus d’une journée mensuelle sur chaque site ! C’est à ce niveau que les ADSR et DR interviennent en se rendant régulièrement sur sites et en se tenant au fait des évolutions de ces derniers, notamment en siégeant au sein des différentes instances. », précise Pascal Auscher.


C’est le cas pour Laurence Hartmann, ADSR depuis cinq ans du site alsacien et du site lillois dont elle suit la construction depuis ses débuts. « Nous sommes partis d’une feuille blanche. Il a fallu tout construire afin de valoriser l’excellence du site, les aspects recherche, formation et innovation », indique l’ADSR qui siège pour le CNRS au sein du comité de pilotage de l’I-site Université Lille Nord Europe.


Un soutien pour les grands projets
Un partage d'informations et de réflexions qui ne serait pas complète sans l'action des délégués régionaux, parties prenantes dans la construction de ces sites ancrés territorialement. « En tant que déléguée régionale, du fait de ma connaissance de l'écosystème (au sens partenaires académiques et socio-économiques et collectivités territoriales) et des attentes des laboratoires, je contribue à la construction de la stratégie du CNRS sur les sites et à son déploiement adapté aux spécificités locales en mobilisant les équipes de la délégation », explique Muriel Sinanides, DR Centre-Est de 2016 à 2019. Le périmètre de cette délégation regroupe des sites très différents : la Lorraine et son université fusionnée, la Bourgogne Franche-Comté qui s’articule autour de la Communauté d’universités et établissements, et la Champagne- Ardenne où les forces CNRS sont moins nombreuses.

Si le CNRS assure un lien constant avec les différents sites pour favoriser leur construction, il faudra également penser au futur des Idex et I-site. Une fois ces dernières confirmées, le CNRS, partenaire de toutes les Idex et de la plupart des I-site, a l’ambition de construire de grands projets scientifiques avec les grandes universités qui auront émergé.