Start-Up : « RISE est avant tout un programme d’accompagnement à l’entrepreneuriat sur-mesure »

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Lancé en 2019, le programme RISE d’accompagnement vers la start-up du CNRS a su faire ses preuves auprès des chercheurs-entrepreneurs de l’organisme. Un accompagnement qui s’exporte même aujourd’hui à l’échelle européenne. Thomas Ribeiro, directeur du département start-up revient sur le dispositif.

Le programme RISE entre dans sa 5ème année, quel bilan peut-on dresser aujourd’hui ?

Thomas Ribeiro : Nous en sommes aujourd’hui à la 8e promotion du programme1  et une 9ème promotion sera annoncée début juin, nous venons d’en cloturer l’appel à candidatures. En tout, RISE, qui permet d’accompagner le déploiement des innovations de rupture développées dans les laboratoires du CNRS, représente 250 projets évalués, 107 projets lancés et 50 créations effectives de start-up.

RISE est né d’un besoin d’accompagnement sur la structuration amont du projet de création d’entreprise. En effet, c’est à ce moment là où se décident le marché qui sera adressé par la startup, le modèle économique qu’elle souhaite mettre en œuvre ou encore la composition de l’équipe. Bien réfléchir à l’ensemble de ces éléments est nécessaire si l’on souhaite optimiser les chances de succès de la startup, puisqu’au mieux une startup se structure avant son immatriculation, plus vite elle arrive à se développer et ses technologies se déployer sur le marché. RISE a donc pour ambition de répondre à trois objectifs : s’assurer que l’entreprise a un vrai potentiel à développer, vérifier que l’équipe qui porte le projet est bien légitime (avec notamment la place du chercheur au sein de l’équipe opérationnelle), et enfin valider le « business plan2  ». L’idée est d’accompagner la montée en puissance de la start-up ainsi que la transition du chercheur vers une posture d’entrepreneur.

Au fil des années, le programme a profité d’une dynamique globale très favorable avec notamment Bpifrance3  et le plan d’action sur la deeptech4  qu’elle porte pour le compte de l’Etat, mais également l’engagement des Sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT)5  qui structurent les projets avec les équipes en laboratoire, ou encore la sensibilisation réalisée par le CNRS autour de l’innovation. L’objectif n’est pas de transformer tous les chercheurs en entrepreneurs, mais de leur donner la possibilité de s’engager dans la voie de l’entreprise dotés des meilleurs armes ou d’accompagner le transfert des technologies issues de leur recherche vers le marché. Cette volonté s’affiche également à l’échelle de l’Union Européenne qui se structure sur ces sujets notamment au travers du Conseil européen pour l’innovation (EIC) et ses financements Pathfinder6  et Transition7

Concrètement, en quoi consiste l’accompagnement piloté par les équipes de CNRS Innovation ?

T. R. : L’accompagnement dure 12 mois. Nous réalisons un premier bilan à 360° du projet sur l’ensemble des aspects clé (équipe, technologie, marché, produit, propriété intellectuelle et aspects légaux/réglementaires, communication, …), puis nous co-construisons avec l’équipe du projet la feuille de route de l’accompagnement, déclinée comme la liste des actions prioritaires à mener sur l’ensemble des aspects du projet entrepreneurial. C’est avant tout un accompagnement sur mesure qui se réalise en fonction des besoins du projet—car tous sont uniques. Certains ont un niveau de maturité technologique très avancé, d’autres une équipe déjà formée… RISE se décline donc selon des actions différentes. Les chercheurs-entrepreneurs de RISE bénéficient également d’une formation à l’entrepreneuriat au travers du programme de formation de notre partenaire Deeptech Founders qui leur permet d’échanger avec des scientifiques entrepreneurs.

La valeur ajoutée de CNRS Innovation est également l’accompagnement opérationnel dans le positionnement de la technologie sur le marché, via l’identification des axes de création de valeur et de la concurrence. Cela se traduit par des études de marché, des interviews d’acteurs, etc. afin que le projet dispose d’hypothèses validées pour se lancer. Mais RISE forme surtout les nouveaux entrepreneurs à réaliser eux-mêmes ce type d’études pour maintenir un projet viable sur le long terme ou identifier de nouvelles opportunités.

Nos équipes sont composées de start-up managers qui disposent de formations scientifiques (allant du master au doctorat) et prennent en charge l’accompagnement d’un projet selon leur  domaine d’expertise. C’est, par exemple, particulièrement un enjeu pour un projet en santé qui inclut des obligations réglementaires particulières. Il est important d’avoir des personnes qualifiées pour chaque sujet.

Enfin, les projets accompagnés dans le cadre du programme RISE bénéficient du support apporté par les mentors du programme. Véritables partenaires pour accompagner les porteurs de projets dans leurs réflexions, les mentors partagent leurs expertise et expérience sur des sujets clés pour le projet, allant de la déifinition de la vision de la future startup à la stratégie de développement partenarial. Si les mentors interviennent généralement de manière ponctuelle, il n’est pas rare que les porteurs de projet proposent à certains mentor d’intégrer l’advisory board de la future startup.

Et le CNRS va apporter son expertise en accompagnement de start-up à l’échelle européenne…

T. R. : En effet, le CNRS a monté avec huit autres partenaires européens8  un consortium pour répondre  à un appel d’offre de l’EIC lancant le programme Tech to Market Entrepreneurship visant à proposer un accompagnement à l’entrepreneuriat aux lauréats Pathfinder et Transition. Ce programme a deux ambitions. La première : proposer des programmes plus ou moins intensifs et poussés en fonction des besoins des projets. Et la seconde : mettre en place des partenariats auprès d’organismes européens avec pour mission de diffuser les bonnes pratiques auprès de ces structures.

On note donc que les bonnes pratiques mises en œuvre dans le cas de RISE sont exportées à l’échelle européenne qui déploie le même type de coaching. L’appel Pathfinder est un dispositif très sélectif avoisinant les 7 % de taux de succès. Il s’agit donc de fournir une réelle expertise pour accompagner nos chercheurs ...

Pour en savoir plus sur le programme RISE et découvrir les projets de start-up sélectionnés et accompagnés en 2022, consulter la plaquette « Le programme RISE bilan 2022 ». 

  • 1Chaque année, Rise accompagne deux promotions de start-up.
  • 2Plan décrivant la stratégie financière et commerciale choisie pour mener à bien un projet entrepreneurial.
  • 3Banque Publique d’Investissement. Bpifrance accompagne les entreprises de l’amorçage jusqu’à la cotation en bourse. 
  • 4Startups proposant des produits ou des services sur la base d'innovations de rupture.
  • 5Société spécialisée dans la valorisation des connaissances en matière de recherche et d'innovation.
  • 6Anciennement programme FET (« Future Emerging Technologies ») dans Horizon 2020, il soutient les projets visant à explorer des idées novatrices et risquées, susceptibles de conduire au développement de nouvelles technologies et à terme d’innovations de rupture. C’est le pilier amont pour aider à transformer les nouvelles connaissances en innovation au sein d’une start-up ou spin-off.
  • 7Nouveauté du programme Horizon Europe. Il vise à favoriser et accélérer le passage d’une preuve de concept à une technologie prête à être mise sur le marché. Cette étape cruciale, mêlant développement technologique, recherche et études de marché a pour but de dérisquer les projets et d’offrir les moyens aux porteurs de projet pour passer au stade supérieur et se rapprocher du marché. L’EIC Transition vient supplanter un déficit typiquement européen : la grande difficulté à utiliser la connaissance pour la transformer en produit ou procédé.
  • 8Innova, Deeptech Founders, Adoc Talent Management, Schoolab, Institute for Entrepreneurship Development, European Startup Network, Euratechnologies et  Booster Labs