Le forum Esof accueille la science européenne à Toulouse

Institutionnel

Pour la première fois depuis sa création en 2004, l’EuroScience Open Forum (Esof) aura lieu cet été en France, à Toulouse. Gros plan sur la 8e édition de la plus grande rencontre interdisciplinaire sur la science et l’innovation en Europe.

Du 9 au 14 juillet prochain, la communauté scientifique européenne a rendez-vous à Toulouse. Deux ans après Manchester, c’est en effet la Ville rose qui a été choisie pour accueillir l’EuroScience Open Forum (Esof), la plus grande manifestation du continent européen consacrée à la science et à l’innovation. Une semaine durant laquelle chercheurs, journalistes scientifiques, politiques, industriels vont échanger et confronter leurs points de vue sur les relations entre science et société, la place de l’innovation ou encore les politiques de la recherche. « Le cadre européen est plus adapté que les cadres nationaux, estime Martin Andler, membre du Laboratoire de mathématiques de Versailles1 et vice-président d’Euroscience, l’organisation fondatrice de l’Esof. C’est la bonne échelle pour poser la question de la place de la science dans la société ou pour discuter de certains problèmes posés par l’application de la recherche fondamentale. »

Un forum interdisciplinaire

Avec des acteurs scientifiques de plus de 80 nationalités, allant du junior au plus expérimenté, l’Esof s’apprête à faire la part belle à l’échange en valorisant les notions de forum et d’interdisciplinarité. « Dans chaque Esof, il y a des rencontres entre disciplines qui se font et c’est une satisfaction de se dire que l’on a participé à ce creuset interdisciplinaire », témoigne la biologiste Anne Cambon-Thomsen, directrice de recherche émérite au CNRS et organisatrice de l’Esof. Les 180 sessions organisées durant les 5 jours et demi du forum – dont le CNRS, présent sur le pavillon France, est partenaire – promettent d’attirer les foules. Les thématiques ont en effet été sélectionnées afin de refléter l’actualité scientifique, sociale et politique, de l’intelligence artificielle à la santé en passant par l’environnement ou l’intégrité scientifique. Parmi les grandes conférences plénières, notons celle consacrée aux humanités numériques ou encore celle de John Ioannidis, auteur du célèbre article « Why Most Published Research Findings are False »2 . Le panel sur les sciences de l’espace devrait attirer l’attention toulousaine, tout comme celui sur les enjeux climatiques, modéré par Jean Jouzel, médaille d’or du CNRS, où interviendra la chercheuse américaine Camille Parmesan, sélectionnée dans le cadre de l’appel « Make our planet great again ». Les sessions programmées sur le thème de l’open science promettent également des débats animés. « Les chercheurs ont l’occasion d’assister à des sessions pouvant leur proposer des ouvertures, des liens entre ce qu’ils font et d’autres domaines », relève Martin Andler.

Véritable lieu d’échange, l’Esof sera aussi l’occasion pour la communauté scientifique de s’exprimer sur la préparation du FP9, le prochain programme-cadre pour la recherche et l’innovation de la Commission européenne. « L’idée est qu’Esof soit un lieu de discussions sur la proposition FP9, qui sera rendue publique en juin avant de passer vers les autres institutions européennes, explique Anne Cambon-Thomsen. C’est un souhait de la Commission européenne. Il y aura des plateformes de discussions, de grands panels pléniers avec l’intervention du commissaire européen à la Recherche, à l’Innovation et à la Science, Carlos Moedas. »

Selon Martin Andler et Anne Cambon-Thomsen, « l’Esof représente vraiment la possibilité pour les chercheurs de faire entendre leur voix sur la place de la science en Europe, ce qui est bien nécessaire ».

Le monde économique aura également sa place avec le programme « Science to business » ainsi que le village des entreprises, présent dans l’exposition du forum. « Pour les entreprises, c’est extrêmement intéressant de présenter leurs activités à ce public très varié qui n’est pas le public habituel d’un évènement scientifique », renchérit la biologiste.

Un programme sur les carrières, imaginé pour les 30 à 40 % de participants à l’orée de leur parcours scientifique, fait également partie intégrante de l’Esof. Outre les sessions dédiées, des espaces d’exposition et des informations sur des programmes de mobilité ou d’accueil s’adressent à eux. Rencontrer des doctorants ou post-doctorants d’autres pays et d’autres disciplines et partager leurs expériences est l'un des intérêts de l’événement. Par ailleurs, une branche particulière du forum, intitulée Yesof (Esof de la jeunesse), mettra en lumière des initiatives développées par des jeunes scolaires en interaction avec des chercheurs.

Toulouse, ville européenne de la science

Souhaitée depuis plusieurs années, la tenue de ce forum en France porte un coup de projecteur sur la recherche française, hôte de la recherche européenne. « C’est un privilège d’accueillir ce forum avec tout ce qu’il draine de personnalités scientifiques. C’est une possibilité d’échange dans un cadre international et une opportunité de visibilité de ce qui se fait en science en France et dans la région », souligne Anne Cambon-Thomsen.

L’attribution du lieu d’accueil de l’évènement dans la Ville rose s’est accompagnée de la labellisation de Toulouse comme « Cité européenne de la science 2018 », suscitant une formidable dynamique. Plus de 170 évènements destinés à des publics divers ont ainsi été labellisés, comme les 50 ans du Laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes (LAAS) du CNRS, ou encore le congrès Optic 2018, qui attend plus de 650 participants.

« Il n’est pas question de faire de la science et ensuite d’adopter la position du savant qui transmet au public. Nous allons vers quelque chose de beaucoup plus participatif », souligne Martin Andler. En parallèle du forum professionnel, l’Esof s’invite en effet dans la ville avec de nombreuses manifestations interactives destinées au grand public, prévues dans le cadre du festival « Science in the city », du 7 au 15 juillet et auxquelles participent de nombreux laboratoires du CNRS. Entre balade géologique dans la ville et spectacle en couleurs de chimie, le rendez-vous est pris.

Plus d’informations sur les manifestations liées à l’Esof sur le site de la délégation du CNRS en Midi-Pyrénées

  • 1Unité CNRS/Université Versailles-Saint-Quentin.
  • 2Publié dans la revue PlosOne en août 2005.

Le CNRS prend ses quartiers à Toulouse

En préambule, et dans la dynamique de l’Esof 2018, le CNRS organise plusieurs manifestations au Théâtre national de Toulouse. Le 13 juin, le Forum des nouvelles initiatives en médiation scientifique3 se tiendra toute la journée avant de laisser place, en soirée, au célèbre concours « Ma thèse en 180 secondes », organisé avec la Conférence des présidents d’université. Durant cette soirée, les doctorants rivaliseront d’une éloquence toute scientifique pour présenter en trois minutes leur sujet de recherche. Les 15 et 16 juin, c’est au tour du Forum du CNRS « Que reste-t-il à découvrir ? » de se tenir pour un moment d’échanges et de débats entre scientifiques et grand public. À cette occasion, celui-ci sera convié à se joindre à des expériences de sciences participatives et à découvrir de nouvelles technologies au cours de démonstrations.

  • 3En partenariat avec la Conférence des présidents d’université et avec le soutien de l’Université fédérale de Toulouse.

 

Laurence Stenvot