Dans l'île de Hiw (Vanuatu), cette communauté de tradition orale découvre sa langue écrite pour la première fois, dans un livre d'apprentissage créé en 2011 © Alexandre François/CNRS

Projet HéLiCéO

Comprendre la diversité des langues et leur transmission en contexte plurilingue

Impact :

L’étude du langage, faculté essentielle à l'humanité, réclame d'analyser les langues dans leur diversité. L'Océanie, avec ses 1300 langues – dont beaucoup sont menacées d'extinction – représente 20 % de cette diversité. Le projet HéLiCéO vise à comprendre comment cette mosaïque linguistique s’est développée historiquement, au fil des migrations et des rencontres entre populations, donnant naissance au paysage plurilingue que l’on observe aujourd’hui.
Étudier les langues océaniennes, c’est comprendre ce qui les rend uniques, tout en les situant parmi les tendances universelles du langage. Elles se sont développées dans des sociétés de tradition orale, où le plurilinguisme se transmet, encore aujourd’hui, dès la petite enfance.
Face aux pressions économiques et au défi de la mondialisation, ces langues sont aujourd’hui fragilisées ; HéLiCéO veut contribuer à définir leur place, dans une francophonie respectueuse de la diversité culturelle. En impliquant des jeunes chercheurs locaux, le projet formera une nouvelle génération de spécialistes. En consolidant les identités culturelles, ces recherches promeuvent le vivre-ensemble, enjeu socio-politique crucial dans la région indopacifique.

 Verrous à lever :

Étudier des cultures minorisées implique un dilemme entre la libre diffusion des connaissances et le respect des savoirs autochtones ; mais les liens tissés entre l’équipe d’HéLiCéO et les communautés locales aideront à trouver un point d’équilibre.
Un autre défi est le vaste nombre de langues à documenter – plusieurs centaines. Sur ce point, les responsables s’appuieront sur leur expérience du terrain ; des protocoles méthodologiques innovants permettront d’échantillonner les langues les plus représentatives.

Risques :

L’exode des jeunes générations vers les villes implique un déracinement : pour certaines langues, les locuteurs natifs sont peu nombreux, et plus difficiles à identifier. La collaboration avec les partenaires locaux, et notamment avec les universités du Pacifique, permettra d’identifier les acteurs clefs pour chaque région, détenteurs des savoirs linguistiques et culturels les plus précieux.

 Potentiel d’innovation :

HéLiCéO développera plusieurs innovations, notamment de nouveaux protocoles d’enquête linguistique et psycholinguistique. Des ressources numériques seront créées pour l’étude et la promotion des langues océaniennes, comme des grammaires, dictionnaires et corpus de littérature orale. Des bases de données comparatives seront établies pour situer ces langues dans un contexte universel, ou pour reconstituer leurs évolutions historiques. Enfin, des documents de synthèse, intégrant des approches éducatives, cognitives et anthropologiques, serviront à inspirer de nouvelles pratiques pédagogiques, et à renouveler les politiques linguistiques et éducatives en Outre-mer.

Porteurs

  • Jacques Vernaudon, professeur à l'Université de la Polynésie française, Maison des Sciences de l'Homme du Pacifique (MSH-P - CNRS/Université de la Polynésie française)
  • Alejandrina Cristia, directrice de recherche CNRS, Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique (LSCP - CNRS/EHESS/ENS - PSL)
  • Alexandre François, directeur de recherche CNRS, Langues, Textes, Traitements informatiques, Cognition (LATTICE - CNRS/ENS - PSL/ Université Sorbonne Nouvelle)
  • Marie Salaun, professeure à l'Université Paris Cité, Unité de recherche Migrations et Société (URMIS - CNRS/IRD/ Université Côte d'Azur/ Université Paris Cité)