Isabelle BillardPhysicochimiste
Isabelle Billard est directrice de recherche CNRS au Laboratoire d’électrochimie et de physicochimie des matériaux et interfaces (LEPMI - CNRS / UGA - Grenoble INP-UGA / USMB). Elle travaille au sein du groupe “recyclage, valorisation et seconde vie”.
Petite, quand Isabelle Billard demande pourquoi certains ont les yeux bleus et elle marron, ses parents adaptent leurs explications de l’hérédité à son âge mais quand elle leur demande pourquoi il faut dire bonjour ou mettre la fourchette à gauche de l’assiette, ils répondent simplement «parce que », ce qui l’agace prodigieusement. Ces « parce que » vides de sens lui donnent envie de faire des sciences pour avoir toujours une vraie réponse. À vingt ans, elle adore les mathématiques qui décrivent le monde et sont si élégantes. En école d’ingénieurs, la physique du solide la déçoit, par son absence de fantaisie. En thèse, elle découvre le joyeux désordre qui règne dans les liquides mais qui est cependant décrit par les mathématiques et elle sait alors qu’elle veut étudier la physicochimie des liquides.
Isabelle Billard tente de recycler les métaux présents dans les objets du quotidien ou dans les déchets industriels : nickel et terres rares dans les aimants des éoliennes, batteries des téléphones portables, platine et cobalt des piles à combustible des voitures à hydrogène, chrome et fer des déchets d’aciérie. Pour cela, elle cherche des méthodes d’extraction liquide-liquide peu dommageables pour l’environnement et peu coûteuses pour les industriels. Il faut expérimenter pour un métal unique, puis comprendre pourquoi ça marche ou pas, en utilisant les mathématiques qui décrivent la chimie et enfin vérifier dans un cas réel. Elle adore se confronter à la difficulté du cas réel qui lui rappelle toujours que rien n’est jamais gagné. Son métier est différent tous les jours, avec ses surprises et ses déceptions. La routine n’existe pas, elle ne s’ennuie jamais.
« De nombreux milieux, autres que celui du domaine scientifique, sont encore difficiles d’accès aux femmes. C’est le cas du monde des échecs, avec seulement 17% de femmes (en France). En tant que présidente de l’Échiquier grenoblois, et ancienne présidente de l’association Échecs&Mixte !, je tente de faire évoluer les choses. Ma nomination en juin 2021 à la présidence de la commission “mixité” de la Fédération Française des Échecs est un pas dans la bonne direction. Les esprits valent ce qu’ils exigent. »