Prématuration au CNRS : « plus de 310 projets accompagnés »

Institutionnel

Lancé en 2014, le programme de prématuration du CNRS a accompagné plus de 310 projets depuis sa création pour un budget total de 38 millions d’euros. Retour sur son évolution avec Miranda Delmotte, directrice Prématuration de CNRS Innovation.

Quel bilan peut-on faire du programme de prématuration du CNRS qui est aujourd’hui dans sa 9e année ?

Miranda Delmotte : Le programme de prématuration du CNRS fêtera ses 10 ans en 2024. C’est un outil indispensable pour assurer le financement d’une étape clé du processus de transfert d'une technologie vers le marché : la prématuration. Il vise à accompagner les premières étapes du développement technologique de projets émergents à fort potentiel d’innovation. Il a été créé par le CNRS en 2014 et est piloté depuis 2020 par CNRS Innovation, la structure nationale de valorisation et de transfert de technologie du CNRS. Sur ces trois dernières années, on observe une véritable montée en puissance du programme. Un engouement pour le programme qui s’est notamment traduit par l’augmentation de son budget, passant de 500 000€ en 2014 à 10M€ d’euros en 2022 et 2023. Nous sommes un des seuls organismes de l’ESR français à proposer un budget en prématuration aussi conséquent.

Au total, le CNRS a alloué depuis sa création 38M€ à son budget prématuration avec 314 projets accompagnés pour une enveloppe moyenne de 120 000€ par projet. Nous avons lancé en 2023 une enquête sur les 146 projets de prématuration déjà clôturés. Son bilan montre que 40 % des projets clos ont fait l’objet d’une maturation avec le financement de Sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT)1  et que 70 % des projets se valorisent par le biais de la création d’entreprise.

Concrètement, comment sont accompagnés les chercheuses et les chercheurs durant le programme ? A quoi sert la prématuration ?

M. D. : L’accompagnement en prématuration dure de 12 à 18 mois et permet une évolution en TRL2 —échelle qui mesure la maturité technologique—allant de 1-2 jusqu’à 3-4 en sortie de la prématuration. Tous les domaines de recherche sont concernés : la chimie, les sciences biologiques, la physique, les sciences de l’ingénierie et de systèmes, et on observe aussi une montée en puissance des projets en sciences humaines et sociales.

Le besoin en prématuration est détecté par les acteurs locaux avec lesquels nous travaillons étroitement : les instituts du CNRS, les services partenariat et valorisation locaux du CNRS, mais aussi nos partenaires universitaires et les SATT (société d’accélération de transfert de technologies). Si la qualité scientifique des projets est un point fort, les projets candidats sont aussi sélectionnés en fonction de stratégies de valorisation qu’ils proposent et de l’adéquation du produit ou service envisagé avec un marché. Dès la phase de sélection, les chercheurs sont confrontés au regard d’un comité de sélection thématique composé d’experts socio-économiques (industriels, fonds d’investissement…) externes au CNRS qui apporte une lecture « business » du projet et amène le porteur du projet à réfléchir en ces termes.

Une fois entré en prématuration, le chercheur reçoit un accompagnement personnalisé par chargé de projet dédié de CNRS Innovation tout au long de du programme.  Tous les projets n’ont pas les mêmes besoins : part-on vers un transfert industriel ou vers une création de start-up ? Comment se positionne la concurrence ? Qui peuvent-être les utilisateurs finaux ?... Il faut arriver à la fin de la prématuration avec des éléments qui intéressent le jalon d’après - c’est-à-dire le transfert industriel ou la maturation en SATT – en ayant déjà creusé le marché. Pour tous les projets, nous travaillons sur le continuum de financement. Nous sommes la première brique et nous voulons intéresser le jalon d’après. Si la SATT doit s’investir dans le projet, il est important qu’elle soit mise dans la boucle le plus en amont possible.

Justement, comment s’opère le lien entre le programme de prématuration et les autres dispositifs existants - notamment la maturation assurée par les SATT, une étape logique après la prématuration ?  

M. D. : Dès la phase de candidature, nous sommes en lien avec les SATT. Avec elles, nous confirmons si les pistes de l’accompagnement proposées correspondent aux attentes de chacun. Grâce à cette organisation, nous assurons une collaboration fluide entre nous, ce qui permet à la SATT de prendre la main dès la clôture de la prématuration d’un projet.

Comment le récent appel à propositions prématuration-maturation France 2030 va-t-il impacter le programme de prématuration du CNRS ?

M. D. :  L’appel à propositions « prématuration-maturation » - lancé dans le cadre du plan d’investissement France 20303  - soutient le cycle de l’innovation dans les stratégies nationales d’accélération. Celles-ci visent à consolider des pans technologiques de secteurs stratégiques comme les technologies quantiques, l’agriculture durable, l’IA, ou encore la digitalisation et la décarbonation des mobilités. Dans ce cadre, l'État a alloué 275M€ à 17 consortiums lauréats de cet appel à propositions. Le CNRS est quant à lui chef de fil de quatre consortia4  et partenaires de six5 .

Cet appel à propositions - dont les résultats ont été annoncés en janvier 2023 – nous permet de renforcer nos liens avec les différents offices de transfert de technologies (OTT) de l’ESR français, de mieux travailler le continuum d’accompagnement et nous apporte une vision nationale sur les thématiques des consortia. Les projets sélectionnés dans le cadre de l’appel prématuration-maturation France 2030 bénéficient d’un cofinancement qui va permettre d’augmenter de 30 à 50 % les budgets de prématuration et de doubler les budgets de maturation ce qui permettra une accélération de leur valorisation.

  • 1Créées à partir de 2012 dans le cadre du Programme d'investissements d’avenir (PIA), les SATT sont les premiers acteurs régionaux du processus de maturation et de valorisation de la recherche publique. Réparties sur le territoire national et dotées collectivement de près d’1 milliard d’euros, les 13 Satt assurent l’interface entre les laboratoires et le monde économique pour le transfert de technologies.
  • 2Technology Readiness Level rajouter les echelles.
  • 3Avec 54 milliards d’euros, ce plan doit permettre de rattraper le retard industriel français, d’investir massivement dans les technologies innovantes ou encore de soutenir la transition écologique.
  • 4Batteries ; Décarbonation de l’industrie ; Recyclabilité recyclage et réincorporation des matériaux ; et Technologies quantiques.
  • 5Maladie infectieuses émergentes et menaces ; Biothérapies et bio-production des thérapies innovantes ; Santé Numérique ; Produits biosourcés et Carburants Durables ; Hydrogène décarboné ; Industries culturelles et créatives.

Programme de prématuration : Bilan 2022

Pour en savoir plus sur le programme de prématuration du CNRS, découvrir le Bilan 2022 des projets accompagnés.