« La recherche renforce l’intégration européenne »

Institutionnel

À l’occasion des élections européennes du 9 juin, Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, fait le point sur les enjeux du scrutin pour l’Europe de la recherche.

Le 9 juin prochain, l’ensemble des citoyennes et citoyens européens seront appelés à renouveler le Parlement européen. Les décisions prises à l’échelle européenne ont un véritable impact dans notre vie quotidienne, dans tous les domaines y compris celui de la recherche.

À l’heure où le dixième programme-cadre de l’Union européenne pour la Recherche et l’Innovation (FP 10 – 10th Framework Program) – qui succèdera à Horizon Europe – est déjà en cours d’élaboration et sera voté par la nouvelle assemblée parlementaire européenne, il faut, en effet, souligner l’importance des financements européens dans le soutien à la recherche et à l’innovation. Ils sont une part importante de notre capacité collective à apporter des réponses scientifiques aux grands enjeux de notre temps : réchauffement climatique, biodiversité, accès aux ressources, etc.

Les organismes de recherche européens et les universités l’ont bien compris, se structurant année après année pour peser dans les cercles de décision bruxellois. Avec son Bureau de Bruxelles, au sein de la Maison Irène et Frédéric Joliot-Curie, plateforme des acteurs français de la recherche, de l’innovation et de l’enseignement supérieur ou encore via les avis conjoints publiés dans le cadre des réflexions auxquels il participe au sein du G6 recherche (regroupant les six organismes phares de la recherche européenne), le CNRS prend pleinement sa part dans l’élaboration de chaque programme-cadre, aujourd’hui incontournables.

C’est d’autant plus stratégique que la France, troisième pays hôte des bourses octroyées par l’European Research Council (ERC) derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne, performance qui a conduit notre pays à célébrer, il y a deux ans, les plus de 1500 projets de recherche exploratoires financés par l’Europe. Ce financement bénéficie substantiellement au CNRS, principale institution hôte des projets accueillis par la France et employeur de plus de la moitié des lauréates et lauréats de ces bourses d’excellence ERC.

L’Europe, ce sont aussi des infrastructures de recherche partagées, piliers essentiels de notre stratégie, de notre souveraineté scientifique et de la recherche collaborative. Dotées de budgets importants, les infrastructures de recherche permettent la mise en commun d’expertises techniques et méthodologiques de haut niveau pour des instruments uniques qui irriguent et accueillent la recherche de pointe sur un temps long. Ces infrastructures sont aussi un élément d’attractivité pour l’Europe et l’ancrent dans le concert des places fortes de la recherche internationale. Elles contribuent à la diplomatie scientifique, quand les dossiers de politique étrangère requièrent des éclairages de la science ou quand les relations scientifiques contribuent à renforcer des relations entre les États. En cela, la recherche contribue également au renforcement de l’intégration européenne.

L’Europe est aussi un lieu d’échanges sur les grandes problématiques transverses à la recherche, comme celle, essentielle, de la place des femmes. Le CNRS s’est ainsi vu remettre récemment, par Iliana Ivanova, Commissaire européenne à l’innovation, la recherche, la culture, l’éducation et la jeunesse, le Prix européen de l’égalité entre les femmes et les hommes pour notre action, entreprise depuis vingt ans en faveur de la promotion des femmes en science. Ce prix, créé en 2023, illustre que les lignes bougent à l’échelle européenne et que, notamment dans le domaine de la recherche et de l’innovation, la volonté collective d’améliorer nos sociétés est grande et partagée.

Le scrutin du 9 juin est donc loin d’être secondaire. C’est celui qui engagera les prochaines orientations d’une politique européenne de la recherche pour l’avenir et qu’il convient, au regard des défis qui se dressent devant nous, de rendre plus ambitieuse encore.