Le CNRS présent aux premières Assises franco-mexicaines pour la Recherche et l’Enseignement supérieur

Institutionnel

Les 27 et 28 mars 2023, la France et le Mexique vont échanger sur leurs relations scientifiques passées et à venir. Plusieurs représentants de haut niveau du CNRS participent à cette rencontre inédite.

Plus de 1200 missions scientifiques par an, 3000 étudiants mexicains en France et 2000 étudiants français au Mexique. « Le Mexique est le partenaire important et privilégié de la France en Amérique latine. », assure Florian Monnier, attaché pour la science et la technologie à l’Ambassade de France au Mexique. Pour renforcer les liens entre les deux pays sur le plan scientifique et académique, l’Ambassade de France au Mexique et l’Association nationale des universités et établissements de l’Enseignement supérieur (ANUIES) mexicaine ont souhaité organiser les premières Assises franco-mexicaines pour la Recherche et l’Enseignement supérieur.

Un terreau fertile

Ces Assises  auront  lieu à Mexico les 27 et 28 mars 2023. L’occasion d’aborder les nombreux changements opérés des deux côtés de l’Atlantique ces dernières années : nouvelles possibilités de mobilité pour les étudiants, évolution du Comité ECOS Nord (voir encadré), création de nouvelles universités et de pôles d’excellence en France, construction d’un Espace européen de la Recherche et de l’Enseignement supérieur… « Il est aussi de plus en plus évident que les grands défis contemporains ne pourront être relevés sans une coopération scientifique et académique internationale », ajoute Florian Monnier.

Graphe montrant le CNRS comme première institution étrangère en termes de copublications avec le Mexique

Une centaine de représentants d’universités mexicaines et de participants français sont donc attendus à ces rencontres de haut niveau pour « réfléchir, faire un état des lieux de nos coopérations, mais aussi se projeter dans l’avenir ». La science profite en effet « du terreau fertile des bonnes relations entre la France et le Mexique ». D'après une analyse de la Direction Europe et international du CNRS, la France est ainsi le 4ème pays partenaire du Mexique en termes de copublications scientifiques, ce dernier étant le deuxième producteur de publications scientifiques de l’Amérique latine derrière le Brésil.

« Après quelques années de Covid-19, la visite de la délégation du CNRS a pour but de consolider et renforcer nos collaborations avec les institutions du Mexique qui est un des grands pays scientifiques de l’Amérique latine. », confirme Alain Schuhl, directeur général délégué à la science du CNRS, qui participera à une table-ronde sur les priorités scientifiques et dimensions interdisciplinaires de la coopération franco-mexicaine pendant les Assises. Il sera accompagné d’une délégation du CNRS composée de Christelle Roy, directrice de l’Europe et international, – laquelle interviendra à une table-ronde sur la mobilité scientifique –  de son adjoint Jean Thèves, et de Sylvette Tourmente, directrice du Bureau du CNRS à Washington qui couvre à la fois les États-Unis et le Mexique – qui interviendra dans un atelier sur les réseaux internationaux de la recherche. À l’image de la visite d’une importante délégation du CNRS au Brésil mi-mars, les Assises sont donc aussi l’occasion de venir « soutenir nos projets et laboratoires communs » et « prospecter les nouveaux sujets possibles de collaboration », précise le directeur délégué.

Des rencontres pour préparer l’avenir

Plusieurs moments d’échange sont ainsi prévus en marge des Assises, par exemple avec l’Institut Polytechnique National ou avec la Universidad Nacional Autónoma de Mexico (UNAM), plus grande université mexicaine avec plus de 300 000 étudiants et un budget de 2,4 milliards d’euros en 2022. Partenaire majeur du CNRS qui est en retour son premier partenaire étranger, la UNAM soutient plusieurs dispositifs de coopération internationale du CNRS parmi la douzaine présente au Mexique (voir encadré).

En particulier, l’International Research Laboratory Solomon Lefschetz (IRL LaSoL) couvre l’ensemble des domaines des mathématiques et leurs interactions. Il s’était par exemple fortement impliqué pour produire des modèles mathématiques de la pandémie de Covid-19 dans le pays. Il coopère avec d’autres International Research Laboratories en Amérique du Sud et en Arizona, qui possède des caractéristiques environnementales et climatiques proches du Mexique et où le CNRS a lancé un International Research Center en 2021.

Des dispositifs de coopération internationale efficaces

« Le CNRS a une présence importante au Mexique en termes de collaborations », affirme Sylvette Tourmente, directrice du Bureau du CNRS à Washington : deux International Research Laboratories, en mathématiques et en sciences humaines et sociales – ce dernier sous la forme d’une unité mixte des instituts français à l’étranger (UMIFRE) en collaboration avec le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères –, 5 International Research Projects, 4 International Research Networks et 2 International Emerging Actions (IEA). Le CNRS participe aussi, à travers ses laboratoires, au programme ECOS. Si les trois autres grands organismes de recherche français implantés au Mexique – IRD, Cirad et Inserm – disposent également d’outils de structuration de la recherche, cette palette de dispositifs du CNRS, chacun avec ses objectifs, permet une souplesse et un dynamisme fort dans les collaborations entre les deux pays.

La délégation du CNRS rencontrera aussi les équipes locales de deux International Research Projects du CNRS au Mexique. BioPhysImmuno travaille sur la biophysique de la réponse immunitaire lors des interactions entre cellules immunitaires et cellules partenaires, dans la fibrose et le cancer. Ce projet fait partie du laboratoire national LaNSBioDyT1 , soutenu par le Conacyt2  et la UNAM, dans le cadre des priorités du gouvernement mexicain. Il s’attache en particulier à former les scientifiques sur les techniques complémentaires utilisées en France et au Mexique.

Financé par la UNAM et le CNRS, ERIDANUS3  vise quant à lui à établir une collaboration scientifique autour des observations que le nouveau télescope robotique Colibri, développé conjointement par la France et le Mexique, pourra mener du ciel profond et de l’univers transitoire (sursauts gamma, supernovae, ondes gravitationnelles, neutrinos, etc.), après son installation fin 2023 dans l’État mexicain de Basse-Californie. Cet International Research Project implique environ 50 à 60 chercheurs et étudiants français et mexicains, dont William Lee, vice-président Recherche de la UNAM, qui accompagnera la délégation du CNRS.

Groupe
Les scientifiques de l'International Research Laboratory LaSol avec leur directeur, Geronimo Uribe Bravo, au centre. © CNRS

Dernière rencontre prévue : le Centre d’études mexicaines centraméricaines, unité mixte des instituts français à l’étranger (UMIFRE) pilotée par le CNRS, le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et l’Université Paris Cité. Né suite à un accord signé en 1961 entre les gouvernements français et mexicain, il mène aujourd’hui des recherches sur toute l’Amérique centrale et l’ensemble des sciences humaines et sociales.

Enfin, les représentants du CNRS échangeront avec l’Ambassade de France sur la mise en place possible de nouveaux dispositifs de coopération, afin de renforcer les projets existants ou des projets naissants que le CNRS souhaite soutenir. « Ces outils de coopération nous permettent de mener une véritable politique scientifique et montrent tout le dynamisme de nos collaborations avec le Mexique, que nous souhaitons renforcer. », conclut Alain Schuhl.

  • 1Laboratorio nacional de soluciones biomiméticas para dianostico y terapia.
  • 2Le Conseil national de la science et la technologie (Conacyt) est la principale agence de financement du pays. Elle gère 27 centres de recherche avec un budget de près d’1,3 milliard d’euros en 2022.
  • 3ExploRIng the Deep and traNsient UniverSe.

Le programme ECOS

Sous tutelle du Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le programme « Évaluation-orientation de la coopération scientifique » (ECOS) vise à structurer des collaborations émergentes entre scientifiques français et issus de l’Amérique hispanophone. En particulier, ECOS Nord couvre le Mexique – où il est appuyé par le Conacyt et l’ANUIES –, la Colombie, le Venezuela et le Pérou. Créé en 1992, il permet pendant 4 ans la mobilité de chercheurs et chercheuses, à partir du niveau du doctorat, pour des missions de courte durée dans les deux pays. Une dizaine de projets est sélectionnée chaque année, dans tous les champs de la connaissance. « Nous souhaitons aujourd’hui soutenir davantage de projets interdisciplinaires avec ce dispositif, qui permet d’initier des collaborations de qualité. », annonce Florian Monnier, attaché pour la science et la technologie à l’Ambassade de France au Mexique.